Le jeudi 2 mai 2013, Madame Marie-Arlette Carlotti, Ministre déléguée chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, a annoncé le lancement du troisième plan autisme. Dans son discours, la Ministre a rappelé l’immense retard dans notre pays concernant la prise en charge des personnes atteintes d’autisme et a résumé les axes majeurs du plan : le dépistage et le diagnostic précoce, le soutien des familles, la recherche et la formation des professionnels. Sur ces dispositions, tous les professionnels accompagnant les personnes avec autismes sont unanimes.
Mais là où le plan a divisé, c’est lorsque la Ministre a évoqué que les pratiques professionnelles se devaient de suivre les recommandations élaborées par la Haute Autorité de Santé (HAS) : « parce qu’elles font l’objet d’un consensus, elles seront une référence pour l’ensemble des professionnels ». Or ces recommandations précisent que les approches psychanalytiques ne font pas partie des interventions pertinentes, la psychanalyse n’ayant pas fait la preuve de son efficacité pour le traitement de l’autisme. La HAS préconisant alors une approche comportementale. Le problème, c’est qu’en France, la très grande majorité des professionnels intervenant auprès des personnes avec autisme ont reçu une formation qui s'inspire justement de la théorie freudienne. Ces soignants ont un langage commun qui leur permet d'appréhender les comportements des personnes qu'ils prennent en charge. Or le "langage" de l'approche comportementale est radicalement différent de celui tenu par les théories psychanalytiques. Ce 3ème plan autisme implique donc non seulement une formation de masse des professionnels, une réforme des enseignements, mais surtout un changement dans la façon dont est considéré le handicap dans notre pays.
Alors lorsque Madame Marie-Arlette Carlotti a annoncé que la profession allait devoir se soumettre aux recommandations de la HAS et donc changer radicalement sa façon de travailler, cela a eu l'effet d'une bombe… En réaction à cette annonce, des pédopsychiatres s’insurgeant contre un point de vue comportemental exclusif, ont mis sur pied le 1er juin un appel à signature dénonçant le positionnement de la Ministre. À leur tour, les associations de famille, se réclamant des approches comportementales, ont également lancé une pétition de soutien pour défendre les orientations du plan autisme et pour l’application des recommandations de la HAS…
La guerre est déclarée.
Nous n’entrerons pas ici dans le détail de ce débat théorique difficile entre les approches d’inspiration psychanalytiques et les approches comportementales. Ce qui paraît important, ce n’est pas l’éradication de l’une ou l’autre de ces deux approches, mais la possibilité pour les parents d’enfants atteints d’autisme de choisir ce qu’ils pensent être le mieux pour leur enfant. Or, encore aujourd’hui en France, la majorité des établissements psychiatriques et médico-sociaux ne proposent qu’une prise en charge d’inspiration psychanalytique. Les parents voulant une prise en charge comportementale de qualité pour leurs enfants doivent bien souvent payer de leur poche.
Comme l’indique Danièle Langloys, Présidente de l’association Autisme France, « les parents sont des usagers du système de santé et des services et établissements médico-sociaux. Ils ont donc droit au respect de la loi de 2002 garantissant leurs droits en la matière. Le libre choix des prestations y est affirmé. Ce sont ainsi les familles qui doivent choisir les programmes d'apprentissage et les formes d'éducation qui leur paraissent convenir à leurs enfants autistes, avec le soutien de professionnels compétents et formés, soucieux de partager savoirs et savoir-faire avec elles ».