De nouvelles données en faveur de la parité hommes-femmes

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C’est sur Mars que résident les hommes. Ces habitants ont confiance en eux. Ils sont à l’aise dans les domaines scientifiques et en particulier les mathématiques. Ils ont un excellent sens de l’orientation, ils aiment le sport et sont attirés par l’alcool, les drogues, le jeu et le sexe. Ils ont des difficultés à réaliser deux tâches simultanément, sont d’excellents meneurs d’équipes et présentent une grande résistance émotionnelle.

Sur Vénus, résident les femmes. Elles font preuve d’une grande qualité d’écoute et sont pleines d’empathie vis-à-vis de leurs congénères. Elles excellent en cuisine et savent très bien parler aux enfants. Elles attachent beaucoup d’importance à leur indice de masse corporelle et présentent une grande sensibilité émotionnelle. Les habitantes de Vénus sont également très bien soignées, elles sont ordonnées et n’oublient jamais où sont rangées leurs affaires.

Ces quelques stéréotypes sont diffusés le plus souvent par certains livres, la presse populaire et bien d’autres médias. Ils sont confortables à utiliser car ils permettent de faire l’économie d’une réflexion plus poussée. Mais peut-on objectivement classer les hommes et les femmes selon des critères psychologiques, comme semble l’affirmer John Gray dans son livre Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus ?

Des chercheurs ont tenté de répondre à cette question à travers une étude publiée très récemment dans le Journal of Personality and Social Psychology (1). L’objectif de cette recherche était de déterminer si l’on pouvait prédire le sexe d’un individu uniquement à partir de ses caractéristiques psychologiques. En d’autres termes, est-ce qu’un critère psychologique peut être attribué spécifiquement à l’une ou l’autre des deux catégories du genre ? Après traitement statistique de données récoltées chez 13 000 personnes, il apparaît que seules des descriptions physiques permettent de déterminer le sexe d’un individu : sa taille, sa force ou la largeur de ses épaules par exemple. Et au contraire, la variable psychologique ne serait pas significative pour classer les deux sexes : statistiquement, nous ne pouvons prédire le sexe d’une personne très empathique par exemple.

L’étude suggère donc que les hommes et les femmes ne peuvent pas être considérés comme venant de deux planètes distinctes. Il n’y aurait au contraire qu’une seule catégorie d’individus, les terriens, à l’intérieure de laquelle chacun développerait ses propres caractéristiques à des degrés différents. Il s’agirait donc d’appréhender non plus les a priori catégoriels entre hommes et femmes, mais de porter son attention sur les seules différences individuelles.

 B. F. Skinner (2), un psychologue américain en avance sur son temps, proposait déjà une telle analyse lorsqu’il s’exprimait sur la condition des femmes :

« Il y a, aujourd’hui, peu de cultures où les droits des femmes sont respectés. Les Etats-Unis sont l’une des trois ou quatre nations qui ont fait quelques progrès. Pourtant, très peu de femmes y jouissent de l’indépendance économique et de la liberté culturelle des hommes. (…) Est-ce étonnant qu’elles soient bientôt désillusionnées ? Le remède courant est de ranimer les sentiments qui ont fait fonctionner le système par le passé. On dit à la bonne épouse de considérer comme un honneur et un privilège de travailler à la cuisine, de surveiller les enfants. On lui fait croire qu’elle tient entre ses mains le bonheur et la santé de son mari et de ses enfants. C’est le traitement courant de la femme au foyer névrosée : la réconcilier avec son sort ! (…) Mais il n’y a pas de raison de croire que quelqu’un est nécessaire à quiconque. Chacun de nous devrait être nécessaire en tant que personne dans la mesure où il serait aimé en tant que personne. »

 

(1) Reis, H. et Carother, B. (2013). Men and women are from Earth: Examining the latent structure of gender. Journal of Personality and Social Psychology, 104(2) : 385-407.

(2) Skinner, B. F. (1948). Walden 2. Paris : In Press.