La tradition bistrotière parisienne toujours bien vivante

Paris sans ses bistrots ce serait un peu comme Londres sans ses pubs, Madrid sans ses bars à tapas et Rome sans ses églises. Où irait-on communier autour d'un plat simple et familial, où pourrait-on célébrer les vins de copains, où irions nous philosopher ?

Loin de disparaître dans la tourmente d'une époque qui efface ses repères sous une avalanche de produits alimentaires industrialisés, certains bistrots sont des lieux de résistance face au grand n'importe quoi consumériste. Pour les découvrir, il faut avoir du nez, ou plutôt du pif, du palais et le sens du populaire.
On le sait, Paris doit tout aux Aveyronnais et aux Auvergnats. Sans eux, point de zinc ! Et si l'on peut compter sur les Bretons pour faire des crêpes à Montparnasse, sur les Alsaciens pour monter la choucroute sur plateau dans des brasseries larges comme la plaine (d'Alsace), sur les basques pour enrichir le paysage de quelques bodegas, on peut, les yeux fermés et le bec ouvert, compter sur les natifs de Saint-Flour et d'Aurillac, voir de Rodez et de Laguiole, pour ramener dans leurs musettes les jambons, saucisses sèches, fricandeaux, farçoux, tripoux et choux farcis, sans oublier un cortège de pâtes pressées ou persillées qui entrent dans notre panthéon fromager : cantal, salers, fourme d'Ambert, saint-nectair, bleu d'Auvergne, sans oublier les gaperon et cabecou à croûte fleurie...

Cette histoire, débutée au 19éme siècle, est toujours bien vivante, même si le dernier vrai bougnat (vins et charbon) de la rue Emile-Lepeu dans le 11éme arrondissement a fermé ses portes, il y a peu, l'envie du bistrot n'a pas disparue. La preuve au Mimosa Café, établissement ouvert pendant l'été 2013, rue du Pont Neuf, à deux pas des Halles.
Gaëtan Milvaque et Gaël Veyrond sont les patrons du lieu, un ancien café parisien dont ils ont su habilement garder le jus des anciens formicas et du carrelage, pour en faire un espace qui marie avec bonheur objets tendances - petite télé design au-dessus du bar - et ambiance tradition, le lettrage rouge et jaune des inscriptions sur le miroir derrière le Zinc ou encore les banquettes en skaï rouge.
Dans le droit fil de la saga, Gaëtan et Gaël viennent d'Auvergne, de Saint-Flour et d'Aurillac. Ils sont “montés” à la capitale dans les années 90 avec l'idée de faire leur chemin dans la restauration et la limonade. Ils seront garçons de café, serveurs. Avec le temps et de l'ardeur, ils deviennent responsables de salle, puis ils prendront une gérance libre, puis deux, pour finir par être propriétaires de leurs propres établissements.
De Paris et ses cafés, brasseries, bars de nuit, bistrots, ils connaissent tout. Ils savent ce qui marche, ce qui ne marche pas, ils respirent le métier. Et c'est un bonheur que d'être pris en main par de vrais professionnels. Pas de bluff, pas de “à la manière de”, juste un savoir faire, avec des prestations sérieuses facturées de façon raisonnable.
Ils savent que pour faire de la bonne cuisine il faut de bons produits cuisinés par un chef qui saura les mettre en valeur avec simplicité et modestie. c'est ce que s'applique à réaliser chaque jour Marco Faujour, ancien de Potel & Chabot. Ses cuissons sont précises, un carré d'agneau demandé rosé arrive croustillant et doré, saisi, mais fondant à cœur et parfaitement rosé comme exigé. Les pavés de cabillaud (13€) en plat du jour, servis avec une purée de panais nourrie d'un beurre mendiant (fruits secs, pistaches, noix, raisins, abricots) sortaient tous de la cuisine idéalement monté en température. Les portions sont généreuses, les prix sages (formule du midi à 15,90€).Quelques vins au verre dont un excellent côte du Rhône domaine des Nymphes (5€). Les classiques sont à la carte : poireaux mimosa (7€), aiguillettes de poulet croustillantes, sauce tartare et frites maison (14€), pièce de bœuf grillé, salades copieuses à (14€)...
Voilà de quoi continuer à aimer les bistrots.

Adresse : Mimosa café - 27 Rue du Pont Neuf, 75001 Paris - Tél : ‎01 40 26 30 74

Publié par menardjp / Catégories : Actu