Pas simple d’écrire ces jours derniers sur le simple plaisir de la gourmandise. Trop de choses sur le cœur, trop d’écœurement et de dégout : les tueries, même petites, même du dimanche, voyez-vous, ça passait mal.
Aussi plutôt qu’écrire cette chronique, comme j’aurai dû, je suis parti à la manif. La tête et le ventre vide. Et puis, le temps était beau, les gens aussi. Beaucoup de sourires, de complicité, d’envie d’être ensemble. Alors, je marchais avenue de la République, au milieu du fleuve, dans le cœur du lit, poussé par le courant des pensées, les miennes et celles des autres Charlie… Et puis, à un carrefour, une baraque à frites, garée là sur le trottoir.
Sur la camionnette, des ampoules en guirlandes, comme des lampions, une lumière de fête et une belle odeur de grillades ! Un appel irrésistible, celui de la bonne frite Républicaine, celle de tous les rassemblements, tellement française, tellement œcuménique, sainte et laïque à la fois. Pas le moment ? Et puis zut, si la gourmandise revient… Et hop, barquette en main, je reprenais le fil de la marche, avec quelque chose en plus : la frite !
Voilà, la vie est là, me disais-je, de ce côté des bonheurs simples, comme de manger une petite frite croustillante, de boire un demi, de lire Charlie hebdo, le matin dans un café. N’oublions pas, ces petites choses… Rire d’un dessin, ça n’avait l’air de rien, on avait oublié… Quand ces bonheurs disparaissent, il nous reste à nous mordre les doigts de les avoir négligés. Je lirai Charlie dans un café mercredi prochain, un verre de beaujolais aux lèvres. La vigueur républicaine passe par ce genre de régime : à votre santé !