Plats lyophilisés : est-ce que c’est bon ?

Avec le retour de la belle saison, des grands week-ends et des vacances d’été, les amateurs de grandes randonnées, de traversées océaniques, de trekkings extrêmes commencent à remplir leur sac à dos. Avec, pour certains, des plats lyophilisés qu’ils réchaufferont à 2 000 mètres d’altitude, au cœur d’une tempête atlantique ou d’une forêt tropicale. Sont-ils obligatoirement voués à une pitance non identifiable ? Pas si sûr, les progrès sont notables dans le domaine de l’alimentation : tour d’horizon !

Il n’y a pas si longtemps, quatre ans à peine, les marins, les montagnards, les glaciologues, les aventuriers de tout poil et tout terrain, tordaient le nez au-dessus de leur gamelle. A l’heure du déjeuner, une autre aventure commençait : se nourrir, sans plaisir… Sinistre pensée.
L’offre de produits lyophilisés était singulièrement pauvre. Ariane Pershon le savait bien, depuis plusieurs années, elle fournissait les marins des courses transatlantiques, comme les spécialistes du trekking en Himalaya, et le retour des clients n’était pas fameux.
Pour changer les choses et régaler son monde, Arian Pershon décide de prendre les choses en main. En 2010, elle crée Saveurs & Logistic, et lyophilis.com, une plateforme en mesure de centraliser des produits venus des quatre coins du monde. Tout ce qui se produit en matière de repas appertisés, auto-chauffants et lyophilisés est alors testé par Ariane et son équipe de gouteurs constituée de sportifs, de marins et d’aventuriers. Très vite, le succès est au rendez-vous, l’entreprise d’Ariane Pershon devient leader sur le marché français.

Des ados (difficiles, forcément) les testent !

Aujourd’hui, 450 produits sont proposés à la vente. Il était indispensable de les évaluer. Et c’est au jury le plus intransigeant qui soit, cinq adolescents aux idées bien arrêtées et très différentes les unes des autres, que ces plats ont été présentés.
Parmi ces jeunes inspecteurs, certains ne peuvent pas approcher un légume vert sans frissonner d’horreur, d’autres au contraire sont bio militants et méprisent dédaigneusement la nourriture industrielle, d’autres encore se moquent assez ouvertement de ce qui est dans leur assiette, la gastronomie étant, vous ne l’ignorez pas, une problématique bourgeoise... Un panel, représentatif en somme…
Deux types de plats s’offraient à leur choix : auto-chauffants ou lyophilisés. Pour la première catégorie, ils pouvaient opter pour un poulet cocotte ou des mini penne et dinde fermière aux légumes du soleil. Le principe de la réaction chimique dégageant une source de chaleur suffisante pour réchauffer un plat les a bluffés. Dans la poche plastique, la sauce “bouillotte”, il faut attendre 12 minutes et c’est prêt. L’odeur du poulet cocotte a immédiatement été jugée “crade”, mais le goût les a convaincus, le poulet était moelleux, les légumes (carottes, petits pois, oignons, pommes de terre) avaient gardé un goût identifiable, la texture en revanche était douteuse. L’ensemble a été noté : “pas mauvais”. Même verdict pour la dinde fermière et les mini penne, avec toutefois un bémol sur les morceaux de viande coupés trop petits et d’une texture sèche et grumeleuse. Loin d’être al dente, les pâtes étaient “juste correctes”, mais le goût de la sauce était ok.
Pour les produits lyophilisés, le menu proposait : brandade de cabillaud, poulet korma et bœuf Stroganoff. Le grand vainqueur fut la brandade puis le poulet korma et le bœuf Stroganoff.
Si la brandade était effectivement gouteuse, bien assaisonnée, réalisée avec des produits de qualité, le poulet korma était en revanche peu et mal équilibré dans ses épices.
Mais bon, il faut - et c’était aussi ce que les ados devaient imaginer - replacer la consommation de ces plats dans un contexte d’isolement, au milieu d’une nature sauvage et déchainée…
Et pour le coup, tout prend une autre saveur. Ayant également profité de l’occasion pour planter ma fourchette dans les assiettes, il est clair que l’on ne peut pas exulter de joie à l’idée de se nourrir de plats lyophilisés, mais la tenue d’ensemble est respectable. Dans un bivouac, à bord d’un voilier, sous une tente, ces plats doivent remonter le moral comme une pendule tout en assurant l’apport nutritionnel indispensable. Mais, je ne crois pas que leur dégustation soit un des sommets émotionnels de ces aventures, qui d’ailleurs ne sont pas vécues pour ce type de plaisir, cela ne nous aura pas échappé.

Adresse : www.lyophilise.fr