Les enjeux de l'élection en Israël 1: Le processus de paix

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Par Charles Enderlin | Publié le 13/03/2015 à 16H45, mis à jour le 13/03/2015 à 18H18

Les élections législatives du 17 mars 2015 sont l'occasion de préciser la position des différents partis sur le processus de paix, toujours au point mort. Le correspondant de France 2 à Jérusalem Charles Enderlin fait le point pour Géopolis.

C’est l’enjeu dont les candidats ne parlent pas et pour une bonne raison. Le public israélien n’y croit pas et ne s’y intéresse pas! 63,5% des personnes interrogées dans le cadre du Peace Index, le sondage réalisé par l’Institut pour la démocratie, considèrent que «quel que soit le parti politique qui formera le prochain gouvernement, le processus de paix avec les Palestiniens n’avancera pas car il n’y a pas de solution aux désaccords entre les parties».

Cela n’empêche pas 61,7% d’estimer qu’il y aura des changements importants dans la politique de colonisation si la liste «union sioniste» du travailliste Yitzhak Herzog et de Tzipi Livni de Kadima, remporte le scrutin. Le budget des implantations pourrait être sérieusement réduit. La plateforme électorale de cette formation de centre gauche prévoit une relance des négociations bilatérales avec l’OLP, selon les principes suivants : démilitarisation de l’État palestinien, retrait sur des frontières définies mais en conservant des blocs de colonies en Cisjordanie. Jérusalem resterait la capitale réunifiée sous la souveraineté d’Israël.

La droite nationaliste, le Likoud et ses alliés religieux, agite comme un chiffon rouge la possible arrivée au pouvoir de Livni, l’ancienne ministre des Affaires étrangères, qui pousse à un accord avec les Palestiniens. Benjamin Netanyahu accuse la gauche de mettre le pays en danger. D’amener Daech, aux portes de Jérusalem, d’être «financée par de l’argent étranger afin de ramener Israël sur les lignes de 1967». Au cours d’un meeting électoral avec des militants, il a promis de ne plus faire de concession aux Palestiniens s’il est réélu. Une prise de position vite démentie par la présidence du Conseil, cela risquait de choquer la communauté internationale.

Sur le terrain, la situation n’est guère encourageante
L’Autorité autonome est au bord de la faillite financière, un processus accéléré par le gouvernement israélien en suspendant le transfert des taxes collectées pour le compte de l’administration palestinienne. A Ramallah, le président Mahmoud Abbas a discrètement fait savoir qu’il ne serait pas mécontent d’une victoire d’Yitzhak Herzog. Craignant un attentat pendant la campagne électorale en Israël, il a veillé à neutraliser le Hamas en Cisjordanie et ses services de police ont arrêté plusieurs dizaines de militants islamistes.

En attendant le résultat du scrutin, le leader palestinien a suspendu l’application de plusieurs résolutions des instances de l’OLP et du Fatah. Dépôt d’une plainte contre Israël auprès de la Cour pénale internationale de La Haye et surtout arrêt de la coopération sécuritaire avec Israël. Cette dernière mesure pourrait forcer l’armée israélienne à occuper de nouveau les villes autonomes palestiniennes. Ce serait le dernier clou dans les accords d’Oslo dont l’Autorité palestinienne est le dernier vestige. Tsahal se prépare activement à cette éventualité. Il y a une dizaine de jours, un grand exercice militaire s’est déroulé répétant ce scénario du pire en Cisjordanie.

L’arrivée au pouvoir du bloc de gauche avec des alliés centristes permettra-t-elle de relancer le processus de paix et d’aboutir à un accord historique avec les Palestiniens? Peut être. En tout cas, il faudra compter sur les militants de la droite nationaliste et les sionistes religieux pour faire le nécessaire et empêcher à tout prix ce qu’ils considèrent comme une trahison.