Selon Benjamin Netanyahu, l’enlèvement des trois jeunes israéliens a été commis par le Hamas. Le Shin Beth a fait savoir que c’était la direction prise par l’enquête. Des dizaines de militants de l’organisation islamiste sont arrêtés en compagnie de membres du Jihad, du Fatah et d’organisations salafistes. A l’heure actuelle la ville d’Hébron et les localités avoisinantes sont bouclées par l’armée. Personne n’y rentre ou en sort. Ce nouveau drame a débuté jeudi soir. Vers 22 heures, Naftali Frenkel, 16 ans, de Nof Ayalon en Israël et Gilad Shaer, 16 ans de la colonie de Talmon, quittent la Yeshiva de la colonie, Kfar Etzion. A la station d‘autostop ils retrouvent Eyal Yifrah, 19 ans, originaire d'Elad, une localité israélienne, lui est étudiant d’une école talmudique d’Hébron. Selon les médias israéliens, 25 minutes plus tard, les standardistes de « Police secours » reçoivent un appel téléphonique. Quelqu’un chuchote : « On est kidnappés ! ». Les policiers croient qu’il s’agit d’une mauvaise plaisanterie et ne font rien. L’alerte n’est donnée que vers trois heures du matin, lorsque les familles, inquiètes, contactent le commissariat. L’armée et le Shin Beth sont informés. A six heures, vendredi matin, commence une gigantesque opération militaire.
Que veut le Hamas?
Deux questions fondamentales se posent : la branche militaire du Hamas a-t-elle décidé de torpiller l’accord conclu par la branche politique avec Mahmoud Abbas ? Depuis Gaza, les chefs de l’organisation démentent tout lien avec l’enlèvement. Étaient-ils informés de l’opération ? Ont-ils donné le feu vert ? Mais,pour le gouvernement israélien,cela ne fait pas de doute et il envisage de nouvelles mesures à l’encontre du Hamas en Cisjordanie.Il est question notamment d’expulser des responsables … à Gaza. Là aussi, la tension monte et l’armée a déployé des batteries anti-missiles dans les localités du sud d’Israël en prévision d’une nouvelle escalade qui paraît inévitable, avec tous les dangers que cela comporte pour la région. A cela, il faut ajouter l’autre crise, gravissime, peut être indirectement à l’origine des derniers événements. La grève de la faim de 150 prisonniers palestiniens détenus par décret administratif, sans procès. Plusieurs dizaines sont hospitalisés et le pronostic vital de certains d’entre eux serait engagé. Le gouvernement israélien envisage de les faire alimenter de force, mais les associations de médecins s’y opposent. Le décès de ces détenus embraserait les territoires palestiniens.
Abbas-Netanyahu
Et puis, que fera Mahmoud Abbas, face à l’effondrement de sa stratégie de réconciliation nationale ? Après un long silence, en dépit des accusations que lui lance Benjamin Netanyahu et la droite israélienne, il a appelé Benjamin Netanyahu. Que ce sont-ils dit? On n'en connaitra probablement pas le contenu réel car, selon les communiqués publiés à Jérusalem et à Ramallah, ce fut un dialogue de sourd.Le Premier ministre israélien aurait demandé la coopération de l'Autorité autonome dans les recherches pour retrouver les disparus (ce qu'elle fait plutôt bien selon Tsahal). Il a répété que le Hamas étant une organisation terroriste ne devait participer au gouvernement palestinien. Abbas a condamné le kidnapping et la violence d'où qu'elle vienne et les violations aux accords commises par Israël.Fatigué, à 79 ans, il vit également un drame familial. Son épouse, gravement malade, vient de subir une importante opération dans un grand hôpital israélien. Il veut quitter la scène politique, et, considérant que le processus de paix a échoué, organiser des élections générales en Palestine d’ici six mois,et passer le témoin à un autre dirigeant.
La communauté internationale – et les médias – occidentaux suivent tout cela de loin, occupés par les autres conflits qui paraissent autrement plus importants. Les échecs monumentaux de la politique américaine en Iraq et en Afghanistan. L’affaire ukrainienne, pour ne pas parler des autres centres d’intérêts. La crise économique et sociale en France.. Et il y a le Mondial… Mais, rien n’y fait, le Proche-Orient revient à l’avant-scène de l’actualité.
PS: L'université d'Ariel en Cisjordanie vient de publier un sondage significatif.Conséquence des affrontements qui, régulièrement opposent des jeunes colons à l'armée, 52% des israéliens interrogés sont en faveur d'un retrait partiel ou total de Cisjordanie. 59% considèrent que l'attitude des colons porte atteinte aux relations entre Israël et les États Unis. Mais, aussi, 52% pensent que les Palestiniens ne sont pas des partenaires pour la paix.