En privé, à Ramallah, les dirigeants de l’Autorité autonome l’admettent: « Nous savons qu’il est impossible de créer une Palestine indépendante. Il ne sera pas possible d’évacuer la plupart des 360 000 colons installés en Cisjordanie. Les Israéliens ne renonceront jamais à Jérusalem-Est et au Haram Al Sharif, le lieu saint islamique, où, disent-ils, se trouvent les ruines du temple juif ». Les négociations qui se déroulent sous la houlette de John Kerry sont totalement stériles. (Voir mon analyse sur mon blog. https://blog.francetvinfo.fr/charles-enderlin/2014/04/19/vers-leffondrement-du-processsus-de-paix.html)
Mahmoud Abbas a donc mis au point une stratégie destinée à sortir de l’impasse où se trouve la direction palestinienne afin, aussi, de lui permettre de quitter dignement la scène Proche Orientale. La réconciliation avec le Hamas en est la première étape. L’organisation islamiste, au pied du mur, en perte de vitesse, a sauté sur l’occasion comme sur une bouée de sauvetage. Un gouvernement composé de technocrates indépendants doit être mis sur pied dans les cinq semaines, présidé par Abbas. Ses ministres dépendront de l’Autorité autonome dont ils accepteront les principes fondamentaux. Refus de la violence. Reconnaissance des accords signés. Des élections devraient avoir lieu d’ici six mois,législatives et – cela doit être décidé- présidentielles.Selon un des scénarios évoqués à Ramallah, Abbas ne serait pas candidat. Marwan Barghouti, le dirigeant du Fatah qui purge plusieurs condamnations de prison à vie en Israël pourrait fort bien vouloir lui succéder.
A Ramallah, plusieurs responsables suggèrent à Abbas de se tourner vers l’ONU, pour déclarer la Palestine, état sous occupation. En attendant, la réconciliation entre l’OLP et le Hamas apporte de l’eau au moulin de Benjamin Netanyahu qui, depuis des mois, accuse Mahmoud Abbas de ne pas vouloir la paix avec Israël. Cela va lui permettre de prendre de nouvelles mesure de rétorsion contre l’Autorité autonome et poursuivre le renforcement de la colonisation. Une nouvelle étape vers la transformation d’Israël en un état binational est en train d’être franchie.