L'Europe et la Palestine en septembre

Intense activité politique, à Jérusalem et à Ramallah. Tony Blair, l’émissaire du quartet au Proche Orient et Catherine Ashton, la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, tentent de négocier un accord avec les Palestiniens qui permettrait à Mahmoud Abbas de renoncer à déposer au Conseil de sécurité une demande formelle d’adhésion de la Palestine à l’ONU.

Au centre des discussions : le texte d’un projet de résolution qui serait soumis à l'Assemblée générale accordant à la Palestine le statut d’état non membre des Nations Unis - comme le Vatican et la Suisse. Pour les Palestiniens, cela ne suffit pas et les négociations portent sur d’autres avantages que l’Europe pourrait accorder à l’Autorité autonome. A l’heure qu’il est, ce soir, 14 septembre à 21h45, l’entourage de Mahmoud Abbas considère toujours les propositions soumises par Ashton et Blair comme insuffisantes. Donc, à moins d’un changement de dernière minute le président palestinien devrait, dans le discours qu’il va prononcer demain à 17 heures (H française), confirmer son intention de s’adresser au Conseil de sécurité. Mais… il pourrait maintenir la pression et dévoiler ses intentions après son arrivée à New York, la semaine prochaine.

Nicolas Sarkozy et José Luis Rodriguez Zapatero, le Premier ministre espagnol suivent ces tractations de très près. Il s’agit de trouver une formule, non seulement acceptable par les Palestiniens mais aussi d’éviter un éclatement du consensus européen en la matière. De fait le 13 décembre 2010, les 27 avaient adopté à l’unanimité une résolution très claire. En bref : « la paix passe par une solution à deux états avec Jérusalem pour capitale. Aucun changement à la ligne de 1967 autre que sera négocié n’est acceptable. Il faut trouver une solution juste et négociée au problème des réfugiés palestiniens. » Les Palestiniens envisagent d’ailleurs de soumettre ce texte « en copié – collé » à l’assemblée générale voire au Conseil de sécurité… Angela Merkel et Silvio Berlusconi ainsi que les Tchèques et les Polonais pourraient voter contre ce qui déboucherait sur une nouvelle cacophonie européenne..

Cela dit, un monsieur Mendelsohn m’accuse de faire porter le chapeau à Israël. Voici ses arguments et mes réponses :

M : pourquoi ne pas rappeler qu’Israël a décrèté un gel de la construction dans les territoires disputes de 10 mois et qu’Abbas et sa clique ont traine les pieds pour revenir a la table des négociations pour finalement accepter d’y revenir le dernier mois du gel pour tenter de forcer Israël a le prolonger ?

Réponse : Le gel de la construction décrété par Benjamin Netanyahu était partiel et ne concernait pas « la croissance naturelle » dans les colonies de Cisjordanie et surtout à Jérusalem Est. Les constructions se sont poursuivies. Pendant ces dix mois, il devait y avoir des négociations indirectes et l’émissaire américain Georges Mitchell a effectué des navettes entre Jérusalem et Ramallah sans jamais apporter de réponse israélienne aux dizaines de propositions écrites soumises par Abbas.. Des documents qui concernaient tous les aspects du dossier.. frontières, sécurité etc..
Au cours de la rencontre tripartite à Washington en septembre 2010, en présence d’Hillary Clinton, la secrétaire d’état, le négociateur de Netanyahu a même refusé d’accepter le moindre papier des mains de Saeb Erekat, le négociateur palestinien.

M : Pourquoi ne pas rappeler que les accords entre Israël et l’Autorité Palestinienne déterminent qu’il est interdit aux deux parties d’effectuer des démarches unilatérales et donc que la demande onusienne de l’Autorité Palestinienne est un reniement de ces accords et que suite a ça, Israël a le droit de faire ce qu’il veut puisque les accords ont été renies par l’Autorité Palestinienne ?

R : C’est exactement, à l’envers la position des Pestiniens. Israël – disent-ils - procède constamment à des démarches unilatérales en construisant des colonies en territoire occupé. Une politique de colonisation constamment condamnée par la communauté internationale. Sans parler de la confiscation de terres. 40% de la Cisjordanie serait aujourd’hui contrôlé par les colonies ou l’armée. Ils considèrent qu’à ce rythme là il sera, très vite impossible de créer un état palestinien viable, avec une continuité territoriale. Sans parler de Jérusalem Est. Ils se tournent donc vers l'ONU et la communauté internationale..
Israël, dites vous a le droit de faire ce qu’il veut… Exact ! Israël l’a toujours fait !

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