L'oncle Paul est de retour

1972-1975"Les belles histoires de l'oncle Paul" font partie de ces BD pour enfants qui sont devenues des bandes-dessinées pour les adultes avec le temps. On n'imaginerait même plus les mettre entre les mains des jeunes lecteurs d'aujourd'hui. Il suffit de se plonger dans le sommaire de l'intégrale qui vient de paraître pour comprendre : "La comtesse de Montfort", "L'épopée de Trafalgar", la jeunesse de Thomas Edison, l'origine du "Coup de Jarnac", un portrait de Raoul Wallenberg (Juste parmi les nations), Catarina  Segurana (figure historique de la ville de Nice) : au total 37 récits de trois à quatre pages dessinés par Jean Graton (le créateur de Michel Vaillant) qui feraient fuir en courant les fans de Titeuf ou des Nombrils.

Remontons donc le temps pour nous retrouver à la Rédaction de Spirou dans les années 50. Chaque semaine, l'Oncle Paul et ses deux neveux Arthur et Fred donnent rendez-vous au jeune lecteur pour lui raconter sur quelques pages une anecdote historique, héroïque ou scientifique, sur un ton résolument édifiant. Par exemple "Le mystère de la Mary-Céleste" commence avec cette réplique de l'Oncle Paul : " Le mensonge dégrade l'homme et la vérité finit toujours par se savoir ! Même pour la "Mary-Celeste". Pendant un demi-siècle, ce mystérieux bateau passionna le monde entier jusqu'au jour où... mais attendez que je me rappelle. Toute l'énigme commença..." et tout l'album est sur ce ton là ! Aussi moralisateur que cela puisse nous paraître aujourd'hui, à l'époque les jeunes lecteurs adorent et en redemandent. La série sera publiée jusqu'en 1982. Pirates, inventeurs, soldats, chasseurs de trésors, figures historiques sont les héros de ces histoires qui sont censées apporter un sens moral et civique aux enfants.

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Alors passé l'effet nostalgie, faut-il se replonger dans ces bd qui ont quand même 60 ans ? Bonne surprise : la pagination très réduite pour chacune des histoires donne au récit un rythme assez soutenu et moderne du coup on ne s'ennuie pas. Si les dialogues sont parfois un peu trop littéraires, ils ne nuisent pas à la fluidité du récit. Pour l'auteur, le dessin représente d'ailleurs un sacré défi : comme il y a beaucoup à raconter, sur une seule planche on compte jusqu'à 15 cases, c'est exceptionnel.  A chaque histoire, Graton a effectué un travail documentaire remarquable. Le dessin est d'une précision extrême dès qu'il s'attaque à des véhicules militaires, des costumes d'époque... le côté moralisateur de la série, prenez-le avec le sourire. En vous replongeant dans "les belles histoires de l'Oncle Paul", vous ne serrez pas déçus.

Et voici, ci-dessous, les trois premières planches de l'histoire "Echec au feu du ciel" parue en 1951 ( Tiré de "Les belles histoires de l'oncle Paul par Jean Graton" © Dupuis 2013)

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Publié par Nicolas Lemarignier / Catégories : Actu