"Make our planet great again" : Emmanuel Macron met la toile à ses pieds

A la suite de l'annonce de Donald Trump jeudi 1er juin, quant au retrait des États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat, Emmanuel Macron a réagit en français puis en anglais dans une vidéo. Publiée en direct sur les réseaux sociaux, celle-ci marquera sans doute le quinquennat du président de la République.

Moins de 24h après sa diffusion, la vidéo a deja fait le tour du monde. Aimée près de 100 000 fois et retweetée 41 000 fois, la citation "Make America great again", détournée pour l'occasion en "Make our planet great again" est devenue virale. L'ironie de cette punchline à peine masquée, en référence à la campagne présidentielle de Donald Trump, a suscité de nombreuses réactions sur la toile. #makeourplanetgreatagain est devenu l'un des hashtags le plus utilisé sur le réseau social Twitter.

Une photo du slogan, postée sur le compte officiel du président français, a elle aussi été reprise par les internautes. Un peu moins de 200 000 fois pout être exact. En ponctuant son allocution de la sorte, Emmanuel Macron s'assure un tour de force diplomatique, mais affirme également sa volonté de s'imposer sur la sphère internationale.

Ce coup de communication est un réel coup de projecteur. En position de leader, Emmanuel Macron, s'adresse directement, dans la langue de Shakespeare et sans y être invité par la Maison Blanche, aux entreprises américaines. Un geste inédit défiant ouvertement le président américain.

Yelen BONHOMME-ALLARD

Renvoi du directeur du FBI : récit d'une folle semaine

Le 9 mai dernier, James Comey, directeur du FBI, a appris qu'il était renvoyé. Quelques minutes plus tard, la toile et les médias américains s'enflammaient. Et pour cause : Donald Trump est seulement le deuxième président américain à limoger un directeur du très puissant Federal Bureau of Investigation.

Nommé par Barack Obama

James Comey avait été nommé à la tête du FBI en septembre 2013 par Barack Obama. Il avait fait parler de lui en octobre 2016 lorsqu'il avait pris la décision de réouvrir l'enquête sur les mails d'Hillary Clinton quand elle était secrétaire d'Etat, à quelques semaines de l'élection présidentielle américaine. Comey décide finalement de fermer l'enquête une semaine plus tard, en réaffirmant les conclusions publiées en juillet.

Cette affaire n'a pas été sans conséquence pour l'ancien directeur, qui s'est vu accusé de politiser le FBI. Par ailleurs, lors de la victoire de Donald Trump en novembre, nombreux sont les démocrates qui se sont empressés de le tenir responsable de la défaite de la candidate. 

Renvoi brutal 

Mardi 9 mai, à la surprise générale, Donald Trump a remercié James Comey qui, étant en déplacement, a appris la nouvelle... en regardant la télévision. Ce dernier a d'ailleurs d'abord cru à une fausse rumeur.

Très vite, la question des motivations de cette décision s'est posée. Le fait que James Comey soit en charge de l'enquête sur les possibles liens entre les élections américaines, le président américain et la Russie n'a pas échappé à beaucoup d'américains, y voyant là un motif de mécontentement tout trouvé pour le président. C'est alors que le cycle infernal des déclarations et contre-déclarations s'est enclenché. 

Contradictions à la Maison Blanche

La Maison Blanche a d'abord déclaré que le président américain avait suivi les recommandations de Jeff Sessions et Rod Rosenstein, respectivement procureur général et procureur général adjoint. Kellyanne Conway, conseillère de Donald Trump, a affirmé la même chose. Le mémo de Rosenstein met en cause la manière dont le directeur du FBI a géré "la conclusion de l'enquête sur les mails" d'Hillary Clinton. 

Sarah Huckabee Sanders tient une conférence de presse. Mercredi 10 mai 2017. CNN.

Sarah Huckabee Sanders tient une conférence de presse. Mercredi 10 mai 2017. CNN.

Le 10 mai, Sarah Huckabee Sanders, porte-parole adjointe, déclare cependant que Donald Trump, ainsi qu'une grande partie du FBI, n'avait plus en confiance en James Comey. Le même jour, le président américain confie en effet penser que le directeur "ne faisait pas du bon travail", et admet, le lendemain, qu'il l'aurait limogé "peu importe les recommandations".

Entendu par le Sénat jeudi 11 mai, McCabe, directeur par intérim du FBI, a contredit les allégations de Sanders. Selon lui, Comey était respecté et bénéficiait "du soutien de ses collègues".

Andrew McCabe, directeur du FBI par intérim, est entendu par le Sénat. 11 mai 2017. LA Times.

Andrew McCabe, directeur du FBI par intérim, est entendu par le Sénat. 11 mai 2017. LA Times.

Etouffer l'enquête sur la Russie?

Beaucoup de contradictions, donc, qui laissent penser que Donald Trump aurait voulu empêcher l'ancien directeur d'enquêter sur les interférences russes durant l'élection présidentielle américaine. Le président a raconté jeudi que James Comey lui avait confié à trois reprises qu'il n'était pas personnellement visé par une investigation du FBI. À ce qui ressemble à de l'ingérence de la part du président, McCabe répond seulement que ce n'est pas "dans les pratiques du FBI de notifier des personnes sous le coup d'une enquête". 

Le 11 mai au soir, le président américain a finalement admis que la question de la Russie était bien en jeu : «En fait quand je me suis décidé, je me suis dit: ‘le truc avec la Russie, Trump et la Russie, c’est une histoire inventée’», a-t-il déclaré à NBC News. Pour couronner le tout, ce dernier a tweeté ce qui semble être une menace envers Comey ce vendredi 12 mai : « James Comey ferait bien d’espérer qu’il n’existe pas d’'enregistrements' de nos conversations avant qu’il commence à faire des révélations à la presse ! ». 

Donald Trump va désormais devoir nommer un nouveau chef du FBI en tentant de contenter le plus grand nombre, alors que de nombreux parlementaires reprochent au président d'avoir voulu interférer dans les affaires judiciaires. Les démocrates réclament la nomination d'un procureur spécial et indépendant afin de se charger de l'enquête sur la Russie. Affaire à suivre.

 

Victoria David

Mark Wison, Getty Images

La réforme santé de Trump en cinq points

Les membres de la Chambre des représentants ont voté jeudi 4 mai en faveur de la réforme de santé promise par Donald Trump afin de mettre fin à l'Obamacare. Retour sur ce que cette loi pourrait changer.

Après avoir retiré le texte quelques semaines plus tôt face à l'opposition de nombreux républicains, c'était l'épreuve du feu pour le président américain qui vient de fêter ces 100 jours à la Maison Blanche. Si la nouvelle version de la réforme a permis de susciter suffisamment d'adhésion, les délais dans lesquels elle a été votée n'ont pas laissé le temps au Bureau budgétaire du Congrès d'en analyser les implications financières.

Afin de multiplier leurs chances, les républicains ont choisi de passer par la "procédure de réconciliation", qui consiste à ne proposer que des mesures budgétaires. En théorie, la loi ne revient donc pas sur l'ensemble de l'Obamacare mais seulement sur les mesures implicant des dépenses. Cette procédure permettra aux sénateurs républicains de n'avoir besoin que d'une majorité simple de 51 voix pour adopter le texte, contre les 60 normalement requises pour outrepasser un filibuster de l'opposition.

    1. La fin du mandat individuel

Ce fut peut-être la mesure la plus importante, et probablement la plus décriée, de l'Obamacare. Le mandat individuel imposait aux américains de souscrire à une assurance santé, sous peine de pénalités.

Cette obligation est toujours présente dans le nouveau texte, mais ce dernier met fin à ces pénalités si critiquées. À la place, seule une surcharge de 30% sur un an menacerait les non-assurés - surcharge que l'assureur pourrait couvrir. Résultat, les personnes plus jeunes et en meilleure santé seraient bien moins nombreuses à souscrire à un contrat d'assurance.

On assisterait alors à ce que les experts appellent "une spirale de la mort": le nombre de personnes malades ou âgées représentant une plus grande proportion des assurés, les premiums augmenteraient. Le Bureau budgétaire du Congrès avait estimé que la version originale de la réforme laisserait quelques 24 millions d'américains sans assurance, qui viendraient s'ajouter à ceux qui le sont déjà.

    2. Diminution massive des subventions 

Le texte prévoie une baisse des subventions de 300 milliards de dollars sur dix ans. Ces aides visent les personnes dont l'employeur ne fournit pas d'assurance et qui se voient donc obligées de souscrire leur propre contrat. Cette baisse du financement, ajoutée à l'élimination de certaines taxes, jouerait, à termes, en la faveur des jeunes actifs alors qu'il nuirait aux séniors qui verraient leur premiums augmenter.

    3. Le poids des antécédents médicaux

Ce fut un des points de crispation majeurs de ces derniers jours, les Late Shows américains s'emparant même du sujet pour vivement s'y opposer. Jusqu'ici, et depuis l'Obamacare, les assureurs avaient interdiction de refuser de couvrir un client ou d'augmenter ses premiums à cause de ces antécédents médicaux.

Père d'un bébé malade, Jimmy Kimmel s'est vivement opposé à la réforme santé de Trump dans son late show, le 30 avril 2017

La "Trumpcare" veut mettre fin à cela. Les états seraient autorisés à fournir des dérogations aux assureurs qui souhaiteraient contourner ces interdictions. Facile alors d'imaginer les conséquences d'une telle mesure: les personnes présentant des problèmes ou antécédents médicaux seraient contraintes de payer davantage pour un même contrat. Conscients du tollé provoqué par cette décision, les parlementaires républicains proposent d'allouer huit milliards de dollars afin d'aider les patients à payer ce surplus.

    4. Coupes majeures dans le budget de la "Medicaid" 

Medicaid, c'est ce programme fédéral fournissant une couverture médicale aux plus pauvres et aux personnes handicapées. Près de 70 millions d'américains en bénéficient.

La réforme de santé adoptée hier par la Chambre des représentants propose de réduire de 880 milliards de dollars le budget du programme. Cette baisse majeure de revenus ferait que les américains ne pourraient plus rejoindre le programme jusqu'en 2020, date à laquelle un nouveau système devrait voir le jour. Cette mesure devrait provoquer une baisse de 14 millions de bénéficiaires, d'après l'analyse de la première version du texte.

    5. Retour à une couverture à géométrie variable

L' Obamacare avait imposé aux assurances de proposer une couverture minimale dans tous leurs contrats, de manière à ce que les américains puissent avoir la garantie d'un certain niveau de couverture, peu importent leurs revenus ou leurs antécédents. Cette réforme de santé laisserait les états libres de mettre fin à cette mesure. 

U.S. President Donald Trump attends a National Day of Prayer event at the Rose Garden of the White House in Washington D.C., U.S., May 4, 2017. REUTERS/Carlos Barria

Maintenant qu'il a passé la Chambre des représentants, le texte doit être voté par le Sénat, une tâche qui s'annonce difficile, malgré l'utilisation de la "procédure de réconciliation". Les républicains ne disposent en effet que d'une très courte majorité et ne peuvent se passer que de deux votes.

Alors que certains sénateurs ont déjà fait entendre leurs réticences sur les mesures votées hier, d'autres prévoient de réécrire la loi afin de trouver un compromis et mettre toutes les chances de leur côté. Les démocrates, plus nombreux au Sénat, promettent eux aussi de se mettre en travers de leur route par tous les moyens.

Financement du planning familial, couverture de la contraception, ouverture des marchés étatiques et fédéraux...pour en savoir plus sur le reste du texte, retrouvez l'analyse du Washington Post en questions-réponses.

 

Victoria David

À Harvard, une "école de la résistance" à Donald Trump

Le 5 avril dernier, Timothy McCarthy, professeur à Harvard, a donné la leçon inaugurale de l'Ecole de la résistance - la Resistance School - créée par des étudiants de la Kennedy School d'Harvard. L'objet de cette résistance? Le Président des Etats-Unis, Donald J. Trump.

Formation gratuite de quatre semaines ouverte à tous, le programme en ligne veut permettre à ses étudiants de combattre la politique de Donald Trump. Les étudiants affichent, sur leur site internet, vouloir « affiner les outils dont nous avons besoin pour nous défendre au niveau fédéral, au niveau des Etats et au niveau local »

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Capture d'écran de la page d'accueil du site de "l'école", où l'on peut lire: "des compétences pratiques pour reprendre l'Amérique"

Jefferson et Harry Potter comme sources d'inspiration

Leur inspiration, cette phrase de Thomas Jefferson, devenue leur devise« Lorsque l’injustice devient loi, la résistance devient devoir. » Une injonction qu'ils ont prise à la lettre en créant cette plateforme. Le groupe vous rappellera peut-être l'armée de Dumbledore dans le roman de J.K. Rowling, comme le souligne Le Figaro Etudiant. Créée par Harry Potter, cette armée prend des cours de défense afin de combattre Voldemort.

Des outils contre l'impuissance 

Seule la moitié des 18-29 ans a voté lors de l'élection présidentielle américaine de 2016, alors que le taux de participation national est de 58%. Une participation faible qui ne traduit cependant pas forcément un désintérêt, comme l'ont démontré les centaines de manifestations anti-Trump qui ont proliféré sur les campus américains durant les premières semaines de son mandat. À l'image des manifestants, les fondateurs de l'école de la résistance n'ont pas voulu se résoudre à leur impuissance. 

Joseph L. Breen, cofondateur, a en effet confié au journal de l'université The Crimson que l'idée leur était venue après avoir discuté de la manière dont ils pouvaient faire face à Trump. "Nous pensions qu'il y avait beaucoup d'étudiants qui voulaient s'engager dans l'activisme politique mais qui n'avaient pas les bons outils pour le faire", a-t-il ajouté. 

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« Lorsque l’injustice devient loi, la résistance devient devoir. », Thomas Jefferson. Capture d'écran du site resistanceschool.com 

"Comment communiquer nos valeurs en matière de plaidoyer politique" 

6.500 étudiants répartis dans les 50 états américains et à travers le monde se sont inscrits pour assister à la première session, alors que 15.000 l'ont visionnée en direct, selon Quartz.com. "Comment communiquer nos valeurs en matière de plaidoyer politique", voilà l'objet de ce premier cours, donné par Timothy McCarthy, qui a soutenu le projet dès le début. Durant sa conférence, McCarthy abreuve ses étudiants de conseils. Du deuxième discours d'investiture d'Abraham Lincoln à la "Déclaration de Sentiments" de la Convention de Seneca Falls, une première pour le droit des femmes aux Etats-Unis, il leur recommande ses indispensables.

La deuxième leçon a eu lieu mercredi 12 avril. Sara El-Amine, directrice exécutive d'Organizing for Action (OFA) - un mouvement d'appui à Barack Obama, fait remarquer Le Monde -, a répondu à la question "Comment mobiliser et organiser nos communautés?". 

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Résumé du deuxième cours donné par Sara El-Amine. Capture d'écran du site resistanceschool.com.

Créer un véritable mouvement 

Dans la pratique, il s'agit de quatre semaines de cours donnés par des professeurs prestigieux. Les vidéos sont retransmises en direct sur YouTube et sur les réseaux sociaux. Le site encourage les participants à s'inscrire en groupe plutôt qu'individuellement, afin d'entretenir une dynamique qui se veut avant tout collective. Un avis partagé par McCarthy, pour qui il s'agit d'un "mouvement": "les écoles sont propices à l'échange intellectuel, à la transformation sociale, et oui, si nécessaire, à la résistance politique" a-t-il confié au Crimson.

Au-delà de la simple résistance au nouveau président, il s'agit donc de créer un véritable mouvement pour permettre à ceux qui le souhaitent de s'engager en politique et, surtout, de s'organiser.

 

Victoria David 

 

 

 

Qui est Neil Gorsuch, le nouveau juge de la Cour suprême?

Plus d'un an après la mort d’Antonin Scalia, juge conservateur de la Cour suprême américaine, le Sénat américain vient de confirmer la nomination de Neil Gorsuch pour occuper le siège vacant.

Un juge conservateur

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Neil Gorsuch s'exprime après sa nomination, mardi 31 janvier. (CNBC)

À 49 ans, ce juge fédéral à la cour d’appel du Colorado (dixième circuit), avait tous les atouts pour séduire l’establishment républicain.

Nommé en 2006 par le Président George W. Bush, il avait été confirmé sans opposition par le Sénat. Réputé conservateur, le juge s’est notamment fait connaître par son soutien à la décision Burwell v. Hobby Lobby en 2013.

Dans cette décision en appel, la cour avait jugé que les chefs d’entreprise pouvaient utiliser des motifs religieux afin de refuser de fournir des moyens de contraception à leurs employées, comme les y obligeait l’Obamacare. La Cour Suprême avait par la suite validé ce jugement.

Rétablir la majorité conservatrice

Neil Gorsuch restaure la majorité conservatrice de la Cour, avec cinq juges conservateurs contre quatre plus libéraux. Campant des positions similaires à celles de Scalia quant à l’interprétation de la Constitution, Gorsuch serait néanmoins plus ouvert au dialogue avec ses collègues.

Avoir choisi un juge jeune n’est pas anodin pour Donald J. Trump. Gorsuch pourra siéger à la Cour pendant plusieurs décennies. Fidèle aux valeurs républicaines mais moins clivant que le juge défunt, le nominé de Donald Trump semble être un choix sage, qui a été applaudi dans les rangs républicains dès sa nomination.

Une confirmation compliquée 

Les sénateurs démocrates, agacés par le comportement de leurs collègues républicains l’année dernière, ont essayé de faire échouer sa confirmation. 

En mars dernier, les républicains avaient en effet refusé d’examiner la nomination de Merrick Garland par Barack Obama. Une décision controversée qui avait poussé le New York Times à parler, en janvier, de nomination « illégitime » de la part du Président Trump.

En minorité au Sénat – la chambre se composant de 48 sièges démocrates contre 52 sièges républicains –, les démocrates ont utilisé leur unique arme: le filibuster (ou obstruction), consistant à rallonger le débat parlementaire. Il fallait alors 60 sénateurs aux républicains pour passer outre, un nombre presque impossible à atteindre.

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Neil Gorsuch, aux côtés de Mitch McConnell, leader de la majorité républicaine au Sénat qui a enclenché "l'option nucléaire" jeudi 6 avril. (AP Photo/ J. Schott Applewhite) 

 

Recours à "l'option nucléaire"

Ces derniers ont donc décidé jeudi 6 avril de mettre leurs menaces à exécution en ayant recours à "l'option nucléaire", qui consiste à modifier le règlement intérieur du Sénat. Comment? En abaissant le seuil nécessaire pour passer outre l'obstruction de 60 à 50 sénateursIls ont ainsi pu confirmer la nomination de Neil Gorsuch et se passer de l'accord des démocrates ce vendredi 7 avril.

Les démocrates devraient payer cette obstruction au prix fort puisque cette modification aura probablement des conséquences à long terme. Outre faciliter les futures nominations du président dans les années qui viennent, c'est un changement du fonctionnement du Sénat auquel nous devrions assister. Jusqu'ici considéré comme favorisant le travail entre les deux camps, le Sénat pourrait, à l'image de la Chambre des représentants, devenir plus partisan, cela favorisant ainsi "des nominations plus idéologiques," selon Nina Totenberg.

Supreme Court Associate Justices Anthony Kennedy testifies on Capitol Hill in Washington, Monday, March 23, 2015, before a House Committee on Appropriations subcommittee on Financial Services hearing to review the Supreme Court's fiscal 2016 budget request. (AP Photo/Manuel Balce Ceneta)

Le Juge Anthony Kennedy au Capitole le 23 mars 2015. (AP Photo/ Manuel Balce Ceneta)

Neil Gorsuch pourrait ne pas être le seul juge nominé par Donald Trump pendant sa présidence. Anthony Kennedy, juge conservateur de la Cour, avec qui Gorsuch a par ailleurs travaillé, pourrait saisir l’opportunité pour prendre sa retraite, comme le souligne le Washington Post. Il donnerait la possibilité à l’Administration Trump de s’assurer d’un deuxième siège conservateur pour plusieurs années et ainsi de sécuriser la majorité conservatrice de la Cour.

Victoria David

Tout comprendre sur la réforme de santé des républicains

La Chambre des représentants devait se prononcer ce jeudi sur une nouvelle réforme de santé abrogeant l’Obamacare. Faute d'accord au sein du parti républicain, le vote vient d'être reporté. 

Une promesse phare

Cette réforme est un test crucial pour Trump. Son opposition à l’Obamacare semble avoir été la raison principale du vote en sa faveur. Conscient de cet engouement, il en a d’ailleurs fait l'objet de son tout premier décret en janvier dernier.

Obamacare, un bilan mitigé 

L’Obamacare, promulguée en 2010, avait tenté de corriger les inégalités engendrées par un système jusque-là très individualiste par lequel chaque américain pouvait "décider" de souscrire ou non à sa propre assurance. Seules les entreprises de plus de 50 salariés étaient tenues de proposer un contrat d’assurance à leurs salariés. Beaucoup d’américains, souvent faute de moyens, se retrouvaient alors sans assurance santé.

La réforme de santé de l’administration Obama avait mis en place un système de bourses d’échanges en ligne – avec des débuts difficiles – qui devait permettre à chacun de comparer les offres par état et de généraliser l'assurance maladie dans le pays. Si elle a effectivement permis une forte baisse du nombre d’américains sans assurance, cette réforme a néanmoins été vivement critiquée. En cause notamment, les montants des premiums ayant explosé dans certains états.

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Site mis en place par l'Obamacare

Peu de garanties conservées
Le projet de réforme examiné aujourd’hui conserve quelques garanties introduites par l’Obamacare comme le droit à l’assurance pour les personnes souffrant de maladies chroniques, le droit de garder son enfant sur son compte jusqu’à ses 26 ans, l’assurance des besoins de base ou l’interdiction des surprimes réservées aux femmes.

Libéralisation et augmentations des primes avec l’âge

Pour le reste, la réforme de Trump revient sur l'ensemble de l'Obamacare, menaçant ainsi de porter le nombre de personnes sans assurance à 52 millions alors qu’elles sont 27 millions aujourd’hui.

En effet, elle prévoit de supprimer la pénalité pour non-assurance – une augmentation de 30% des primes est cependant prévue pour les personnes non assurées pendant deux mois consécutifs. Le projet comprend en outre la libéralisation des primes qui, par ailleurs, augmenteraient avec l’âge. Cette mesure pourrait donc engendrer une forte augmentation des montants pour les plus âgés, un défaut qui devrait être corrigé par les parlementaires. Enfin, la possibilité de percevoir des allocations en fonction des ressources disparaitrait, seulement l’âge serait alors pris en compte. Les femmes pourraient elles aussi pâtir de cette nouvelle adoption, avec notamment de vifs débats sur la prise en charge des avortements.

Adoption incertaine

Malgré la majorité dont Trump bénéficie au sein de la chambre, le vote sur ce texte de 2700 pages est loin d’être acquis pour le nouveau président. Ces dernières semaines ont été le théâtre de multiples oppositions de la part de congressmen de la droite du parti, qui considèrent que le projet ne va pas assez loin, alors que les représentants républicains les plus modérés donnent eux aussi de la voix. Ces derniers redoutent les inégalités et la réduction du nombre d’assurés que pourrait engendrer la réforme.

Ces représentants font face à un choix cornélien: s'ils soutiennent l'administration, ils risquent d'aliéner une large partie de leur électorat qui leur en tiendra rigueur lors des élections de mi-mandat en 2018, mais s'ils décident de voter contre la réforme, c'est toute la crédibilité de leur parti et de la jeune administration qu'ils remettent en cause.

Résultat, le président et les leaders républicains ont multiplié les consultations et négociations ces dernières semaines dans l’espoir que leur majorité ne leur glisse pas entre les doigts. 216 voix sont nécessaires – 215, si l’on en croit le Washington Post qui indique qu’un démocrate ne sera pas présent lors du vote – afin de voter le texte, sur les 237 républicains qui siègent à la chambre. Trump dispose donc d’une marge très serrée de 21 à 22 défections.

Une marge si serrée que les républicains n'ont pas voulu prendre le risque. Peu après le rejet d'une proposition de la Maison Blanche par les opposants conservateurs, les leaders du parti au Congrès ont annoncé jeudi soir le report du scrutin. Donald Trump a ensuite tenté le tout pour le tout en menaçant les congressmen républicains de laisser l'Obamacare en place si sa réforme n'était pas adoptée.

Ce vote est un test pour la nouvelle administration qui doit à présent prouver qu’elle peut gouverner et tenir ses promesses. En outre, si la Chambre des Représentants finit par adopter le texte, il lui faudra ensuite être examiné au Sénat, où la très courte majorité – de deux voix seulement – des républicains laisse là encore planer le doute quant à l’issue du scrutin.  

Victoria David

Eviter Trump pendant une semaine ou comment tirer les leçons d'une overdose médiatique

Farhad Manjoo, journaliste au New York Times, s'est lancé un défi de taille: ne pas entendre parler de Donald J. Trump dans les médias pendant une semaine. "Je voulais voir ce que je pourrais apprendre sur les médias modernes en y observant l'omniprésence de M. Trump," raconte-t-il dans un article publié le 22 février.

"Inévitable"

Ce qui devait d'abord ressembler à un défi personnel pour ce journaliste passionné s'est transformé en une tâche presque impossible dans la pratique, tant le 45ème président des Etats-Unis est partout. "D'une certaine manière, mon expérience a échoué: je ne pouvais quasiment pas trouver d'article sans Trump," reconnait Manjoo.

Selon lui, la couverture médiatique du businessman devenu président a atteint des niveaux sans précédent. En cause: Trump, évidemment, mais aussi les réseaux sociaux et le comportement des médias.

"Je me suis demandé si nous n'étions pas en train de surdoser Trump, à l'exclusion de tout le reste," remettant en question son propre comportement. Une réflexion qui avait déjà émergé durant la campagne présidentielle puisque cette attention médiatique lui avait largement servi de publicité gratuite.

Donald J. Trump est dans tous les journaux, qu'ils soient politiques ou pas. Pour le journaliste, Trump n'est plus seulement le message, il est devenu le moyen par lequel toutes les histoires sont racontées. Il est devenu "inévitable".

Point commun entre Amazon, le Bachelor et la NBA

Afin d'éviter d'avoir à faire au locataire de la Maison Blanche, Farhad Manjoo s'est tourné vers des sites internationaux comme la BBC ainsi que des sites spécialisés, tout en continuant de consulter les réseaux sociaux. Mais, même en utilisant ces plateformes, difficile d'échapper au businessman. "Et sa présence ne s'arrête pas à l'actualité".

Du Bachelor à Amazon - qui lui suggère l'achat de papier hygiénique à l'effigie de Donald Trump pour la Saint-Valentin - en passant par la série The Big Bang Theory, les Grammys, les Golden Globes, le Super Bowl et la NBA, rien ne lui résiste. Seuls Instagram et Snapchat semblent plus imperméables aux aventures du milliardaire.

La personne la plus "connue" de l'histoire?

Mark Wilson:Getty Images

Photographes rassemblés autour de Jeff Sessions et Charles E. Grassley le 29 novembre au Capitole. Mark Wilson/ Getty Images. 

Selon Farhad Manjoo, "il est probable que personne n'ait été aussi connu que M. Trump aujourd'hui". Si cette affirmation est difficile à prouver, la comparaison de quelques chiffres permet néanmoins au journaliste du Times de parvenir à un résultat presque inquiétant: la couverture médiatique de Trump dépasse à elle seule d'environ 1000 dollars celle des 1000 personnes les plus connues rassemblées.

Un volume insoutenable

Bien que reconnaissant qu'il est essentiel de traiter en profondeur les actions de la nouvelle administration, l'article pointe du doigt l'amplification créée par l'écosystème médiatique: "Trump ne représente pas 90% de ce qui est important dans le monde". D'autant plus qu'il n'est président que depuis un mois.

Un rythme qui parait donc difficilement tenable pendant le reste du mandat selon le journaliste, qui pense que la scène médiatique ne doit surtout pas se cantonner à un seul sujet.

"Les journaux des Première et Deuxième Guerres Mondiales étaient remplis de sujets n'ayant pas trait à la guerre. Les journaux d'aujourd'hui comprennent eux aussi de nombreux articles qui ne sont pas reliés à Trump, mais beaucoup d'entre nous ne lisent plus les journaux. Nous lisons Facebook, nous regardons la télé, et là, M. Trump est ce dont tout le monde parle, en excluant presque tout le reste."

Eviter Trump pendant une semaine c'est donc réaliser l'overdose du personnage dans les médias et se rendre compte de l'urgence d'un changement de son traitement médiatique. Dans un contexte de rejet des médias et d'attaques constantes envers les journalistes, les pratiques journalistiques sont plus que jamais scrutées. 

Trump n’est président que depuis un mois et l’électorat américain a rarement été aussi polarisé

Donald J. Trump a réuni la presse jeudi 16 février afin d’annoncer la nomination de son nouveau ministre du travail, Alexander Costa. En réalité, l'exercice ressemblait d'avantage à une attaque envers la presse. Une attaque qui en dit long sur les frustrations de premières semaines plutôt décevantes. Les débuts sont difficiles pour le milliardaire, et la publication d’une enquête du Pew Research Center ne va pas le rassurer.

 

Hasard du calendrier, le Pew Research Center avait choisi le 16 février pour publier une étude sur la popularité du président après quatre semaines à la tête du pays. Conduite par des chercheurs de l’Université de Princeton, cette étude se fonde sur les réponses de 1503 adultes américains interrogés entre le 7 et le 12 février. C’est avant tout la polarisation de l’électorat qui en ressort, puisqu’elle atteint des niveaux rarement égalés lors des précédentes administrations.

 

Mécontentement et avis tranchés

Les premières impressions sur le président et son début de mandat sont majoritairement négatives. Seulement 39% des personnes interrogées approuvent l’action de Donald J. Trump à la tête de l'Etat, quand elles sont 56% à la désapprouver et 6% à ne pas se prononcer.

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Seulement 39% des individus interrogés approuvent l'action de Trump. Un taux historiquement bas. Pew Research Center. 

Mais c’est un autre aspect des résultats qui caractérise encore mieux l’état d’esprit des américains : l’intensité de l'opinion des individus interrogés. Ils ne sont ainsi pas moins de 75% à exprimer un avis tranché, qu’il soit positif ou pas, sur Trump, démontrant ainsi sa capacité à ne laisser personne, ou presque, indifférent.

Le nombre d’opinions très négatives atteint des records pour un début de présidence. Le taux de « désapprobation forte » – strong disapproval – dépasse celui atteint par Obama durant l’ensemble sa présidence. Même George W. Bush a dû attendre la fin de son mandat, en décembre 2008, pour atteindre ce niveau.

 

Une polarisation jamais vue depuis 30 ans

Seulement 8% des américains démocrates ou à tendance démocrate approuvent l’action de Donald J. Trump durant ce premier mois. Selon le Pew Research Center, il s’agit ainsi du « taux d’approbation de l’opposition le plus bas pour un nouveau président en trois décennies, et de loin ».

Du côté des républicains et assimilés, 84% se disent satisfaits de la performance de leur nouveau président. Ce chiffre, en plus d’être, lui, dans les normes, témoigne de la polarisation des citoyens américains. C’est l’ensemble de la société américaine qui se fracture profondément autour d’un Donald Trump qui cristallise les tensions entre les deux camps.

Le principal intéressé se défend d’alimenter les divisions, « ce n’est pas Donald Trump qui a divisé le pays, nous vivions déjà dans un pays divisé », a-t-il déclaré hier lors de sa fameuse conférence de presse. Les chiffres de cette enquête sont cependant loin de lui donner raison. Les décrets signés à la hâte et les positions de la nouvelle Administration n’ont pas permis de recoller les morceaux d’une Amérique déchirée lors de la campagne électorale.

 

Une capacité à tenir ses promesses saluée

Le président réussit tout de même à marquer quelques points quand il s'agit de... tenir ses promesses. Soixante pourcent des individus interrogés saluent la capacité de Trump à honorer ses engagements, un score supérieur à ses prédécesseurs. L'homme d'affaires avait en effet choisi de mettre en application un certain nombre de ses promesses de campagne dès la première semaine en signant de nombreux décrets.

 

Une meilleure perception de l’état de l’économie… et de la diversité

Ils sont 42% à considérer que les conditions économiques sont « excellentes ou bonnes », un taux qui a augmenté de 11 points en deux mois. Cette augmentation est due en large partie au changement d’opinion des républicains qui sont désormais 40% à percevoir les conditions économiques positivement – contre 14% en décembre.

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64% des personnes interrogées pensent que la diversité ethnique profite aux Etats-Unis. Pew Research Center

En outre, les américains sont plus nombreux à penser que la diversité ethnique profite au pays : 64% partagent cette opinion alors qu’ils n’étaient que 56% en août. Un chiffre rassurant dans une atmosphère anxiogène pour les immigrés, alors que s’organisait hier la « journée sans immigrés ».

Victoria David

[Vidéo] Les entreprises Américaines relocalisent leurs production dans le pays

Plus des deux tiers des entreprises Américaines se relocalisent sur les terres de l'oncle Sam depuis 2012 selon le magazine Financial Times.

Ces sociétés trouvent plusieurs bonnes raisons de déménager leurs usines aux Etats-Unis; déduction d'impôts proposées par l'ancien président Barack Obamamain-d'oeuvre plus qualifiée, machines à la pointe de la haute technologie, et le choix des clients d'acheter de plus en plus local, quitte à y mettre le prix.

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Cette vague de relocalisation a débuté bien avant que Donald J. Trump ait décidé que les entreprises américaines devraient produire dans le pays, sous peine d'amende. Pendant ce temps-làDonald J. Trump et sa fille Ivanka Trump continuent de produire leurs produits en dehors des États-Unis.

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Depuis 2012, 65% des entreprises ont commencé à relocaliser leur production aux États-Unis, dont 28% d'entre elles qui avaient des usines en Chine.

Le nouveau président Américain a promis lors de sa campagne de punir les grandes entreprises américaines qui produiraient à l'étranger, en les attaquant directement sur twitter. Parmi les plus célèbres, il y a FordGénéral Motors et Apple.

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Notre équipe de France 2 Washington est allée à la rencontre de ces patrons qui ont choisi de se relocaliser aux États-Unis, et cela n'a aucun rapport avec la nouvelle politique de Donald J. Trump.

 


BLOG - RELOCALISATION by ftv-geopolis

Un reportage signé Jacques Cardoze, Laurent Desbois, Andréane Williams et Arielle Monange

Clémentine Boyer Duroselle

Trump relance la construction d'un oléoduc contesté dans le Dakota du Nord

Deux semaines après la signature d'un décret encourageant sa réalisation par Donald J. Trump, l'oléoduc tant contesté du Dakota du Nord va pouvoir être terminé... à moins qu'une bataille judiciaire vienne encore une fois modifier les plans du nouveau Président.

1900 kilomètres et 3,8 milliards de dollars

En 2014, l’entreprise Energy Transfer Partners rend publics les plans de son projet d’oléoduc reliant le Dakota du Nord à l’Illinois.

Longue de 1900 kilomètres, traversant quatre états - outre le Dakota du Nord et l’Illinois, l'oléoduc passe par le Dakota du Sud et l’Iowa -, la structure représente un coût total d'environ 3,8 milliards de dollars.

Le but ? Relier le Dakota du Nord, où se trouvent le gaz et le pétrole de schiste, à un centre de distribution dans l’Illinois afin de réduire les coûts de transport et concurrencer les entreprises canadiennes du secteur. Energy Transfer Partners met également en avant la création d'emplois suscitée par une construction d'une telle ampleur.

Risques de pollution 

Mais les voix se sont vite élevées contre ce projet, notamment celles de membres de la tribu Sioux de Standing Rock. Cette dernière, comptant près de 10 000 membres et établie entre le Dakota du Nord et le Dakota du Sud, dénonce le risque de pollution du lac Oahe, sa principale source d’approvisionnement en eau, ainsi que le fait qu'il passe sur des lieux sacrés où sont enterrés de nombreux ancêtres. Plus largement, les activistes dénoncent l'impact environnemental d’une telle infrastructure dont le but premier est d'utiliser des énergies fossiles - contribuant au réchauffement climatique.

Une contestation devenue virale  

En avril 2016, LaDonna Brave Bull Allard, l'aînée de la tribu, rejoint son campement, déterminée à occuper le territoire menacé par l'oléoduc. Alors que le début des travaux est imminent, elle appelle à l'aide sur Facebook en juillet. Des dizaines puis des centaines de manifestants se joignent à elle. Parmi eux, de nombreux membres d'autres tribus amérindiennes, solidaires de Standing Rock.

C’est en septembre que la contestation prend un tournant médiatique et devient virale sur les réseaux sociaux. Alors que le chantier atteint une partie de la terre sacrée, certains manifestants décident de franchir la zone de construction. Ils sont repoussés par des agents de sécurité qui gazent les manifestants et utilisent des chiens d’attaque. Filmé puis mis en ligne, l'incident ne fait que renforcer le mécontentement. La contestation grossit, les manifestants se rassemblent à travers le pays et défilent dans plusieurs états.

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Manifestation contre l'oléoduc à St Paul, Minnesota, le 13 septembre 2016. Fibonacci Blue. 

À Standing Rock, des arrestations massives de manifestants ont lieu en octobre avant que la police n'utilise des canons à eau – par des températures négatives – fin novembre. Au fil des mois, certains membres de la tribu se lassent cependant de cette mobilisation de grande ampleur.

Reuters, Jason, 2 novembre 2016

La police repousse les manifestants sur le site de Standing Rock le 2 novembre 2016. REUTERS/ Jason

Le 4 décembre, sous l’administration Obama, le Corps des Ingénieurs de l’Armée américaine refuse de donner l’autorisation de construction sous la rivière du Missouri, empêchant ainsi le projet d'arriver à son terme. L’administration Obama recommande par ailleurs d’étudier un tracé alternatif, ce qui permet d'apaiser momentanément les tensions.

L’administration Trump donne finalement son feu vert

Un repos qui sera de courte durée. A contre-courant des positions de la précédente administration, Donald J. Trump, nouvellement investi, s'empresse de signer un décret demandant l'accélération de la construction de cet oléoduc. Deux semaines plus tard, le mardi 7 février, le Corps des Ingénieurs donne son autorisation. L’entreprise va pouvoir terminer de construire l’oléoduc en passant sous le lac en question.

Trevor Brine, CBC

David Archambault II, chef de la tribu Sioux Standing Rock. Trevor Brine, CBC. 

Le chef de Standing Rock, David Archambault II, avait justement rendez-vous à la Maison Blanche ce mardi afin de poursuivre les discussions avec la Maison Blanche. Il a cependant appris à son arrivée à l’aéroport que l'on ne l'avait pas attendu pour prendre une décision. « J’ai l’impression que l’on m’a manqué de respect, » a-t-il confié au Washington Post.  

La promesse d'une bataille judiciaire

La tribu a par la suite fait part de ses intentions d’entamer un combat judiciaire. Elle a déposé une demande dans un tribunal fédéral le 9 février afin de faire cesser la construction. Selon elle, la procédure d’étude de l’impact environnemental de l'oléoduc n’a pas été conduite à son terme.

M. Archambault a demandé aux manifestants de ne pas se rendre à Standing Rock mais de faire connaître leur cause auprès de leurs parlementaires respectifs. Certains sont cependant déjà retournés sur le site où ils ont de nouveau eu à faire à la police. La chambre des représentants du Dakota du Nord a, dans le même temps, voté quatre lois anti-manifestants.

La nouvelle administration se penche déjà sur un autre oléoduc, le Keystone XL, qui devrait s’étendre sur plus de 1900 kilomètres, traverser six états et coûter huit milliards de dollars. Barack Obama avait rejeté le projet en novembre 2015 pour des motifs environnementaux.

Les décrets signés par Donald Trump donnent un nouvel élan au Keystone XL et en disent long sur les positions du nouveau Président sur les problématiques environnementales.

 

Victoria David