Le monde entier a assisté lundi soir au violent incendie de Notre-Dame de Paris. Alors que le feu consumait le toit et renversait l'emblématique flèche centrale, il se pourrait, grâce à une technologie de pointe en matière d'imagerie en trois dimensions, que tout espoir de reconstruire la cathédrale presque à l'identique ne soit pas perdu.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, les plans qui pourraient servir à la reconstruction de Notre-Dame ne se trouvent pas en France, mais dans les laboratoires d'une université américaine. Par ses travaux, l'historien de l'art Andrew Tallon contribuera certainement à restaurer la cathédrale. Ses plans ultra-précis serviront par exemple à comparer l’état de la structure avant et après la catastrophe, permettant de mettre en lumière les potentiels dégâts structurels causés par l’incendie.
Cet américain parfaitement bilingue, était marié à Marie, une française. Ensemble, le couple a eu quatre enfants. Installés dans l'état de New-York, le père de famille était professeur au Vassar College, une université privée. C'est ici qu'en 2015, ce fervent catholique et passionné d'art gothique a imaginé les premières représentations de la cathédrale en trois dimensions. Durant toutes ces années, Andrew Tallon s'est aussi battu contre un cancer du cerveau, combat qu'il a perdu il y maintenant cinq mois.
C'est grâce au travail méticuleux du professeur et de ses étudiants que chaque détail de la construction du bâtiment du XIIIe siècle a été enregistré dans des archives numériques, au moyen d'une imagerie laser en 3 Dimensions. Ces enregistrements pionnier pourraient fournir de modèle pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris.
« J'ai voulu savoir ce qu’il y avait dans la tête des constructeurs de l’époque, comprendre comment se sont élevés ces bâtiments, comment ils se tiennent structurellement », expliquait Andrew Tallon au National Geographic en 2015. « J’ai donc utilisé la technologie pour obtenir des réponses à mes questions ».
Le processus de numérisation de la cathédrale Notre-Dame d'Andrew Tallon est unique. Pendant des siècles, les seuls outils dont disposaient les experts pour mesurer les bâtiments et les structures médiévales étaient rustiques : cordes, règles, crayons et fils à plomb. Mais grâce à la technologie du XXIè siècle, l'historien a pu archiver chaque recoin de l'immense structure.
Des millions de points de lumières
Pour mettre en forme ses travaux, Andrew Tallon a enregistré des données mesurées provenant de plus de 50 endroits situés à l'intérieur et autour de la cathédrale. Au bout, des millions de points de lumière ont permis a Notre-Dame de prendre forme en 3D. Le laser, posé sur un trépied par l'historien, a balayé la zone dans toutes les directions possibles. Chaque emplacement exact a été scrupuleusement enregistré comme s'enregistres les pixels d'une photographique numérique. Ces points de lumière forment un instantané tridimensionnel de la cathédrale, et les images obtenues sont extrêmement précises. Si l'analyse est effectuée correctement, Andrew Tallon explique qu'elle est censée être précise à 5 millimètres près.
Reconstruire à l'identique ?
Notre-Dame de Paris peut-elle être reconstruite à l'identique grâce aux plans d'Andrew Tallon ? Mardi soir, Emmanuel Macron a insisté sur le fait que la cathédrale serait reconstruite d'ici cinq ans. Au vue de la rapidité avec laquelle le chantier aura lieu, une copie exacte semble peu probable. « Le travail manuel original est irremplaçable » explique Robert Bork, historien de l'architecture à l'Université de l'Iowa. «Lorsque vous le restaurez, ce n'est pas exactement la même chose. Vous perdez des informations : la texture, les détails, et les connaissances à acquérir en étudiant la structure ».
Andrew Tallon n'aura jamais vu ses travaux terminés, mais une chose est sûre : les plans qu'il a conçu seront d'une aide immense dans la remise en forme du monument le plus visité d'Europe