Cinquante personnalités dans six États ont été accusées mardi par le ministère américain de la Justice d'avoir participé à un important scandale d'admission dans certaines des meilleures universités américaines. Parmi elles, des actrices hollywoodiennes, des magnats de l'immobilier, des chefs d'entreprise, des entraîneurs d'élite et un créateur de mode.
Une adolescente qui ne jouait pas au football est devenue une recrue star de l'équipe de Yale. Coût pour ses parents : 1,2 million de dollars. Un lycéen désireux de s'inscrire à l'Université de Californie du Sud a été faussement considéré comme ayant un trouble d'apprentissage, afin de pouvoir passer son test d'admission avec un surveillant complice qui s'assurerait d'obtenir le bon score. Coût pour ses parents : au moins 50 000 $. Un étudiant sans expérience en aviron a remporté une place dans une prestigieuse équipe universitaire, grâce à un cliché truqué le représentant en pleine prouesse sportive : ses parents ont viré 200 000 $ sur un compte spécial.
Les célébrités ont versé des millions en pots-de-vin
Les actrices Felicity Huffman (notamment reconnue pour son rôle de Lynette Scavo dans la série à succès Desperate Housewives) et Lori Loughlin font partie des dizaines de personnes inculpées par le FBI dans le cadre d'un vaste programme d'admission frauduleuse dans certaines des meilleures universités des États-Unis. Des stars hollywoodiennes, mais aussi des dirigeants d'entreprises, des magnat de l'immobilier et un créateur de mode, l'italien Mossimo Giannulli, auraient versé jusqu'à 6 millions de dollars en pots-de-vin pour que leurs enfants soient acceptés dans les universités de Yale, Stanford, Georgetown, UCLA, L'Université du Texas, L'Université de San Diego et L'Université de Wake Forest (Caroline du nord). Le prétendu stratagème, qualifié par le FBI de « conspiration nationale », permettait aux parents de payer pour que leurs enfants soient notamment présentés aux dites universités en tant que jeunes sportifs de haut niveau. Certains des prétendus athlètes ne pratiquaient même pas les sports pour lesquels ils avaient été recrutés. Certains grands coach universitaires font également partie des personnes inculpées.
Une entreprise à but "non lucratif" pour aider les stars à parvenir à leur fin
Le réseau de corruption est né il y a déjà plusieurs années. William Rick Singer fondait alors à Newport Beach, en Californie, une société d'admission à l'université à but lucratif. The Key aurait aidé les étudiants à obtenir de meilleurs résultats aux ACT ou aux SAT, les aidant à tricher aux examens. Singer est accusé d’avoir corrompu les entraîneurs des universités, leur expliquant que le dit étudiant serai une recrue de choix pour leur équipe sportive. Forcément, William Singer et les entraîneurs savaient que l’élève en question ne pratiquait absolument pas le sport pour lequel il était recruté. Singer a accepté de plaider coupable, notamment pour racket et complot de blanchiment d’argent. Officiellement, The Key était une entreprise à but non lucrative, ce qui a permis à son patron de dissimuler la nature des paiements effectués par les parents, qui déduisaient ensuite cette somme de leur impôt sur le revenu, comme l'a déclaré le procureur américain Andrew Lelling lors d’une conférence de presse mardi matin.
Accusations de fraude et complot
William Singer aurait notamment photoshoppé des clichés afin de faire croire que ces élèves fortunés pratiquaient su sport à haut niveau. La fille de l’ancien chef des opérations de Wynn Resorts, Gamal Abdelaziz, s’est par exemple présentée à l'Université de Californie du Sud comme étant un atout précieux pour l’équipe de basket de la fac. Mais une fois admise, elle n'a jamais rejoint la dite équipe.
Les autorités ont déclaré avoir enregistré des appels téléphoniques dans lesquels Felicity Huffman et Lori Loughlin discutent de ces fraudes avec un témoin coopérant. Les deux femmes sont accusées de complot en vue de commettre une fraude. Les documents remis aux autorités indiquent que la plupart des étudiants ignoraient que le stratagème de leurs parents. Un scandale qui fait lumière sur le système universitaire américain : « Je ne suis pas convaincu que les meilleurs étudiants aillent dans les meilleures universités » déclare Scott Jaschik, rédacteur en chef chez Inside Higher Ed.