Samedi dernier, une jeune femme est décédée lors d'une manifestation à Charlottesville (Virginie) opposant des suprémacistes blancs et des militants antiracistes. Les réactions contradictoires de Donald Trump quant à ces violences ont indigné l'Amérique. Retour sur quatre jours de déclarations incohérentes.
Acte 1 : Samedi 12 août, Donald Trump évoque évasivement les violences à Charlottesville
We must remember this truth: No matter our color, creed, religion or political party, we are ALL AMERICANS FIRST. pic.twitter.com/FesMiQSKKn
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 12, 2017
Donald Trump prend la parole pour la première fois le samedi 12 août, jour des affrontements à Charlottesville. À ce moment là, il est encore dans son golf de Bedminster dans le New Jersey, où il passe ses vacances. Pendant son allocution, le président condamne les actes de brutalité, sans toutefois désigner explicitement les agresseurs : "Nous condamnons avec la plus grande fermeté ces excès de haine, d'intolérance et de violence venus de tous les côtés, de tous les côtés !"
Il ignore par la suite les questions des journalistes lui demandant s’il dénonce aussi l’idéologie nationaliste. Cette déclaration teintée d'indulgence à l'égard des mouvements extrémistes a laissé des milliers d'Américains confus. Ces derniers déplorent l'absence de prise de position stricte par le président.
Acte 2 : Lundi 14 août, Donald Trump condamne fermement le racisme
Lundi 14 août, face aux nombreuses critiques, Donald Trump quitte alors précipitamment sa propriété dans le New Jersey pour regagner la Maison-Blanche, située à Washington D.C. Devant les caméras, il change alors de ton blâmant avec autorité les actes racistes des groupes d'extrême droite. "Le racisme c'est le mal. Et ceux qui déchaînent la violence en son nom sont des criminels, des voyous y compris le Ku Klux Klan, les néonazis, les suprémacistes blancs et autres groupes haineux qui s'opposent à tout ce qui nous est cher en tant qu'Américains" a-t-il affirmé.
Acte 3 : Mardi 15 août, Donald Trump fait volte-face en accusant les deux camps de militants
Mardi 15 août, Donald Trump donne une conférence de presse depuis la Trump Tower à New York. Il revient alors sur les heurts qui ont éclaté à Charlottesville : "Vous aviez un groupe d’un côté qui était agressif. Et vous aviez un groupe de l’autre côté qui était aussi très violent. Personne ne veut le dire sauf moi". Dans son discours, le président américain renvoie alors dos à dos les suprémacistes blancs et les antiracistes, avant de prendre à partie les journalistes : "Je pense qu'il y a des torts des deux côtés. J'en ai aucun doute et vous non plus".
Trop, c'est trop
Ses propos sont jugés inacceptables par les soutiens de Donald Trump et les réactions en cascade ne se font pas attendre. Huit de ses conseillers économiques et grands patrons ont annoncé leur démission. Parmi eux, Brian Krzanich, directeur général des puces informatiques Intel, Kevin Plank, fondateur de l'équipementier sportif Under Armour, et enfin Kenneth Frazier, patron du géant pharmaceutique Merck & Co.
Dans cette affaire, le locataire de la Maison-Blanche peut compter sur un fidèle appui : David Duke. L'ancien responsable du Ku Klux Klan a salué le "courage" du président américain qui s'en est, selon lui, pris au "terrorisme gauchiste".
Yelen Bonhomme-Allard