Greffes et transplantations: les personnes atteintes de maladies mentales n'y ont pas accès

Paul Corby. Photo/Washington Post

Paul Corby. Photo/Washington Post

Paul Corby a besoin d'un nouveau coeur. Il a déjà perdu son père de la même maladie cardiaque lorsqu'il était jeune, par manque de donneurs. Cette maladie détruit jour après jour son ventricule gauche; aucune chirurgie ou remède pourrait arranger sa condition. La seule solution est la greffe d'un nouveau coeur, mais cela lui a été refusé. Cela signifie tout simplement que Corby devra vivre avec cette maladie jusqu'à  ce que son coeur lâche, sans aucun espoir de guérison.

Autumn Chenkus et Charlie Higgs avec leur bébé, Maverick . Photo/CNN

Autumn Chenkus et Charlie Higgs avec leur bébé, Maverick . Photo/CNN

Autumn Chenkus et Charlie Higgs ont donné naissance à un petit garçon, Maverick, en 2013. Maverick est né avec une condition cardiaque qui lui avait déjà valu deux opérations à seulement cinq mois. Après plusieurs essais pour le sauver, les médecins ont expliqué aux parents qu'ils "devraient rentrer à la maison avec leur bébé et profiter du temps qu'il leur reste"  parce qu'ils ne voulaient pas ajouter Maverick sur la liste des receveurs d'organes.

Quel est le point commun entre Maverick et Paul Corby? Ils sont tous les deux atteint de maladies mentales.

Screen Shot 2017-03-06 at 3.34.49 PMAux Etats-Unis, 22 personnes se trouvant sur la fameuse liste d'attente meurent avant qu'ils aient eu le temps de recevoir un organe selon le Ministère de la Santé et des Services Sociaux des Etats-Unis.

Selon UNOS (organisation pour donneurs d'organes), il y a en ce moment exactement 118,412 personnes sur liste d'attente et une personne de plus y est ajoutée toutes les 10 minutes. plus de 70% de ces patients ont besoin d'un nouveau rein et 15% ont besoin d'un nouvrau foie.

Il y a plus de personnes ayant besoin d'un nouvel organe que de donneurs, alors comment les Etats-Unis choisissent qui mérite un coeur ou un rein plus qu'un autre patient? Comment choisissent-ils qui va vivre et qui va mourir?

Officiellement, tout dépend l'âge du patient, de l'organe dont il a besoin, de ses chances de survie suite à la greffe, dans quel état le patient et le donneur se trouvent. Mis à part ces quelques critères, les médecins sont libres de prendre leurs propres décisions en ce qui concerne leurs patients.

Par manque d'organes, les médecins doivent décider pour qui cela sera le plus utile, laissant de côté les patients avec des conditions mentales, tout simplement parce que l'organe sera plus  profitable à quelqu'un "en bonne santé " mentale,  selon Dr. Scott Halpern, professeur à l'Université de médecine  de Pennsylvanie. " Cela serait gâcher un organe qui pourrait être bien plus bénéfique à  une autre personne" explique Halpern au site internet consumer.healthday.com.  

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Une personne peut donner jusqu'à 8 organes qui peuvent sauver des vies.

La Banque d'Organes Américaine (UNOS) privilégie les patients qui ont le plus de change de survie et le moins de complications suite à la greffe explique Dr. Halpern.

A la suite de procès et dénonciations de cette pratique, un groupe de 30 législateurs au Congrès ont pétitionné au Ministère de la Santé et des Services Sociaux en octobre 2016 pour "émettre des directives sur la discrimination en martiére de transplantation d'organes à l'égard des personnes handicapés". Cette pétition devrait permettre une sélection plus juste pour les receveurs d'organes.

Cependant, les médecins ne suivent pas tous à la lettre cette nouvelle législation, et le Congrès n'a que peu de moyens d'avoir une réelle autorité à ce sujet. Le cas de Paul Corby, a été  découvert par Lenny Bernstein du Washington Post le 4 mars dernier par exemple. 

 

Clémentine Boyer Duroselle