Pas de poignée de main au début du débat. Pour ceux qui doutaient encore que la soirée serait tendue, dimanche, à Saint-Louis, voilà qui mettait les choses au clair. Hillary Clinton et Donald Trump ont donc réalisé "le débat le plus laid de l'histoire des Etats-Unis," selon le site Internet Politico. On vous explique pourquoi.
Pas de poignée de main entre les candidats ! #debates pic.twitter.com/8BL7US1xiV
— France TV Washington (@F2Washington) October 10, 2016
En amont
Donald Trump arrivait après un week-end où il s'était retrouvé englué dans un nouveau scandale : le Washington Post a en effet publié vendredi une vidéo datant de 2005, où on peut entendre le candidat républicain tenir des propos crus à l'égard des femmes, et surtout évoquer l'adultère. Après ses remarques sur l'immigration, sur les Mexicains, sur les musulmans, sur les handicapés, et j'en passe, c'est finalement cette vidéo qui aura réussi à faire sortir de ses gonds la très puritaine droite conservatrice américaine.
Ainsi, au cours du week-end, plusieurs grands noms des Républicains ont retiré leur soutien à Donald Trump, au premier rang desquels John McCain, plusieurs Sénateurs, ou encore Paul Ryan, qui, lui, a déclaré qu'il ne ferait plus campagne pour Trump.
Qu'à cela ne tienne, Donald Trump se soucie guère du parti qui l'a nominé. Sa stratégie était claire : riposter par l'attaque, en montrant que Bill Clinton était bien pire que lui. Au débat, Trump a ainsi invité quatre femmes ayant porté plainte contre l'ancien Président pour agression sexuelle.
Hillary Clinton n'arrivait pas toute blanche non plus : dimanche, WikiLeaks avait révélé les textes de ses discours donnés devant des grandes entreprises de Wall Street, qui montrent ses liens avec celles-ci, et, pour beaucoup, son éloignement des préoccupations de la classe moyenne américaine.
Le débat
Après tout ça, on comprend donc l'ambiance tendue de ce débat. Le format town halldonnait la parole à des Américains n'ayant pas encore décidé pour qui ils allaient voter, et qui pouvaient poser leurs questions directement aux candidats. Très vite Trump et Clinton évoquent les scandales touchant leur adversaire. A propos de la vidéo, Trump s'excuse en déclarant qu'il s'agissait d'une "discussion de vestiaire."
Le candidat républicain semble d'une manière générale mieux préparé que lors du premier débat ; et il mène toujours dans les attaques et les réparties. Il faut tout de même releverson naufrage sur la question de la Syrie : il peine à donner un plan de résolution du conflit à Alep, et déclare en plus être en désaccord avec son colistier, Mike Pence, sur ce sujet. De là à réveiller les rumeurs qui disent que Pence pourrait quitter le ticket républicain, il n'y a qu'un pas.
Naufrage de Trump sur la Syrie : dit qu'il n'est pas d'accord avec son colistier, et peine à donner une réponse au sujet d'Alep.
— France TV Washington (@F2Washington) October 10, 2016
En répondant aux questions du public, Hillary Clinton s'est efforcé de tisser un lien entre elle et les électeurs, les appelant par leurs noms et ignorant totalement la présence de Trump qui se positionnait sans cesse derrière elle - cette image, que vous pouvez voir ci-dessus, a fait le tour des réseaux sociaux la nuit du débat. Pas d'erreur massive de la part de la Secrétaire d'Etat, malgré des réponses plus que moyennes sur les questions de l'affaire des e-mails et des discours à Wall Street.
Pourquoi Clinton a-t-elle gagné (le débat) ?
Sans être fulgurante, Hillary Clinton sort gagnante de ce second débat pour près de 60% des électeurs interrogés. Sa victoire : avoir laissé parler Trump. On le sait, le candidat républicain est peut-être son meilleur ennemi. Enchaînant les attaques sur Clinton, il a plus parlé d'elle que de ce que lui comptait faire pour le pays. Le débat a ainsi été centré sur la candidate démocrate.
A l'issue de cette folle semaine pour les Républicains, l'écart continue de se creuser : dans certains Etats, l'avance de la candidate démocrate dans les sondages dépasse désormais les 10 points.
Pour autant, peu de chance que ce débat ait permis aux Américains de reprendre confiance dans la politique : attaques, bassesses, insultes, les analystes sont unanimes pour considérer que la soirée était un (très) mauvais moment de politique.
Florilège
Trump à Clinton : "Si je gagne, vous irez en prison !" (à propos de l'affaire des e-mails)
Clinton : "Vous faites tout pour éviter de parler de votre campagne et de la manière dont elle est en train d'exploser."
Trump, sur la vidéo : "C'était une erreur, je me suis excusé. Il y a des choses plus importantes, comme l'Etat islamique."
Clinton, qui reprend la devise de Michelle Obama : "When they go low, we go high." (=Quand ils s'abaissent, nous élevons le débat.)
Trump : "Hillary Clinton, le diable."
Clinton : "Donald Trump vit dans une autre réalité."
Et, quand même, le moment love :
Question d'un électeur : - Dites une chose que vous respectez chez votre adversaire.
Clinton : - Ses enfants.
Trump : - Elle n'abandonne jamais.