"Si un candidat à la présidentielle veut remporter l'élection, il doit gagner entre 40 et 45% de votes Hispaniques."

Laura Chinchilla a été la première femme élue présidente de la République du Costa Rica (2010-2014). A la fin de son mandat, elle a déménagé aux Etats-Unis avec sa famille. Elle vit maintenant à Washington D.C. et travaille comme consultante pour des organisations internationales. Elle est également professeur à l’Université Georgetown et reste active dans la communauté Hispanique.

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Le vote Latino-Américain depuis 1980. Pew Research Center

Laura Chinchilla s’exprime sur l’impact du vote Latino-Américain sur l’élection présidentielle de novembre prochain.

FRANCE 2. 13% des électeurs seront Hispaniques cette année. Concrètement, quel est le poids du vote Latino-Américain dans cette élection présidentielle ? Pourrait-il changer la donne ?

Laura Chinchilla. Selon les statistiques, le vote Hispanique est de plus en plus conséquent, mais je tiens à souligner que beaucoup de Latino-Américains ne s’enregistrent pas pour voter, et s'ils le font, la plupart d'entre eux ne vont même pas aux urnes le jour de l’élection.

FRANCE 2. Pourquoi décident-ils de ne pas voter au final ?

Laura Chinchilla. Ils ne sont pas intéressés par la politique. Petit à petit, ils réalisent qu’ils faut qu’ils participent plus et qu’ils votent s'ils veulent influencer la décision finale, mais il y a encore du chemin !

Selon les estimations, si un candidat à la présidentielle veut remporter l'élection, il doit gagner entre 40 et 45% de votes Hispaniques. Ce qu’il se passe en ce moment c’est que la plus part des Latino-Américains sont contre le Parti républicain. C’est pour cette même raison que beaucoup de démocrates pensent que Donald Trump ne pourrait pas devenir président : une infime partie des Latinos vont voter pour lui.

FRANCE 2. « Ils apportent avec eux la drogue. Ils apportent le crime. Ce sont des violeurs ». Voilà certaines déclarations de Donald Trump à propos les Latinos. Et pourtant, certains Hispaniques votent tout de même pour le Parti républicain. Selon un sondage récent, 18% d’entre eux comptent voter pour Donald Trump le 8 novembre prochain. Comment pouvez-vous expliquer cette intention de vote tout de même élevée pour un candidat républicain ?

Laura Chinchilla. Lorsque l'on interroge la population hispanique, 30% d’entre eux expliquent que ce qui compte vraiment, c’est l’économie et l’emploi. Le plus souvent ils disent que l’immigration n’est pas un problème.

 L’immigration arrive seulement en quatrième position. Donc le problème ici ce n’est pas si Donald Trump est contre l’immigration ou si Hillary Clinton en est en faveur, mais plus la façon dont les candidats s’adressent à eux et se sentent concernés par leur préoccupations.
Les préoccupations premières des Latinos-Americains sont l'économie et les soins de santé.

Les préoccupations premières des Latinos-Américains sont l'économie et les soins de santé.

 

 FRANCE 2. Le réel problème serait donc que les Latino-Américains ne trouveraient pas un candidat qui correspond à leurs attentes. Qu'est ce que les candidats pourraient faire pour gagner le soutien des Latino-Américains?

Laura Chinchilla. Ils devraient être capable de comprendre les besoins de cette communauté. Chose que tout candidat voulant remporter une élection est censé faire.

Les Latino-Américains sont très traditionnels et la famille est très importante pour eux, tout comme pour les républicains. Ils ont une opportunité de remporter des votes ici, mais ils n’en profitent même pas.

FRANCE 2. Vous insinuez que le Parti républicain pourrait remporter plus de votes Hispaniques, mais ils n’essayeraient même pas?

Laura Chinchilla. Exactement. Ils devraient se concentrer sur les valeurs familiales. Par exemple beaucoup de Latino-Américains sont contre l’avortement, tout comme les républicains. Pourtant, ils n’utilisent pas ces sensibilités similaires pour remporter des voix.

FRANCE 2. L’actuel président des Etats-Unis, Barack Obama est noir. Si Hillary Clinton est élue présidente, elle serait la première femme élue à ce poste aux Etats-Unis. Pensez-vous que les Américains seraient prêts à élire un président Hispanique lors d'une prochaine élection?

Laura Chinchilla. Je pense que les Etats-Unis sont prêts à avoir un président Latino-Américain, parce ce qu’ils étaient prêts pour Barack Obama et ca veut dire beaucoup dans ce pays. Ce qu’il ne faut pas oublier aussi c’est que parfois il ne faut pas se focaliser sur l’origine ou le genre mais plus si le candidat a un programme intéressant ou pas.

Propos recueillis par Clémentine Boyer Duroselle

 

Publié par France 2 Washington / Catégories : Non classé