Les enfants adoptés aux Etats-Unis entre les années 1950 et 1980 n’ont pas reçu la nationalité américaine.

Pendant des décennies, les Etats-Unis n’ont pas reconnu les enfants étrangers adoptés par des Américains comme citoyens américains.

Visa d'un bébé né en Corée du Sud pour retourner aux Etats-Unis avec ses nouveaux parents. Photo de Kyong-Ah Jong

Visa d'un bébé né en Corée du Sud pour retourner aux Etats-Unis avec ses nouveaux parents. Photo de Kyong-Ah Jong

Après la seconde guerre mondiale, beaucoup d’Américains ont adopté des enfants en Allemagne. Après la guerre de Corée, environ 100 000 Coréens ont été adoptés par des Américains. L’histoire se répète pour la guerre du Vietnam, et la révolution iranienne. Adopter des enfants à l’étranger était très populaire aux Etats-Unis jusqu'aux années 2000. Le processus était simple et le délai d’attente très court. Pour le plus grand bonheur des parents qui pouvaient ramener à la maison leur bébé de quelques mois seulement. Ces enfants ont été élevés aux Etats-Unis, et leur langue maternelle est l’anglais.

En grandissant, ils ont voulu voyager, et ont demandé des passeports. Demandes rejetées.

Ils ont voulu aller à l’Université et ont demandé des prêts étudiants. Demandes rejetées.

Petit à petit ces enfants sont devenus grands et ont découvert qu’ils n’avaient pas la nationalité américaine.

Il leur était impossible de trouver du travail. Pire, ils ont découvert qu’ils étaient sur le sol américain illégalement. Certains d’entre eux ont même été deportés dans leur pays de naissance.

A ce moment là, il n’y avait que très peu de supervision et les agences d’adoption étaient elles-mêmes mal informées. Les parents n’étaient alors pas au courant qu’il fallait demander à ce que leur enfant devienne citoyen américain.

Document prouvant que Kyong-Ah Jong, utilisant maintenant le prénom Jane est devenue une citoyenne Américaine. Photo de Kyong-Ah Jong

Document prouvant que Kyong-Ah Jong, utilisant maintenant le prénom Jane, est devenue une citoyenne américaine.
Photo de Kyong-Ah Jong

Aujourd’hui beaucoup de parents d’enfants adoptés à l’étranger se retournent contre le gouvernement américain.

Selon le Service d’Immigration et de Citoyenneté américain, un enfant adopté à l’étranger par des parents américains reçoit automatiquement la nationalité américaine. Mais la subtilité de ce message - et ce que peu de personnes savaient à l’époque - c’est que les parents doivent en faire la demande.

Par "automatiquement", le Service d’Immigration et de Citoyenneté américain entend que les parents n’ont pas besoin de postuler, d'entrer dans un long processus pour que les enfants deviennent Américains, plus simplement ces enfants sont dans le droit d’acquérir la même nationalité que leur parents, mais il faut la demander.  Une procédure simplissime mais inconnue par les personnes concernées.

Par "automatiquement", les parents et beaucoup d'agences d’adoption pensaient qu’ils n’avaient aucune démarche à faire. Erreur. En arrivant sur le sol américain, ces enfants ont reçu le statut de résident permanent, mais ne savaient pas qu’il fallait renouveler leur carte de résident permanent régulièrement. Une fois que la carte est périmée, il devient compliqué de la renouveler.

Ils ont grandi avec les avantages d’être Américains, sans savoir qu’ils ne l’étaient pas.

En grandissant, ces enfants ont pu obtenir un numéro de sécurité social, passer leur permis de conduire, certains ont même pu voter! Mais lorsqu’ils ont voulu renouveler un document officiel, les documents administratifs qu’ils avaient n’étaient plus suffisants.

Que s’est-il passé entre temps?

Le gouvernement est devenu beaucoup plus strict à la fin des années 90 et début des années 2000, et demandait plus de justificatifs pour renouveler ou acquérir des documents officiels.

The Child Citizenship of 2000

"The Child Citizenship of 2000"

Lorsque le pot au roses à été découvert à la fin des années 90, le gouvernement a réagi et une loi a été votée  «The Child Citizenship Act» en février 2001. Cette loi garantit la nationalité américaine pour tout enfant de moins de 18 ans adopté à l’étranger. Plus de 100 000 adoptés ont pu en bénéficier.

Mais que se passe t-il pour ceux qui ont plus de 18 ans?

Beaucoup d’entre eux sont explusés.

Photo de famille de Ki Hong. Il avait 2 ans lorsqu'il a été adopté par des parents Américains

Photo de famille de Ki Hong. Il avait 2 ans lorsqu'il a été adopté par des parents américains

Ki Hong en a fait les frais. Dans une interview au Washington Post le 2 septembre dernier, il explique qu’il s’est retrouvé apatride. Il avait plus de 18 ans lorsque le «Child Citizenship Act» a été voté, il est donc susceptible d’expulsion. Il vit maintenant comme un immigrant illégal, ayant peur d’être renvoyé à tout moment vers un pays qu’il ne connait, et dont il ne parle même pas la langue.

Une seconde loi pour faire justice

Depuis novembre 2015, la sénatrice démocrate de l’Etat du Minnesota, Amy Klobuchar se bat pour proposer une seconde loi, incluant cette fois-ci les enfants ayant plus de 18 ans, «the Adoptee Citizenship Act». Cette loi est toujours en attente d’être votée. « Ces enfants adoptés ont grandi dans des familles américaines, sont allés dans des écoles américaines, vivent comme des américains typiques. Cette menace constante [d’être renvoyé] est injuste, nous devons reconnaitre les adoptés internationaux comme citoyens américains, » explique t-elle.

La sénatrice démocrate de l’Etat du Minnesota, Amy Klobuchar propose une seconde loi, incluant cette fois-ci les enfants ayant plus de 18 ans.

La sénatrice démocrate de l’Etat du Minnesota, Amy Klobuchar propose une seconde loi, incluant cette fois-ci les enfants ayant plus de 18 ans.

De nos jours, les ambassades et agences d’adoption internationales sont bien mieux informées, et ce genre de déboires n'est plus d’actualité.

Cependant, plus de 75 000 adoptés sont encore dans l’attente d’une régularisation de leur statut.

 

Clémentine Boyer Duroselle

Publié par France 2 Washington / Catégories : Non classé