Quand un nouvel événement montre que la communication de crise n'est pas quelque chose d'inné...
1er round, les réactions à chaud
Samedi soir, une bombe a explosé en plein coeur de Manhattan, dans le quartier de Chelsea. Pendant plusieurs heures, rien ne filtre concernant l'origine de l'explosion, et les autorités, manquant d'informations, prennent longtemps des pincettes pour désigner la nature de l'explosion.
Mais tout le monde n'a pas pris ce genre de précaution. Donald Trump, à peine descendu de son avion pour donner un meeting à Colorado Spring, dans le Colorado, s'est empressé de dire à ses électeurs qu'une "bombe" avait explosé à New York - alors même qu'à ce moment-là, personne ne savait ce qu'il s'était réellement passé.
Le candidat républicain a ensuite été très critiqué pour avoir parlé si tôt et sans rien savoir. Cependant, l'empressement était le même côté démocrate, puisqu'Hillary Clinton a employé le même terme à peu près au même instant, alors qu'elle s'adressait à des journalistes dans son avion de campagne.
Mais cela n'a été découvert que plus tard. En effet, la chaîne d'informations CNN, qui couvrait l'événement, est accusée d'avoir trafiqué les images d'Hillary Clinton, et d'avoir coupé toutes mentions d'une "bombe." C'est un journaliste d'ABC, présent dans l'avion de campagne, qui a plus tard révélé le pot aux roses. Bref, alors que les médias sont souvent accusés de parler sans aucune confirmation, les deux candidats à la présidentielle ont prouvé ce week-end qu'ils en étaient eux aussi capables, et que leur communication de crise est peut-être à revoir.
2ème round, les confirmations
Après une journée de dimanche plutôt confuse et aux informations contrastées, les autorités annoncent, lundi, qu'un suspect est recherché. Il s'agit d'Ahmad Khan Rahami, un homme de 28 ans, qui sera arrêté quelques heures plus tard dans l'Etat du New Jersey, proche de la ville de New York.
Hillary Clinton et Donald Trump prennent rapidement la parole. On retrouve alors les clivages traditionnels, redondants pendant cette campagne. D'un côté la candidate de "l'expérience" et de "l'unité" face à la menace terroriste. De l'autre celui adepte de l'adage "il vaut mieux prévenir que guérir," qui a argué hier en faveur du profilage.
.@HillaryClinton: NJ, NY suspect arrest a "sobering reminder" of need for steady leadership "in a dangerous world." https://t.co/KZzucTjqzO
— ABC News Politics (@ABCPolitics) September 19, 2016
La confirmation de la bombe a également donné à Trump l'occasion de se réjouir, puisqu'il s'est donc avéré qu'il disait vrai quand il parlait de "bombe" dès samedi soir. Un point qu'il n'a pas manqué de relever, hier pendant une intervention : "Je devrais être journaliste," a-t-il dit pendant une interview sur la chaîne de télévision Fox News, "car j'ai donné l'information avant les autres. Et ce que j'ai dit était tout à fait vrai."
Hillary Clinton, quant à elle, a incité à la modération : "Devant de tels événements, c'est important de connaître les faits avant de pouvoir s'exprimer. Il est plus sage d'attendre d'avoir toutes les informations en main, avant de faire des conclusions hâtives.
Vers quel 3ème round ?
Deux candidats, deux styles. Ce n'est pas une nouveauté, mais, pour tous les électeurs américains, c'est une piqûre de rappel, à tout juste une semaine du premier débat télévision qui opposera Clinton et Trump. L'attaque sera-t-elle un sujet du débat ?
En tous cas, la sécurité intérieure sera au menu. D'autant qu'Ahmad Khan Rahami, né en Afghanistan, est au Etats-Unis depuis très longtemps et a obtenu la nationalité américaine. Comment gérer ces radicalisations, qu'on appelle aux Etats-Unis homegrown terrorism (= terrorisme intérieur) ?
Les premières ébauches de programmes de déradicalisation sont en cours aux Etats-Unis. En avril, dans le Minnesota, quatre hommes accusés d'avoir apporté un soutien matériel à l'organisation Etat islamique avaient été présentés à Daniel Koehler, un expert allemand de la déradicalisation, pour qu'il puisse se prononcer sur leurs chances de réhabilitation.
Autre exemple réussi : il y a deux semaines, Jesse Morton, un ancien recruteur d'Al-Qaïda maintenant repenti, faisait son entrée au sein de la prestigieuse George Washington University, pour enseigner au Centre de cybersécurité et de sécurité intérieure. L'homme avait passé plus de 10 ans derrière les barreaux, d'abord pour trafic de drogue, puis pour avoir monter un groupuscule sur Internet, appelant ouvertement à tuer des Américains. C'est pendant son séjour en prison que le FBI assure être parvenu à le déradicaliser.
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