Barack Obama finira-t-il par gracier Edward Snowden ?

Le temps est compté, alors les soutiens d'Edward Snowden mettent les bouchées doubles pour que Barack Obama accorde son pardon au lanceur d'alerte avant son départ de la Maison Blanche. Hier, une nouvelle pétition en ligne a été lancée par Amnesty International, Human Rights Watch et l'Amercian Civil Liberty Union (ACLU), une puissante association de défense des libertés.

L'appel a déjà été signé par un casting de choix, composé, entre autres, des acteurs Daniel Radcliffe et Viggo Mortensen, du cofondateur d'Apple Steve Wozniak, ou encore des deux journalistes qui ont travaillé avec Snowden en 2013, Glenn Greenwald et Laura Poitras.

Eric Holder, l'ancien procureur général des Etats-Unis, a déclaré que le lanceur d'alerte a "rendu service aux citoyens, en provoquant un débat et des changements." Côté politique, Bernie Sanders a appelé à la "clémence" à l'égard d'Edward Snowden.

Snowden, désormais réfugié en Russie, risque jusqu'à 30 ans de prison. Ancien membre de l'agence de renseignement américaine NSA, le gouvernement américain lui reproche d'avoir révélé l'ampleur du réseau de surveillance mis en place après les attentats du 11 septembre. Il est accusé d'avoir enfreint l'Espionage Act, une loi datant de la Première guerre mondiale, et que beaucoup jugent non adaptée au monde actuel.

Mais la Maison Blanche reste ferme. Dans une allocution à la presse hier, le porte-parole Josh Earnest a réaffirmé que Snowden avait mis en péril "les secrets de sécurité nationale des Etats-Unis" et qu'il devait "rentrer pour être jugé." En juillet, le gouvernement avait déjà mis fin à une pétition rassemblant 170 00 signatures.

Cette nouvelle campagne, disponible sur le site PardonSnowden.org, aura-t-elle de meilleurs résultats ? Les soutiens de Snowden mettent en tous cas tout en oeuvre pour y parvenir.

Dans le Washington Post daté d'hier, l'ACLU a publié une page entière de publicité, avec un lien vers la pétition accompagné de la mention "Edward Snowden s'est battu pour notre liberté. Il est temps qu'il ait la sienne."

Pour les soutiens de Snowden, si le lanceur d'alerte a enfreint la loi américaine, c'était pour agir pour le bien commun. Ils déclarent que, grâce à lui, des lois anticonstitutionnelles ont été amendées, et que la vie privée des citoyens est mieux protégée, notamment sur Internet.

Anthony D. Romero, le directeur exécutif de l'ACLU, a publié hier une tribune dans laquelle il écrit : "Il est incontestable que notre démocratie se porte mieux grâce au travail d'Edward Snowden, et c'est précisément pour des cas comme celui-ci que le pouvoir de gracier existe. Le Président américain devrait utiliser ce pouvoir pour agir pour le bien, plutôt que de laisser un lanceur d'alerte américain bloqué en exil."

Depuis la Russie, Edward Snowden s'est dit "ému de recevoir autant de soutien." Il a également insisté sur le rôle des lanceurs d'alerte, qu'il a décrit comme des "contre-pouvoirs face aux abus de pouvoir."

Le lancement de la pétition correspond à la sortie du film Snowden, réalisé par Oliver Stone, qui lui aussi se bat pour la liberté du lanceur d'alerte. On rappellera également le très bon documentaire Citizenfour, réalisé par une des journalistes qui a travaillé avec Snowden en 2013, Laura Poitras.

Anne Pouzargues

Publié par France 2 Washington / Catégories : Non classé