Les tribus amérindiennes protestent contre la construction d'un oléoduc

Ce serait le plus grand rassemblement de tribus amérindiennes depuis la bataille de Little Bighorn en 1876. Depuis avril, des milliers de Sioux et d'autres Amérindiens ont convergé vers Standing Rock, une réserve indienne située dans l'Etat du Dakota du Nord, pour protester contre la construction d'un oléoduc qui devrait traverser leur territoire.

Difficile de se faire entendre face à la puissante compagnie pétrolière du Texas, qui compte investir près de 4 milliards de dollars dans le projet, et pour qui l'oléoduc serait "un grand pas pour permettre aux Etats-Unis d'être autosuffisant en pétrole."

Mais les Amérindiens sont aujourd'hui des milliers à Standing Rock, venus de plus d'une centaine de tribus. Le campement est désormais organisé en un véritable village, et sa taille a explosé ses derniers jours, comme le montre les photos que le journaliste canadien Tim Fontaine a publié sur son compte Twitter :

Demain, la justice doit statuer sur la légalité des permis de construire qui ont été accordé à la compagnie pétrolière. C'est peut-être, pour les tribus, la dernière chance de voir le projet, si ce n'est annulé, au moins déplacé vers un autre endroit.

Car le litige est avant tout d'ordre territorial. Selon le tracé actuel, l'oléoduc devrait passer au milieu d'une terre sioux, qui contient des constructions ancestrales et des terrains historiques et spirituels importants pour la communauté amérindienne.

L'autre volet de protestation est écologique, puisque les Sioux craignent une contamination des eaux de la région, qui pourrait avoir de graves conséquences à la fois sur les hommes et sur l'environnement.

Le week-end dernier, à quelques jours de la décision de justice, les tensions ont redoublé entre les manifestants et la compagnie pétrolière. Une trentaine de personnes ont été arrêtées, pour avoir tenter de bloquer l'avancée des travaux. La candidate des Verts, Jill Stein, s'est rendue sur place pour témoigner de son soutien aux Amérindiens. Ils ont aussi été rejoints par des fermiers et des habitants de la région.

"Notre cause est juste," a déclaré au journal The Denver Post Dave Archambault II, le chef de la tribu Sioux de Standing Rock. "Ce que nous ferons aujourd'hui aura une importance pour les générations futures."

Le territoire de la Grande réserve Sioux en 1868.

Le territoire de la Grande réserve Sioux en 1868.

Fin août, Archambault avait publié une tribune dans le New York Times, appelant les autorités à penser aux conséquences que pourrait avoir l'oléoduc sur le long terme. Environ 9000 personnes font aujourd'hui partie de la tribu, et vivent et travaillent sur ce terrain. Standing Rock fait partie de la Grande réserve sioux dont la création avait été décidée en 1868 et officialisée par le traité de Fort Laramie.

En marron, les territoires qui composent la Grande réserve sioux aujourd'hui.

En marron, les territoires qui composent la Grande réserve sioux aujourd'hui.

Mais le territoire a été petit à petit morcelé et violé dès 1874 avec la découverte de mines d'or dans le Dakota du Sud. Aujourd'hui, l'espace se réduit à quelques portions de terrain réparties dans le Dakota du Nord, le Dakota du Sud et le Nebraska.

Selon le dernier recensement, 2,9 millions d'Américains seraient Amérindiens - ce qui représente environ 1% de la population totale. Ils se trouvent en majorité en Californie, dans l'Arizona et en Oklahoma. Seuls deux membres du Congrès sont issus de la communauté amérindienne.

A.P.

Publié par France 2 Washington / Catégories : Non classé