Football américain : un joueur refuse de se lever pendant l'hymne national

Pour la troisième fois en deux semaines, Colin Kaepernick, le quarterback de l'équipe de football américain de San Francisco, ne s'est pas levé hier, pendant la diffusion de l'hymne national au début du match qui opposait son équipe à San Diego.

Il s'agit pour lui d'une manière de protester contre les discriminations et les violences policières contre la communauté afro-américaine. Dans une interview avec la National Football League, la ligue de football américain, il explique ainsi : "Je ne vais pas me lever ni exprimer de la fierté pour un pays qui oppressent les Afro-Américains et les personnes de couleur."

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Les San Francisco 49ers contre les Baltimore Ravens, pendant la finale du Super Bowl 2016.

"Pour moi, ce problème dépasse le football et ce serait égoïste de ma part de faire comme si rien ne se passait. Il y a des corps dans les rues, pendant que les coupables s'en sortent sans conséquences," a-t-il ajouté.

Avant Kaepernick, d'autres sportifs avaient déjà protesté contre ces violences, comme des joueuses de la ligue féminine de basket début juillet. Mais le geste du quarterback est particulièrement mal passé auprès de nombreux Américains. Dans un pays où les symboles nationaux, et particulièrement l'hymne, sont les objets d'un respect exacerbé, il est difficile d'y toucher.

Rappelons-nous, pendant les Jeux Olympiques, le scandale qu'avait provoqué la gymnaste Gabrielle Douglas, médaillée d'or au concours par équipe, qui avait oublié de mettre la main sur le coeur pendant que retentissait le Star-Spangled Banner - La Barrière étoilée, nom de l'hymne américain. Elle avait dû s'excuser publiquement par la suite.

De la même manière, la colère a vite éclaté avec le refus de Kaepernick de se lever. Plusieurs supporters des San Francisco 49ers, ont ainsi posté sur les réseaux sociaux des vidéos les montrant en train de brûler leur maillot au nom du quarterback.

Pour contrer ce mouvement, des anciens combattants ont voulu montrer leur soutien en lançant sur Twitter le hashtag #VeteransForKaepernick (= Les anciens combattants soutiennent Kaepernick). Preuve de la complexité derrière la protestation du footballeur, et de la division de la société américaine sur de tels sujets sociaux.

Aux Etats-Unis, les Noirs ont trois fois plus de chance d'être tués par la police que les Blancs, selon le site Internet mappingpoliceviolence.com. 346 Afro-Américains ont été tués par des policiers en 2015, et ce chiffre s'élève déjà à 160 pour l'année 2016.

Au-delà du nombre de morts, c'est aussi l'absence de jugement des fonctionnaires de police, ou, si jugement il y a, l'absence de peines prononcées à leur égard, que visait la protestation de Kaepernick. En 2015, 97% des policiers mêlés à ces affaires s'en sont sortis sans être inquiétés.

A.P.

Publié par France 2 Washington / Catégories : Non classé