Une enquête fédérale publiée aujourd'hui a révélé que la police de Baltimore faisait preuve de préjugés raciaux et de discrimination. Le rapport est tombé comme un coup de tonnerre, révélateur d'une réalité que beaucoup d'habitants connaissent au quotidien. Nous vous en présentons les points clés :
Arrestations et contrôles abusifs
- 44% des arrestations et contrôles abusifs ont eu lieu dans deux quartiers dont la population est majoritairement afro-américaine. Or ces deux quartiers ne représentent que 11% de la population de Baltimore.
- Des centaines d'individus ont été contrôlés plus de 10 fois entre 2010 et 2016, et sept ont été contrôlés plus de 30 fois.
- Sur tous ces contrôles, seulement 3,7% ont abouti à des arrestations.
Discriminations à l'encontre des Afro-américains
- 95% des personnes contrôlées plus de 10 fois sont des Afro-américains.
- 82% des véhicules arrêtés lors de contrôles routiers étaient conduits par des Afro-américains.
Usage excessif de la force
- Utilisation fréquente de la force quand la personne interrogée ne suit pas les ordres verbaux.
- Utilisation de la force contre des personnes déjà détenues.
Les conclusions du rapport montrent qu'il est nécessaire de mieux former les officiers de police de la ville de Baltimore. La maire Stephanie Rawlings-Blake s'est exprimée dans l'après-midi, déclarant que ce rapport était "dur à entendre" mais qu'il fallait en tirer les conséquences pour "établir de meilleures relations entre la police et les habitants."
This morning I joined @CommishKDavis and @TheJusticeDept to discuss release of the "Findings Report". pic.twitter.com/qm4HiiKctt
— Stephanie (SRB) (@MayorSRB) August 10, 2016
Marilyn J. Mosby, la procureure générale de l'état du Maryland, où se situe Baltimore, a également réagi : "La vaste majorité des officiers de police de la ville de Baltimore sont de bons officiers, mais nous sommes conscients qu'il y a des mauvais officiers, que nous n'avons pas réussi à surveiller, à entraîner et à responsabiliser."
L'enquête avait été ouverte en avril 2015, à la suite de la mort de Freddie Gray, un Afro-américain de 25 ans mort dans un fourgon de police alors qu'il était transporté au commissariat. Des émeutes avaient embrasé la ville dans les semaines suivantes, et à nouveau lorsque trois des six policiers accusés du meurtre avaient été acquittés (les charges ont été abandonnées contre deux autres, et le dernier a bénéficié d'un vice de procédure).
La publication des conclusions intervient dans un contexte tendu, puisque depuis quelques mois les relations sont électriques entre les officiers de police et la communauté Afro-américaine. Depuis le printemps, plusieurs Afro-américains ont été tués par la police ; des officiers de police ont également été tués, notamment lors de la fusillade de Dallas. Sur les réseaux sociaux, ce sont les hashtags qui s'opposent, #BlackLivesMatter - "Les vies des Noirs comptent" - contre #BlueLivesMatter - Les vies des bleus (=des policiers) comptent.
Le cas de Baltimore est donc loin d'être un cas isolé. Des enquêtes similaires sont d'ailleurs en cours dans d'autres villes américaines, comme Chicago ou San Francisco.