Que retenir de la Convention démocrate à Philadelphie ?

Après quatre jours de discours et de votes, la Convention démocrate s'est achevée hier. Plus de 50 000 personnes, délégués, membres du parti et journalistes se seront retrouvés dans l'immense salle Wells Fargo de Philadelphie. La Convention aura coûté 80 millions d'euros - somme payée en grande partie par le parti démocrate et la ville de Philadelphie.

Hier soir, c'est le discours d'Hillary Clinton qui a clos la soirée. Le maître-mot : "ensemble." La semaine dernière à Cleveland, Donald Trump a déclaré qu'il était le "seul" à pouvoir régler les problèmes. La rhétorique d'Hillary Clinton, c'est justement l'inverse : s'unir pour aller mieux, régler les problèmes ensemble. "Personne ne peut diriger seul," a-t-elle dit. Elle a insisté sur son expérience en politique - huit ans en tant que Sénatrice de New York, puis Secrétaire d'état de Barack Obama.

Dans l'ensemble, la Convention s'est donc terminée dans une meilleure atmosphère qu'elle ne s'était ouverte. Les partisans de Bernie Sanders n'étaient pas résignés - ils portaient ce soir des tee-shirts jaunes, fluorescents dans la pénombre de la salle, et continuaient ainsi leur combat - mais semblaient être d'accord sur le fait qu'il leur faut s'unir contre Donald Trump.

Malgré un mauvais départ, les Démocrates semblent, à l'issue de ces quatre jours, plus unis qu'ils ne l'étaient lundi. L'unité a été acquise par quelques orateurs marquants de cette semaine : Joe Biden, qui a ravivé la flamme du patriotisme mercredi ; Bernie Sanders, qui a tout fait pour que ses électeurs se rallient au parti démocrate, malgré les scandales et les fuites d'e-mails ; et Barack Obama, qui a hier presque donné les clés de la Maison Blanche à Hillary Clinton.

La candidate démocrate a esquissé les lignes d'un programme somme toute assez classique, mais orienté vers la gauche suite à la primaire qui l'a opposée à Sanders.Thèmes principaux : emplois, salaire minimum, éducation gratuite ; égalité entre tous les citoyens ; et une mention spéciale au traité transpacifique (TPP), auquel beaucoup de Démocrates (et de Républicains) s'opposent.

Mais cela reste vague, et la déception demeure : une très grande majorité des discours de cette Convention (y compris une partie de celui de Clinton) ont été des discours "anti-Trump," expliquant pourquoi ce dernier ne devait pas accéder à la Maison Blanche. On aurait aimé plus de fond, plus d'idées, plus de débats. Moins de souvenirs des années passées, et plus de plans pour le futur. Etre dans la contre-offensive, répondre aux attaques des Républicains, est-ce vraiment la meilleure solution pour gagner des électeurs, récupérer des voix qui penchent vers le bulletin Trump ? Rien n'est moins sûr.

Ce qu'il manque à Clinton, c'est l'atout de Trump : une masse d'électeurs dévoués, prêts à faire plusieurs heures de route pour aller voter le 8 novembre. Et la stratégie mise en place par les Démocrates ne sera sûrement pas suffisante pour les convaincre de changer d'avis. Il faut des propositions, des idées innovantes, un renouveau, que nous n'avons pas vraiment eu hier soir. 

A l'issue de ces deux semaines de Conventions, c'est donc ça qui nous a manqué : de véritables programmes. A la place, nous avons eu, souvent, un concours d'attaques et d'insultes. A quoi s'attendre, alors, pendant les débats entre les deux candidats, qui commenceront en septembre ?

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Publié par France 2 Washington / Catégories : Non classé