On l'annonçait hier, et ça n'a pas manqué: pendant le meeting commun de Bernie Sanders et Hillary Clinton hier dans le New Hampshire, le Sénateur du Vermont a déclaré qu'il soutenait officiellement la candidature de la Secrétaire d'état à la Présidentielle. "Elle sera une présidente remarquable," a-t-il dit.
Alors, qu'est-ce qui a finalement convaincu Sanders, lui qui a réuni plus de 13 millions d'électeurs pendant la campagne des primaires, à se joindre à la Secrétaire d'état ? Tout d'abord, il a négocié fermement pour que le programme du parti démocrate, qui sera ratifié à la Convention de Philadelphie fin juillet, soit "le plus progressif de l'histoire du parti."
Il a notamment obtenu une augmentation du salaire minimum à 15 dollars de l'heure - au lieu des 12 que voulait Clinton - et l'éducation à l'université gratuite pour les étudiants issus de familles gagnant moins de 125 000 dollars par an. Selon l'équipe de Sanders, cela représenterait plus de 80% des étudiants. La ligne du parti est donc effectivement plus à gauche que d'ordinaire, ce qui illustre la volonté de beaucoup d'électeurs démocrates.
Autre point qui a sans doute poussé Sanders à se rallier à son ancienne rivale: le combat contre Trump. Sanders a en effet toujours répété que l'accès au pouvoir du présumé candidat républicain serait un "désastre" pour les Etats-Unis; hier, dans le New Hampshire, il l'a encore répété, appelant tous ses électeurs à faire barrage à Trump.
Mais le leader de la "révolution politique" américaine sera-t-il écouté ? Sur les réseaux sociaux, les réactions de ses électeurs sont en effet très mitigées. Si beaucoup reconnaissent la nécessité d'empêcher Trump d'accéder au pouvoir, d'autres ont d'ors et déjà annoncé qu'ils se tourneraient vers les third party candidates, comme Jill Stein (Verts) ou Garry Johnson (Libertariens), qui représentent un renouvellement de la classe politique, au contraire de Clinton.
Stein a d'ailleurs très vite réagi à l'annonce de Sanders, qu'elle avait appelé à former une alliance avec son parti. Reprenant à son compte la "révolution politique," elle a écrit sur Twitter: "Si vous ne voulez voter ni pour une candidate belliqueuse, ni pour un candidat raciste, il y a d'autres options. La révolution politique continuera."
Et qu'en est-il du futur de Bernie Sanders ? Pour certains observateurs, le choisir comme vice-président est la seule chance pour Hillary Clinton de s'assurer les voix des électeurs déçus du candidat - mais ce scénario reste encore plus qu'incertain. Sanders prendra d'abord la parole lors de la Convention démocrate, et devrait aider Clinton sur le terrain,dans des états qu'il a largement remportés lors des primaires, comme le New Hampshire, le Wisconsin ou le Minnesota.
Il aura en tous cas mené une campagne de fond, focalisant le débat sur des sujets cruciaux comme la sécurité sociale ou l'éducation, et ralliant à sa cause beaucoup d'Américains habituellement éloignés de la vie politique, au premier rang desquels les jeunes, qui formeront la génération politique de demain.