C'est la question que tout le monde se pose ces temps-ci aux Etats-Unis. Vers qui se tourneront les électeurs de Sanders, déçus de la non-nomination de leur candidat, lors de l'élection présidentielle en novembre ?
Ils représentent un grand nombre, et pourraient s'avérer être décisifs sur le résultat final de l'élection; depuis quelques semaines, tout le monde leur fait donc des signes pour les pousser à se rallier à tel ou tel parti: les Démocrates avec Clinton, les Verts avec Jill Stein, et les Républicains avec... Trump, qui a à plusieurs reprises répété qu'ils seraient "accueillis à bras ouverts."
Alors certes, le candidat socialiste et Trump partagent quelques idées, notamment sur la renégociation du traité trans-pacifiques, et une forte opposition aux élites politiques qui ne se renouvèlent pas.
De là, et par un truchement de raisonnement, il n'y a plus qu'un pas à dire ou à penser que les électeurs de Sanders voteront finalement pour Trump; mais voilà pourquoi jamais cela ne peut se produire.
Arriver à un même constat en passant par des raisonnement opposés ne veut pas dire penser la même chose. Imaginez que deux personnes partent d'un point A, et doivent se retrouver à un point B. L'un d'eux emprunte la route de l'Est, l'autre la route de l'Ouest. Nos deux personnages arriveront tous les deux au point de rencontre, mais en ayant vu aucun des mêmes paysages sur leur chemin.
Trump et Sanders c'est ça: oui, ils défendent une ligne plus protectionniste. Mais pour le premier, c'est par racisme et pour privilégier ceux qu'il considère comme étant de "vrais" américains. Pour l'autre, c'est pour protéger les travailleurs des grandes règles internationales et rendre le monde du travail plus local, et plus humain.
Même constat pour l'appel au renouvèlement des classes politiques. C'est là toute la différence entre les deux. L'un se concentre sur l'être humain, le mieux vivre - qui passe forcément par le vivre-ensemble.
L'autre se concentre sur la mise en avant d'une certaine catégorie de personnes - les blancs, hétérosexuels, plutôt les hommes et quand même pas trop pauvres - au profit des autres qui, eux n'ont qu'à se débrouiller.
Il est vrai que, même si Sanders a annoncé qu'il voterait pour Clinton pour faire barrage à Trump (une autre preuve qu'ils n'ont vraiment rien en commun), les électeurs de Sanders ne voteront donc peut-être pas pour l'actuelle Secrétaire d'état, qui représente l'establishment qu'ils refusent.
Mais ils ne voteront certainement pas pour Trump non plus - qui n'incarne aucune des valeurs humaines, sociales et progressives que défend Sanders, et qui a tant plu à ses électeurs.
A.P.