Le gouvernement américain s’apprête à autoriser le premier vol commercial vers la Lune. Mais avant de rêver à des cratères et autres empreintes lunaires, il faudra attendre. Attendre que législation se fasse, et que le vide juridique qui a jusque-là empêché toute initiative privée de vendre à prix d’or les trajets vers notre satellite ne se remplisse.
"Nous n’avons pas l’autorité formelle pour gérer ce qui arrive en orbite ou sur d’autres corps planétaires. C’est le problème face auquel nous luttons," a expliqué au Guardian George Nield, dirigeant du Bureau de transport spatial commercial.
Pourtant, il va falloir agir vite : Moon Express, le projet lunaire basé en Floride lancé par l’entreprise Space X, est prévu pour 2017, et attend la permission du gouvernement américain. Sur son site, l’entreprise -privée- a déclaré que son robot lunaire était au point. Celui-ci devrait être lancé, après accord du gouvernement américain, pour une mission de deux semaines sur le satellite.
L’objectif de la mission sera d’explorer les territoires afin de trouver des ressources, les analyser, et finalement les rapporter sur Terre. Plus précisément, Space X est à la recherche de métaux et d’Helium-3, un composé qui bouleverserait la manière d’exploiter l’énergie nucléaire. Selon l'entreprise, la mise en place d'un vol lunaire pourrait permettre d’envisager une exploration martienne seulement un an plus tard, en 2018.
Pour le moment, seuls les Etats, et non les entreprises privées, ont été autorisés à mettre en orbite des satellites autour de la Terre. Cependant, alors que les agences gouvernementales des Etats-Unis restent embourbées dans leurs inextricables problèmes juridiques, les autres pays avancent. Début juin, le Luxembourg a ainsi annoncé être prêt à se lancer dans la course aux astéroïdes. Le but : forer les corps stellaires afin de trouver des ressources qui n’existent qu’en quantité très limitée sur Terre.
Ici, l’avance technologique est d’or : comme l’avait décidé à majorité le Congrès américain en novembre 2015, toutes les ressources dans l’espace appartiennent à celui qui les trouve.
Cette décision avait été applaudie par Eric Anderson, président et fondateur de Planetary Ressources, une entreprise américaine de forage d’astéroïdes : "Plus tard, nous verrons ce moment comme un pas de géant vers la transformation de l’humanité en une espèce multi-planètes. Cette légalisation établit le même cadre de soutien qui a créé les plus grandes économies de l’histoire, et permettra le développement de l’espace."
L'avance prise par le Luxembourg fait grande impression : au total, ce sont plus de 220 milliards d’euros de budget qui seront alloués à cette nouvelle course au forage. Les Emirats arabes unis semblent aussi plus qu’intéressés par le nouveau territoire illimité qu’offre l’espace. Dans cette loi de la jungle très libérale, les Etats-Unis ont peut-être déjà été doublés par plus rapides qu’eux.
A.S.