Dans les eaux bleues des Antilles, au large de la République Dominicaine, le territoire de Porto Rico, rattaché aux Etats-Unis depuis 1988, peut passer pour un petit paradis sur Terre. Mais depuis 2006, l'île vit un véritable cauchemar financier. Sa dette s'élève à plus de 72 milliards de dollars, soit plus de 90% de son produit intérieur brut (PIB).
En cause, le départ des industries quand, en 2006, le Congrès supprime le système d'exemptions fiscales que Porto Rico avait mis en place pour attirer les entreprises. Le territoire s'enfonce alors dans la récession, perdant près de 16% de sa production et 10% de son PIB, et sa compétitivité s'effondre. L'émigration de masse qui s'ensuit, notamment vers le Sud des Etats-Unis, Floride en tête, accentue encore les difficultés économiques.
L'année dernière, le gouvernement portoricain a annoncé qu'il ne pourrait pas honorer sa dette. A cause de son statut particulier, Porto Rico ne peut pas bénéficier de la loi des faillites, dont ont bénéficié, par exemple, les villes de Détroit en 2013, et de San Bernardino en 2012. Depuis, le gouvernement a donc tenté de chercher des solutions pour sauver le territoire.
La semaine dernière, l'administration Obama a présenté, conjointement avec un groupe dirigé par le Républicain Paul Ryan, une mesure pour annuler la dette de Porto Rico; en contrepartie, le territoire serait placé en quelque sorte sous tutelle, avec un organisme qui aurait droit de regard sur le budget de l'île.
Un compromis qui ne plaît pas à tout le monde, et en particulier à Bernie Sanders et à quelques Sénateurs de gauche. "Il serait temps de considérer Porto Rico non pas comme une colonie, mais comme un territoire américain à part entière," a déclaré Sanders, critiquant le droit de regard qu'aurait l'Etat sur le budget de l'île.
Pour lui, cela risque en effet d'enrichir Wall Street, tout en ne profitant pas aux Portoricains. Sanders critique aussi la possibilité qu'aurait le gouverneur de réduire le salaire minimum à 4,25 dollars de l'heure.
Clinton, elle, a annoncé soutenir la loi. Le caucus démocrate de Porto Rico aura lieu dimanche 5 juin; 67 délégués sont en jeu.