Bientôt un mois qu'ils sont en grève. Et les employés de Verizon, le plus grand groupe de télécoms des Etats-Unis, ne comptent pas s'arrêter là. Alors que les troubles continuent au sein de l'entreprise, nous sommes allés à la rencontre de ceux qui se battent dans la capitale américaine.
Nous sommes au coeur de Washington DC, dans le quartier d'affaires de Dupont Circle. Comme chaque jour depuis le 13 avril, premier jour de la grève, des employés de Verizon se rassemblent devant la boutique du groupe, au coin des rues L et 18. Ils sont une vingtaine, parfois plus, à défiler sans cesse devant le magasin, brandissant des pancartes et interpellant les passants pour les sensibiliser à leur combat.
La grève des employés de Verizon a deux causes principales:
- les délocalisations internes, qui forceraient les employés à travailler dans d'autres états que celui où ils sont actuellement basés. A Washington par exemple, ils pourraient être muter dans les états proches comme la Virginie ou le Delaware. Cette mobilité forcée pourrait séparer les employés de leurs familles.
- les coupes dans les assurances santé. Verizon demande à ses employés de contribuer plus à leur couverture médicale. Aux Etats-Unis, où ces assurances sont prises en charge par les entreprises, de nombreuses personnes ne pourraient y avoir accès sans l'aide de leur employeur.
La direction a proposé d'augmenter les salaires sur 5 ans, en échange de ces deux points. Mais les mesures présentées par Verizon sont d'autant moins acceptables pour les employés que l'entreprise n'est pas confrontée à des problèmes économiques; elle a fait 4,31 milliards de dollars de bénéfices en 2015, un chiffre en augmentation par rapport aux années précédentes.
Pour Gregory, un des employés de Verizon présent devant la boutique de N Street chaque jour depuis le début de la grève, "ils ne se rendent pas compte que derrière leurs employés il y a des familles entières, et qu'ils pourraient tous nous mettre en difficulté s'ils appliquent leurs mesures."
Cela fait 19 ans qu'il travaille chez Verizon. Un emploi qui lui a permis de s'établir à Washington avec sa famille, et qu'il veut défendre: "nous serons là jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée," dit-il. "Ce que nous combattons, c'est la cupidité des entreprises."
Pour l'instant, les pistes de résolutions sont minces - et le réseau téléphonique fait aussi face à un mécontentement grandissant de ses utilisateurs. Depuis le début de la grève, les problèmes s'accumulent: mauvaises connections, difficultés pour joindre le service après-vente, délai dans les livraisons... la direction de Verizon fait face sur deux fronts: ses employés, et ses clients.
Avec plus de 40 000 grévistes, cette grève est considérée comme la plus grosse de l'histoire des Etats-Unis. Soutenus par le candidat démocrate Bernie Sanders, les employés comptent bien parvenir à faire entendre leur voix.