Sept hommes étaient présents jeudi soit pour le dernier débat républicain avant le caucus de l'Iowa, et pourtant toute l'attention était portée sur l'absent: Donald Trump. Le milliardaire, en brouille avec Fox News, organisait son propre évènement à quelques blocs de là. En son absence, les 7 candidats qui le suivent se sont écharpés pour tenter de rester dans la course. Voici 7 citations pour résumer comment chacun s'en est sorti.
Ted Cruz : "Si vous continuez à être méchants, je vais devoir quitter la scène."
Contexte : Confronté à une suite de questions difficiles de la part des modérateurs et d'attaques des autres candidats, Ted Cruz tente une petite blague/menace en référence à Donald Trump, absent du débat.
Résultat: Perdu. Perçu comme « geignard », « inconstant » ou « peu convaincant », Ted Cruz est le grand perdant du débat d'hier. En l'absence de Trump, le deuxième homme des sondages s'est retrouvé dans la position inconfortable de l'homme à abattre. Plus habitué à l'attaque qu'à la défense, Cruz s'est réfugié dans la position de l'incompris, sur la Défense, l'immigration ou encore le budget. Sans convaincre.
Marco Rubio : "D'abord, laissez moi vous dire que je ne suis pas un sauveur. Il n'y a qu'un sauveur et c'est Jésus-Christ."
Le contexte : La question du modérateur concernait sa position de troisième des sondages dans son propre état de Floride, un désaveu.
Le résultat : Match nul. Contrairement à Ted Cruz, il est parvenu à esquiver les modérateurs de Fox News (très en verve hier soir) et les autres candidats. Les questions concernaient en particulier son revirement dans le domaine de l'immigration. Rubio était favorable à un « chemin vers la citoyenneté » mais ne soutien plus que des propositions de régularisation. Sans avoir marqué beaucoup de points, il sort à peu près intact du débat.
Jeb Bush : "C'est parfaitement légal de changer d'avis dans ce pays, mais quand on est gouverneur, il faut l'admettre."
Contexte : Autant que Marco Rubio, Jeb Bush a été attaqué sur son changement de position concernant l'immigration. Rubio a esquivé, Bush l'a admis.
Résultat : Gagné. En l'absence de Donald Trump, qui ne manquait jamais une occasion de l'attaquer, Jeb Bush s'est montré à l'aise et parfois même incisif. Malgré son style emprunté, Bush est apparu sûr de lui, que ce soit sur l'immigration - ou il a marqué des points face à Rubio et Cruz - ou sur sa famille ("je suis fier d'être un Bush"). Pour certains commentateurs, le frère de Deubeuliou s'est même montré: "présidentiel".
Rand Paul : "La guerre contre la drogue affecte les noirs de manière disproportionnée."
Contexte: Privé du précédent débat en raison de ses faibles scores dans les sondages, le libertarien Rand Paul était de retour dans l'Iowa pour jouer les trouble-fêtes.
Résultat: Gagné. A présent qu'il est écarté de la course à l'investiture, on retrouve un Rand Paul qui rend les débats plus intéressants par sa simple présence. Abrasif avec ses adversaires, apportant des éléments nuancés sur le profilage racial ou l'avortement avec conviction, c'est lui qui a le plus mis Ted Cruz en difficulté. Par comparaison avec l'intransigeance du libertarien, les atermoiements de Cruz n'ont pas fait bonne impression.
Chris Christie : "Je ne laisserai pas Hillary Clinton approcher la Maison Blanche à moins de 10 miles."
Contexte: Quelle que soit la question, le gouverneur du New Jersey n'a eu qu'une seule réponse: Attaquer Hillary Clinton.
Résultat: Match nul. Il s'est attiré quelques applaudissements à chaque attaque contre la favorite des primaires démocrates, mais Chris Christie n'a pas convaincu en se présentant comme le seul candidat en mesure de battre Hillary Clinton. Et en évitant les sujets qui fâchent, il a laissé le champ libre à ses adversaires pour les prendre à leur compte. L'hypothèse d'un retour fulgurant s'éloigne.
John Kasich : "Je suis un optimiste."
Contexte: John Kasich est le plus modéré des républicains et son objectif est le New Hampshire, ou les centristes ont leurs chances.
Résultat: Match nul. Kasich a beaucoup parlé mais peu de gens l'ont entendu. Le gouverneur de l'Ohio était si isolé des autres candidats, qui s'écharpaient sur l'immigration pendant qu'il s'intéressait aux stratégies commerciales face à la Chine, que chacune de ses intervention est apparue comme une pause dans le débat. Reste à voir si ce calme lui attirera les faveurs des modérés du New Hampshire, début février.
Ben Carson : « Putin is a one-horse country, oil and energy. »
Contexte: Difficile de traduire cette beauté de non-sens du chirurgien. Sur une question concernant la Russie, il répond approximativement: "Poutine est un pays qui ne court qu'un lièvre, le pétrole et l'énergie."
Résultat: Perdu. Il y a seulement quelques jours, Ben Carson était troisième des sondages dans l'Iowa. Depuis, il s'est effondré, et ce n'est pas ce débat qui va donner de l'énergie à sa campagne. Lors des rares fois ou il a obtenu la parole, Carson s'est montré incohérent et approximatif, particulièrement sur les sujets internationaux. Les critiques sur son manque de stature et d'expérience politique prennent un nouveau relief après cette performance transparente.