Scott Walker ne veut plus être président des Etats-Unis. En tout cas, pas en 2016. Le candidat républicain et gouverneur du Wisconsin a jeté l'éponge cette semaine. Sa décision est intervenue dix jours après celle de son ex-concurrent Rick Perry, ancien gouverneur du Texas, qui s'est également retiré de la course.
L'une des principales raison de ces retraits ? Le manque de fonds pour financer la campagne, face aux poids lourds du parti républicain. Selon le Center for Responsive Politics, Jeb Bush, Ted Cruz et Ben Carson ont par exemple récolté plus de 10 millions de dollars pour leurs campagnes.
Pourtant, les candidats démissionnaires bénéficiaient du soutien de Super PACs, ces comités qui lèvent des fonds pour soutenir (ou critiquer) des candidats, notamment en achetant des spots publicitaires. Le Super PAC qui soutenait Scott Walker s'apprêtait à lever 40 millions de dollars d'ici à la fin de l'année, selon Politico. Les trois Super PACs derrière Ricky Perry avaient récolté 17 millions de dollars.
Pour le New York Times et Politico, ces deux retraits sont donc la preuve que l'argent des Super PACs n'achète pas la Maison blanche. Quatre questions pour mieux comprendre le rôle des Super PACs dans la course à la présidentielle.
Qu'est-ce qu'un Super PAC ?
Le Super PAC est un groupe qui lève des fonds pour un candidat ou pour une cause (par exemple, la lutte contre l'avortement ou la promotion de l'égalité des chances dans les entreprises). Les fonds peuvent provenir d'individus, d'entreprises, de syndicats ou d'associations. Ils ne peuvent pas être versés aux candidats directement. Par exemple, l'argent servira à payer des spots publicitaires qui critiquent un candidat.
Ici, une publicité financée par Priorities USA, un Super PAC qui soutient Hillary Clinton :
De nombreux américains ont découvert les Super PACs grâce au comédien Stephen Colbert. Celui-ci s'est amusé à créer son propre Super PAC afin de prouver que ces derniers n'étaient soumis à aucun contrôle ou presque. Par exemple, les sommes récoltées par le Super PAC ne connaissent pas de limite (contrairement aux dons reçus par les candidats). Colbert a également montré comment l'argent récolté pouvait être dépensé en hôtels de luxe et autres voyages en jet privé, sous couvert de "frais administratifs".
Le Center for Responsive Politics recense plus de 1000 groupes organisés comme "Super PACs", qui ont récolté plus de 300 millions de dollars. Dans la liste, on compte par exemple Security is Strength ("la sécurité est une force") qui soutient le candidat Lindsey Graham, Millennials Rising derrière Jeb Bush, ou encore Priorities USA Action, pro-Hillary Clinton.
Quelle différence entre un PAC (Political Action Committee ou Comité d'Action Politique) et un Super PAC ?
C'est quasiment la même chose, sauf que les PACs sont soumis à plus de règles. Par exemple, les individus peuvent donner 2 500 dollars par élection à un PAC, au maximum. Les entreprises ne peuvent pas contribuer au fonds.
Ces règles ont été bousculées par des décisions de justice en 2010 qui ont donné naissance aux Super PACs. Depuis, leur existence est controversée. Certains craignent que l'argent coulant à flot sans contrôle ne favorise les risques de corruption des candidats, qui deviennent alors les marionnettes des lobbys les plus riches. Tout cela en toute opacité.
Les Super PACs sont censés être indépendants des candidats... Comment est-ce possible ?
En théorie, les Super PACs doivent rester "indépendants" des candidats. Mais cette règle est facilement contournée. Par exemple, au début de la campagne, un Super PAC peut co-produire une vidéo publicitaire avec un candidat, à condition que la publicité ne soit pas ouvertement en faveur de ce candidat (pas question d'inclure les mots "Votez pour moi").
L'explication du New York Times :
Un candidat peut-il manquer d'argent alors qu'il est soutenu par un Super PAC ?
Scott Walker en est la preuve. Malgré le soutien d'un Super PAC nommé "Unintimidated" et qui prévoyait de lever jusqu'à 40 millions de dollars d'ici la fin de l'année, le candidat républicain n'avait pas assez d'argent pour couvrir ses frais de campagne. Il "songeait même à licencier" une partie de son staff, selon le New York Times.
En effet, les Super PACs dévoués à Scott Walker et Rick Perry ont beau avoir levé beaucoup d'argent, les lois électorales n'autorisaient pas les deux candidats à dépenser les fonds pour payer directement leurs frais de campagne.
"Les Super PACs ne peuvent pas payer le loyer, les factures de téléphone, les salaires, les billets d'avions," écrit le journaliste du Times.
Conséquence de la démission de Perry et de Walker : les fonds des Super PACs qui les soutenaient n'ont pas été dépensés et seront redistribués aux donateurs.