La France et ses Guignol de l'Info le sait bien. L'humour a toujours fait partie du cycle de l'information. Aux Etats-Unis, Saturday Night Live est depuis longtemps une référence, avec ses sketches à tendance politique. Mais le phénomène a largement dépassé une émission culte, et les talk-shows humoristiques se multiplient sur les chaines câblées.
Dans les années YouTube, les humoristes sont à même de créer beaucoup plus de trafic, de générer des buzz là ou l'information traitée par les journalistes traditionnels s'arrête. C'est particulièrement vrai chez les jeunes américains, qui s'informent de plus en plus directement sur Youtube et les réseaux sociaux. Le symbole de cette tendance est sans doute le Daily Show de Jon Steward, devenu « la Bible des jeunes libéraux » selon les mots du Washington Post.
Les politiques américains l'ont d'ailleurs bien compris. Ils font de plus en plus d'infidélités aux correspondants de la Maison Blanche. Comme le montre très bien cette infographie créée par un journaliste du Washington Post, le président à accordé plus d'interview à Youtube en 2015 qu'à la plupart des membres accrédités du press core.
Les politiques américains font d'ailleurs souvent des apparitions sur le plateau d'émissions comiques, comme Hillary Clinton sur le plateau de John Stewart, Barack Obama sur celui de Stephen Colbert, le gouverneur Christie du New Jersey sur celui de Jimmy Fallon.
Enfin, les humoristes s'échappent du créneau satirique pour aller vers la création d'informations. Dans son dernier épisode, John Oliver, de l'émission Last Week Tonight sur HBO a eu le rare honneur d'aller en Russie pour interroger Edward Snowden. Une prouesse accomplie par une poignée de médias seulement? Mais pourquoi Snowden accepterait-il de rencontrer un comique anglais plutôt qu'un journaliste?
Car, comme le prouve John Oliver, les humoristes ont la capacité de toucher le public d'une manière qu'aucun journaliste ne pourrait atteindre. En témoigne sur interview rocambolesque. Plutôt que de s'engager dans des détails techniques, John Olive donne à Snowden l'opportunité de tout expliquer sur la surveillance de la NSA en parlant de dick-pics. En français, les photos de pénis (pour ne pas employer un mot plus vulgaire), que certaines personnes s'échangent via smartphone.
Et oui, la NSA est tout à fait en mesure d'intercepter et examiner vos dick-pics, si vous souhaitiez le savoir.