400 000 preuves ADN dans des cas de viol en attente de test aux USA

C'est un affaire qui couve depuis longtemps, mais qui n'a explosé que l'année dernière avec un chiffre symbolique. 400 000 « rape kits », les prélèvement biologiques effectués par la police scientifique dans les cas de viols, sont en attente de test aux Etats-Unis. Un « backlog » (arriéré) accumulé depuis les années 80.

La quantité de tests en attente dépend fortement en fonction des régions. A Memphis dans le Tennessee par exemple, 12 000 tests attendent sur des étagères, 20 000 dans l'ensemble du Texas. Mais le comptage des échantillons en attente n'est pas obligatoire, et le détail n'est pas connu pour la plus grande partie du pays.

Pourquoi ce retard?

Le retard accumulé est essentiellement une question de ressources. Les rape kits les plus anciens datent des années 80, à l'époque ou les bases de données n'étaient pas centralisées et il était impossible de comparer immédiatement les données d'un test ADN à l'échelle nationale. La police ne testait donc pas les kits sans avoir un suspect identifié.

Au moment ou la comparaison informatique est devenue courante, la plupart des forces de police du pays faisait déjà face à un arriéré considérable. Confrontées à ce retard et au coût toujours élevé des procédures (de 500 à 1500$ par kit), les détectives et procureurs ont continué à n'utiliser les rape kits avec parcimonie, alors même que les tests ADN devenaient monnaie courante dans les affaires de meurtre.

Pourtant, le taux d'élucidation dans les affaires de viol est très bas. Selon les données du RAINN (Rape, Abuse, Incest National Network), sur 100 viols commis aux Etats-Unis, seuls 32 sont déclarés à la police. Sur ces 32, 7 seulement aboutissent à une arrestation. Sur ces 7, 3 sont adressés à un procureur et sur ces 3, 2 seulement aboutissent à une condamnation.

Vous avez bien lu, pour 100 viols, 2 personnes condamnées.

Bientôt la fin du backlog?

La campagne menée par plusieurs groupes a finit par porter ses fruits. Le gouvernement fédéral a annoncé il y a quelques jours des mesures pour éliminer le backlog dans les prochaines années. Elles comprennent notamment un fond de 41 millions de dollars mis à la disposition des services de police pour financer le comptage et les tests de l'ensemble des échantillons stockés.

Le gouvernement fédéral prend en cela exemple sur la ville de New-York. Dans les années 90, elle faisait face à l'un des plus gros backlogs du pays. Mais dans la première moitié des années 2000, le bureau du procureur de New-York a mené une campagne de plaintes contre X associées à des kits non testés. 17 000 échantillons, datant parfois de plus de 10 ans, ont été testés avec à la clé un grand nombre de condamnations.

Publié par France 2 Washington / Catégories : Non classé