Le sondage tombe tout les ans comme une horloge. Presque chaque année depuis la fin des années 90, un sondage Gallup explique que les américains ne se sentent pas en sécurité et pensent que le crime a augmenté. En 2013, ils étaient 63% à penser que le nombre de crimes avait augmenté par rapport à 2012. On notera le titre presque blasé de l'étude: « Les Américains pensent encore que le crime augmente »
On peut le dire: L'Amérique a peur.
Pourtant, le taux de crimes aux Etats-Unis est à un niveau historiquement bas. Selon les chiffres du FBI, le taux de crimes violents a été divisé par 4 depuis les années 80. Les meurtres ont été divisés par deux, le nombre de crimes par armes à feu et de viols ont également plongés.
Les Etats-Unis n'ont sans doute jamais été aussi sûrs dans leur Histoire et pourtant les américains ont toujours peur.
C'est l'humeur de la semaine de Jacques Cardoze.
Sans surprise, la même analyse est valable au niveau international. L'arrivée de Daech a fait remonter le sentiment d'insécurité des américains aux niveaux post-11 Septembre, en tout cas si l'on en croit les déclarations fracassantes de certains élus et militaires.
• John McCain : « Il n'existe aucune mesure objective pour dire que l'Amérique est plus en sécurité. »
• Général Martin Dempsey : « Le monde est plus dangereux qu'il ne l'a jamais été. »
• Sénateur Lindsey Graham: « Échouer à détruire Daech serait ouvrir les portes de l'enfer qui se répandrait sur le monde ».
Pour commencer, oui, il existe des mesures objectives pour dire que l'Amérique est plus en sécurité qu'avant. Et non, le monde a déjà été bien plus dangereux qu'il ne l'est aujourd'hui. Dans ces circonstances, il faut admirer la retenue de Barack Obama qui déclare:
« Si vous regardez les nouvelles chaque soir, vous aurez l'impression que le monde va s'effondrer. Pourtant je peux vous assurer que les choses sont beaucoup mieux qu'elles ne l'étaient il y a 20 ans. »
En pointant le rôle des médias - et des réseaux sociaux - dans la perception de la peur, Barack Obama touche un point sensible. La couverture médiatique démesurée de certains événements - prenons, au hasard, la « pandémie mondiale » Ebola - contribue à créer un climat propice à la peur.
D'ailleurs, le site parodique US Department of Fear (Ministère de la peur) vient de remettre ses « Scare me shitless awards for the most fearful coverage of a non-event in 2014 », (Approximativement : Le prix fais moi chier de peur pour la couverture la plus effrayante d'un non-événement en 2014). Nous vous laissons découvrir le palmarès.
T.L