Barack Obama a mené la première attaque de ce qui s'annonce comme un long duel, en présentant hier son projet de budget 2016. Tourné vers un accroissement des dépenses et une montée des impôts, le texte est un véritable coup porté au Congrès Républicain. Dans son discours, le président a de nouveau proclamé la « fin de la crise économique » aux Etats-Unis.
Ce projet montre en tout cas que les démocrates ont décidé de mener une campagne offensive. Le texte présenté est à l'opposé du programme républicain, loin au delà de ce que le Congrès est prêt à négocier.
Un véritable outrage pour les républicains, qui ne devraient pas tarder à contre-attaquer.
Un budget très audacieux
On pourra tout reprocher au président, sauf d'être frileux dans ses propositions. Le budget total proposé par la présidence est d'environ 4 trillions de dollars. Il comporte des hausses de dépenses dans la quasi-totalité des secteurs, ainsi que de nouveaux impôts sur les citoyens les plus riches et sur les entreprises.
Le texte comporte un renforcement de l'investissement dans les infrastructures de transport, dans le financement de l'éducation publique et dans la sécurité sociale.
Plus polémique encore, certains volets permettraient la régularisation de millions de travailleurs immigrés, l'augmentation des fonds alloués aux énergies renouvelables et même la légalisation de la marijuana à des fins récréatives dans Washington D.C.
De plus, Obama viole - de manière flagrante - les « plafonds de dépense » imposés en 2011 pour réduire le déficit de fonctionnement du gouvernement fédéral, un des points clés du programme républicain.
Un geste avant tout électoral
Aucun commentateur américain ne s'y est trompé : le budget proposé ne passera jamais. Mais Barack Obama et les démocrates ont d'autres objectifs.
• Ils clarifient leurs positions à l'approche de l'élection présidentielle de 2016.
• Ils s'attribuent la sortie de la crise.
• Ils forcent les républicains à s'opposer à eux sur des points clés de la prochaine campagne.
Les questions de régularisation sont sensibles dans l'électorat hispano-américain, la légalisation de la marijuana parle aux jeunes, le budget de la Sécurité Sociale inquiète les personnes âgées...Couper des dépenses n'est jamais un geste populaire.
La Maison blanche a même glissé quelques cadeaux empoisonnés dans le texte. Les démocrates proposent par exemple une augmentation du budget du Pentagone...Mais il s'associe d'un dépassement des plafonds de dépense. Les républicains devront donc choisir entre les dépenses militaires et la rigueur budgétaire.
Une chose est sûre, à l'approche des élections de 2016, la collaboration entre le président et le Congrès est au plus bas, mais les Etats-Unis ont quand même besoin d'un budget.
T.L