Référendum en Lombardie et Vénétie : l'écrasante victoire des autonomistes

Les riches régions italiennes de la Vénétie et de la Lombardie ont dit « oui » à plus d’autonomie à une écrasante majorité. Si le scénario d’une séparation des régions par rapport à l'Italie est exclue, les résultats des deux référendums renforcent leur pouvoir de négociation face à Rome.

Selon les chiffres quasi définitifs, les électeurs ont voté à 95% en faveur du oui en Lombardie et à 98% en Vénétie. Dimanche, 60% des habitants de la Vénétie ont été voter, soit près de 2 millions. En Lombardie - qui pour sa part n'avait pas fixé de quorum - la participation n’a pas dépassé les 40%, à peine 26% à Milan.

image

De gauche à droite : Luca Zaia (président de la région Vénétie), Matteo Salvini (chef de la Ligue du Nord) et Roberto Maroni (président de la région Lombardie)

Les deux référendums sont purement consultatifs, ils permettront aux deux hommes forts des régions, Roberto Maroni, président de la Lombardie et Luca Zaia, président de la Vénétie, de renforcer le poids de leur demande de d’autonomie pour leur région.

Salvini, le chef du parti d’extrême droite de la Ligue du Nord, s’est exprimé hier suite au vote, « plus de 5 millions de personnes demandent un changement. Moins de dépenses inutiles, moins de taxes, moins de bureaucratie. C’est une victoire pour ceux qui veulent le changement face à Matteo Renzi (président du Parti démocrate) qui voulait qu’on reste à la maison ». Matteo Salvini ne compte pas s’arrêter là. Il s’est dit bien décidé à « travailler pour que les citoyens des autres régions, des Pouilles au Piémont, du Latium à la Toscane, puissent faire le même vote pour plus d’efficience et de liberté. »

La polémique sur le bug informatique

En Vénétie, la publication des résultats a été ralentie par une attaque de hackers. En Lombardie en revanche, où l'on votait pour la première fois sur des tablettes, alors que le président de la région, Roberto Maroni, assurait hier que le système avait fonctionné, les journaux italiens pointent aujourd'hui un référendum aux " coûts très élevés pour un résultat décevant". La Lombardie a dépensé en tout près de 50 millions d’euros dans l'organisation du référendum. Elle a investi 23 millions d’euros dans des tablettes et software destinés à faciliter le vote et accélérer les résultats. Problème : encore aujourd’hui, impossible de donner un chiffre définitif sur la participation. Pour tenter de calmer les voix qui se lèvent et dénoncent un gaspillage d'argent, le président de la Lombardie a assuré vouloir "recycler" les 24 000 tablettes achetées en les offrant aux écoles de la région.

Pas question de séparation

Pas question de voir se reproduire en Italie un scénario comme celui de la Catalogne. La Vénétie et la Lombardie n’ont pas la prétention de se séparer de l'Etat, seulement de se voir attribuer la totalité « des formes et conditions particulières d’autonomie que peuvent demander les régions », comme le prévoit la constitution.

Elles sont au nombre de 23 et concernent l'enseignement, l'environnement, le commerce extérieur, la santé, la recherche scientifique ou encore la protection civile. Et, matière la plus discutée et centrale : les impôts et contributions. La principale revendication des deux poids lourds économiques du nord de l'Italie : récupérer sur leur territoire les quelques 70 milliards d'euros de solde fiscal, différence entre ce que les habitants versent en taxes et impôts et reçoivent au titre des dépenses publiques. 54 milliards pour la Lombardie, 15 milliards en Vénétie.« Nous voulons que 9/10 des taxes restent en Vénétie. C’est le big bang des réformes » a déclaré hier le président de la région de la Vénétie suite à l'écrasante victoire du "si" dans sa région.

La Lombardie (10 millions d'habitants) et la Vénétie (5 millions) figurent parmi les régions les plus riches d'Italie et contribuent à hauteur de 30% au PIB du pays. Elles sont aussi parmi les plus "vertueuses" en termes d'endettement, de dépenses publiques par habitant et de fonctionnement du système de santé.

Un référendum inutile ?

L’Emilie-Romagne, autre pilier économique du nord de l’Italie, n’a pas organisé de référendum pour demander plus d’autonomie. Il y a deux semaines, elle a trouvé un accord avec le gouvernement pour obtenir plus d’autonomie en matière de santé, d'environnement, de politique d'entreprise et de recherche et développement. Si une région le demande, avec ou sans référendum, un accord est négocié avec Rome puis validé par le Parlement.

Publié par Alban Mikoczy / Catégories : Non classé