Le parlement italien a voté hier une loi pour ne pas laisser mourir les centres habités par moins de 5 000 habitants.
" C'est une belle journée pour ceux qui aiment l'Italie", s'est exprimé un sénateur du parti démocrate suite au vote. L’Italie entière, mais surtout celle de ses villages en voie de « désertification démographique ». Dans ces coins de l’Italie cachée, loin des villes visitées par des millions de touristes chaque année, vivent près de 10 millions d’Italiens. Le parlement a voté la loi destinée à mieux les sauvegarder, notamment grâce à un fonds de 100 millions d’euros.
L’Italie détient le triste record du rapport entre villages abandonnés et habités le plus élevé au monde. Selon les chiffres de l’Istat, l’Institut de sondage italien, la botte compte près de 2000 villages fantômes, 6000 en comptant les hameaux de montagne. Leur point commun aujourd’hui: figurer sur la longue liste du patrimoine en danger du «bel paese».
Une richesse culturelle et économique pour le pays
Pour enrayer le phénomène de désertification démographique, le Parlement italien a voté aujourd’hui la loi qui doit permettre de débloquer 100 millions d'euros entre 2017 et 2023. L'objectif : donner un second souffle aux localités de moins de 5000 habitants. Le fonds doit servir à la réglementation des auberges, la rénovation et la promotion du patrimoine immobilier, la mise en sécurité des voies d’accès et la promotion des activités touristiques et de la production agroalimentaire locale. Le sénateur et vice-président de la commission à la base de la loi a rappelé devant le Sénat l’importance non pas seulement pour la sauvegarde du patrimoine du pays, mais économique de ces centres peu habités : « 93% des produits disposant de l’appellation d’origine contrôlée viennent de ces villages, et 79% des vins de qualité supérieure proviennent des territoires aux alentours. La loi doit permettre de surpasser les déséquilibres et soutenir leur potentiel. »
Le fonds pour les villages abandonnés n’est pas l’unique solution sur laquelle planche le pays. Maisons en vente à un euro, avantages fiscaux, réhabilitation des services publics,... Différentes idées pour un même objectif: attirer les jeunes et les familles.
La chasse aux investisseurs
Depuis quelques années, les annonces immobilières proposant des villages fantômes entiers se multiplient sur la toile. En 2013, moyennant quelques 22,8 millions d’euros, le bourg de Ghirlandaio en Ombrie était à vendre avec, clé sur porte, 59 appartements indépendants, des restaurants et des magasins. En 2015, c’est le village antique de Valle Piola à l’abandon dans les Abruzzes depuis 1977, qui était proposé sur le site de ventes aux enchères Ebay pour la somme de 550 000 euros. A Castello di Postignano en Ombrie, 100 ouvriers se sont relayés pendant sept ans jusqu’en 2004 pour redonner vie au village déserté par ses dernières familles en 1966, suite à un affaissement de terrain. Aujourd’hui, ce nouvel eldorado touristique de la région compte 56 appartements. Autant d’initiatives porteuses d’espoir pour les centaines d’autres villages où, depuis des années, le temps semble s’être arrêté.