Officiellement, Fincantieri devrait devenir propriétaire de 50 % du capital, comme souhaité à Paris. Les autres 50 % seront aux mains du camp français. Mais cet équilibre exact sera modifié par un prêt, indiquent des sources concordantes. L’Etat français devrait prêter 1 % du capital à Fincantieri, qui disposera ainsi, en pratique, de 51 % des droits de vote, et récupérera une part équivalente des dividendes. Le groupe détenu en majorité par l’Etat italien obtiendra donc le contrôle opérationnel de la société française.
Pour la France qui avait montré les muscles en nationalisant les chantiers navals de l'Atlantique, c'est un retour au réalisme économique : Fincantieri est le seul chantier naval européen capable de donner un avenir aux chantiers de Saint Nazaire : son carnet de commandes est plein, et l'entreprise - détenu à 72 % par l'Etat italien - est en pleine forme.
Pourquoi la France a changé d'avis
La décision du gouvernement français de procéder fin juillet à la nationalisation des chantiers navals de Saint-Nazaire face au refus du groupe italien Fincantieri d'accepter un partage à parité du capital avait suscité l'ire des autorités italiennes et jeté un froid entre Paris et Rome.
Pourquoi Paris qui, il y a quelques semaines encore, ne démordait pas d'obtenir le contrôle du nouveau géant européen, a t il changé d'avis ? :
Tout d'abord parce qu'il n'y avait pas le choix.
Pendant des années, le site de Saint-Nazaire a appartenu à un actionnaire asiatique, le conglomérat sud-coréen STX, sans que le gouvernement s’en émeuve. Quand STX a fait faillite, en 2016, sa filiale française a été mise en vente, et un seul candidat s’est mis sur les rangs, le groupe public italien Fincantieri.
Ensuite, parce que les Italiens -excédés par les appétits des entreprises hexagonales dans la péninsule- ont finement menacé de faire capoter d'autres deals en cours, comme par exemple le rachat du "France Telecom italien" (Tim) par...Vivendi.
L'Italie a donc gagné, elle le sait. Mais à Lyon aujourd'hui, Paolo Gentiloni conservera une attitude humble : ces dernières années, l'Italie a beaucoup souffert de la razzia française opérée dans tous les secteurs de l'économie du pays, en particulier dans le luxe et la finance. Par ailleurs, les deux pays ont trop besoin l'un de l'autre sur le plan économique pour insulter l'avenir..