Lancé en Italie l’année dernière, les résultats du « pass culture » sont plus que mitigés dans la péninsule. Les 500 euros offerts aux jeunes de 18 ans pour acheter des livres, places de concerts ou entrées dans les musées et théâtres ne trouvent pas autant d’amateurs que prévoyait le gouvernement.
Une initiative qui lui est pourtant chère : plus d’un demi-milliard d’euros pour les deux premiers "bonus cultura" (2016-2017). Résultat : alors que le gouvernement Macron veut importer l’initiative en France « dès l’année prochaine », elle ne sera probablement pas renouvelée dans la botte en 2018.
Un bilan plus que mitigé
Les jeunes italiens nés en 99’ pourraient –déjà- être les derniers à profiter de leur chèque de 500 euros cette année. Un exemple peu glorieux de l’autre côté des Alpes, qui ne semble pourtant pas pousser le gouvernement Macron à faire marche arrière. En janvier, il annonçait à la radio France culture vouloir s’inspirer de l’ex premier ministre Matteo Renzi en instaurant le « pass culure » suivant le modèle italien. « Le jour de vos 18 ans, vous avez 500 euros pour pouvoir acheter des livres, accéder à des contenus culturels, sur d’ailleurs une plateforme qui sera gérée par le ministère. C’est ce qu’a fait l’Italie et ça marche formidablement. »
L’année dernière, sur le total des jeunes ayant atteint la majorité - ceux nés en 98-, seuls 61% ont utilisé leur bon de 500 euros. C’est pour l’achat de livres (77%) et de places de cinéma (18%) que le chèque est en grande partie utilisé. Pour justifier ce faible taux d’adhésion, Tommaso, créateur du groupe Facebook « 18-app Bonus cultura », pointe notamment le manque de clarté de la plateforme mise en place spécialement par le gouvernement et la difficulté à s’identifier pour obtenir le bonus. L’obstacle principal reste cependant le manque d’intérêt des jeunes pour les concerts, musées et livres en général, et l’impossibilité de dépenser la somme dans des produits numériques : lecteurs de livres numériques, tablettes, ordinateurs,…
Le marché noir des « pass culture »
Au manque d’intérêt de la part des jeunes s’ajoute le développement d’un « marché noir » des pass culture et les détournements de son utilisation. Dans beaucoup de cas, les jeunes admettent profiter des 500 euros pour acheter leurs livres de cours. Sur les groupes Facebook et sites internet, les annonces de jeunes tout juste majeurs proposant de revendre leur pass culture pullulent. S’ajoutent à eux ceux qui achètent leurs livres pour les revendre moins chers par la suite. Autre phénomène observé et difficile à chiffrer : demander une fausse facture de livres pour s’acheter à la place un ordinateur ou encore une tablette, ou apporter le bon et recevoir en échange 500 euros en cash du commerçant.