En Italie, les producteurs de raisin, olives, pommes ou encore de miel ont du mal à voir le verre et l’assiette à moitié pleins. Gel tardif du mois d’avril, sécheresse et vagues de chaleur ponctuées d'averses de grêle cet été… pas de doute : les caprices de la météo et les changements climatiques feront de 2017 une année noire pour les tables italiennes et de ses pays importateurs.
La pire année pour les vendanges depuis 50 ans
Plus d’un quart de grappes de raisin en moins sur les vignes, soit une baisse de près de 13 millions d’hectolitres par rapport à 2016. « Du jamais vu depuis 1967 », déplore l’Union italienne du vin. Maigre compensation toutefois : avec 41.1 millions d’hectolitres attendus, l’Italie gardera sa première place européenne de producteur de vin, devant l’Espagne (38.4) et la France (37.2).
La viticulture est un secteur clé pour le PIB de la péninsule, générant plus de 10.5 milliards d’euros et faisant vivre près de 1.3 millions de personnes dans la botte.
Moins de bouteilles de vin mais de meilleure qualité
S’il n’y a aucun doute sur la baisse de la quantité, la qualité pourrait être en revanche supérieure, explique à L’Espresso le responsable économique de Coldiretti, la plus grande association d’agriculteurs en Italie. « La sécheresse augmente la concentration de sucre dans le raisin. Résultat : une baisse de la quantité, mais un vin de très haute qualité, plus doux et raffiné ». Il faudra cependant attendre la première semaine de novembre, quand les 2/3 du raisin restant sur les vignes auront été récoltés, pour tirer des conclusions sur la qualité du cru de 2017. Une chose est sûre en revanche, les mauvaises conditions météo de cette année ont déjà coûté près de 2 milliards d’euros aux agriculteurs, et les consommateurs devront mettre la main au portefeuille. « Il est déjà certain que les prix vont augmenter de 10 à 20%, tant sur les vins génériques que les vins plus nobles, comme le Chianti ou le Franciacorta. »
Récoltes en baisse, vols en croissance
Autre conséquence de la baisse des récoltes : l’augmentation des vols dans les vignes, mais aussi sur les oliviers et amandiers. « Il y a des vols tous les jours, dénonce le président de Coldiretti dans les Pouilles. La situation est grave au point que certains producteurs ont organisé des rondes de jour et de nuit. Certains doivent faire appel à des services de gardiennage coûteux.»
Olives, pommes et miel ne sont pas épargnés
Olives tombées prématurément à cause de la chaleur, fleurs brûlées par les incendies,… Avec une baisse de production d’huile d’olive atteignant 40%, l’incontournable de la cuisine italienne souffre cette année encore non seulement de la Xylella, « l’Ebola de l’olivier », la bactérie qui ravage les cultures dans le sud de l’Italie, mais de la sécheresse et chaleur de cet été.
Dans le nord de l’Italie et la vallée du Trentino, les cultivateurs de pommes parlent d’une « saison dramatique ». Le grenier à pommes Golden, Pink Lady, Fuji ou encore Stark de l’Italie fait face à une baisse des récoltes de 23 à 50% à certains endroits.
En Ombrie, région clé pour la production de miel, les apiculteurs ne récolteront que 30% par rapport à 2016, toujours à cause de l’effet de la sécheresse sur les fleurs.