L’Italie est la championne des pays qui perdent le plus d’argent dans les jeux de hasard. En 2016, le pays a perdu près de 20 milliards d’euros dans les machines à sous, bingo, loto,... Et la tendance ne faiblit pas, au contraire. Le montant total dépensé par les italiens dans les jeux d’argent a augmenté de près de 668% en 20 ans.
Dans un pays qui peine à sortir de la crise économique et toujours en cure d’austérité, les chiffres dévoilés par Il Corriere della Sera ont de quoi faire bondir. Chaque italien dépense 1587 euros en moyenne par année en jeu de hasard. 132 euros par mois, soit l’équivalent des dépenses essentielles d’une famille moyenne chaque semaine. Si on ne prend en compte que les contribuables, le montant grimpe à près de 200 euros. Avec un salaire moyen ne dépassant pas les 1724 euros, la part du salaire finissant dans les machines à sous, cartes à gratter ou encore jeux en ligne, atteindrait 11%. Les jeunes semblent tout aussi friands. En 2015, 42% des 15 -19 ans auraient essayé, voire adopté, cette activité onéreuse.
Une passion chère aux italiens... et pour les caisses de l'Etat
Pas de quoi s’alarmer pour les soutiens de la filière du jeu, une partie de l’argent étant restituée aux vainqueurs. L’Etat italien quant à lui toucherait près de 54% des revenus grâce aux taxes. Le rapport coût-bénéfice ne semble toutefois pas suffisant pour réparer les dégâts non seulement financiers mais sociétaux. Soins médicaux pour soigner la « ludopathie » - l’addiction maladive aux jeux de hasard -, répercussions sur le travail et la vie personnelle, cercle vicieux de l’endettement,... La facture du coût des dommages serait de 5 à 6 milliards pour l’Etat italien.
Les machines à sous se font la part belle en attirant 55 % de l'argent joué. Dans les bars, dans les arrière-salles des restaurants, chez les buralistes... Elles ont pullulé au fil des années. Plus de 414.000 machines sont déclarées dans la péninsule, une pour 151 habitants - contre une pour 261 Allemands ou une pour 372 Américains.
Un business gangrené par la mafia
Comme dans d’autres secteurs très lucratifs, le crime organisé s’est pleinement infiltré dans la filière. En 2015, le crime organisé en aurait tiré près de 23 milliards d’euros de bénéfice. Au Corriere della Sera, le procureur national antimafia explique « l’énorme quantité d’argent qui circule autour du secteur depuis toujours contribue à attirer les entreprises mafieuses, avec des conséquences importantes non seulement en terme de pertes pour l’Etat, mais plus largement sur la réglementation et la contamination du système économique dans son ensemble ».
Face à ce phénomène préoccupant, certaines régions ont déjà interdit les salles de jeux à moins de 500 mètres des écoles, collèges ou lycées.