La mystérieuse disparition il y a plus de trente ans d’une adolescente résidente au Vatican refait parler d’elle dans la péninsule. Un nouveau document met en cause le Vatican, soupçonné d’avoir payé pour l’écarter de la capitale.
5 pages auront suffi pour que le cas « Orlandi », du nom de l’adolescente Emanuela Orlandi disparue il y a 34 ans, refasse la Une des journaux italiens. Le document, jusqu’alors resté dans les murs du plus petit et mystérieux état au monde, a été récupéré et dévoilé par deux quotidiens italiens. Digne d’un polar dont on ne connaît pas encore le dénouement, les causes de la mystérieuse disparition toujours non résolues font du cas Orlandi un des plus importants de l’histoire de l’Italie et du Vatican.
C’est le 22 juin 1983 que les parents d’Emanuela ont vu leur fille pour la dernière fois. Début d’après-midi, elle quittait la maison familiale pour aller à son cours de musique. La disparition de l’adolescente de 15 ans aurait pu finir comme beaucoup d’autres, irrésolue et oubliée par la presse au fil des années. Mais Emanuela est née dans la cité du Vatican. Et les témoins, pistes de preuves toujours non résolues font resurgir les vieux fantômes du Saint-Siège, qui le poursuivent et noircissent son image. A-t-elle été kidnappée ? Séquestrée ? Est-elle encore vivante ? La Banque du Vatican, l’Etat italien, la mafia, les services secrets de plusieurs pays, des complices et théories les plus farfelues ont été évoquées au fil des années pour tenter d’expliquer le mystère qui reste entier.
5 pages qui ravivent les soupçons
Déplacements, nourriture, logement, soins médicaux dans un pensionnat de Londres pour un total de 500 millions de lire. Cinq pages qui reprennent les dépenses entre 1983 et 1997 de la part du Saint-Siège pour financer son séjour à l’étranger, et la garder loin de Rome. L’auteur du document serait le cardinal Lorenzo Antonetti, président de l’Administration du patrimoine du siège apostolique de 1995 à 1998. Un document jusqu’alors tenu secret et qui pour la première fois pourrait prouver qu’Emanuela est restée en vie jusqu’en 1997.
« Un document faux et ridicule »
« Ce document est faux, ridicule, et basta. Nous ne l’avons jamais vu et n’avons rien à cacher ». En quelques mots, secs, tranchés, la réponse du Vatican ne laisse aucune place au doute et à la suspicion. Un mode de communication qui semble lui jouer des tours et donner l’effet contraire. Si quelque chose de si inavouable n’était pas arrivé, pourquoi le Vatican montrerait cette détermination à nier en bloc et faire taire les rumeurs ?
C’est le frère d’Emanuela, Pietro Orlandi, qui pose la question. Décidé à lever le voile sur le mystère, il n’en démord pas et cherche dans chaque réaction du Vatican des pistes de réponses. « Au moment de la disparition, le pape Jean-Paul II a lancé des appels pour que l’on retrouve notre sœur. Depuis, plus rien, au contraire ! Nous sommes des opposants. »
Pour le Pape François, Emanuela « est au ciel ». Une réaction ahurissante pour Pietro Orlandi. « Si le pape est si sûr de sa mort, il saura aussi en expliquer les raisons ! ». Une tape sur le bras, et de nouveau silence radio et portes closes pour Pietro.
Des questions sans réponse qui embarrassent le Vatican
Que le document soit authentique ou non – il contient des erreurs évidentes dans la forme -, ces feuilles de papiers sont « inquiétantes » et ne peuvent avoir été écrites par un novice, inconnu du Saint-Siège, raconte le journaliste à L’Espresso. Qui a pu écrire un document aussi détaillé comme l’attestent les noms, les adresses et détails ? Comment pourrait-il avoir été écrit et déposé dans la préfecture de la Maison Pontificale sinon par quelqu’un qui en fait étroitement partie ?
Le mystère reste entier, et risque de continuer à faire parler de lui dans les prochaines semaines.