Alors que les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne se réunissent ce jeudi à Tallinn, en Estonie pour étudier un plan d’action sur la crise migratoire, 2017 pourrait être l'année la plus meurtrière en Méditerranée pour les migrants, a estimé Amnesty International.
Dans un rapport publié aujourd’hui, Amnesty International considère que 2017 pourrait être la plus meurtrière en Méditerrannée pour les migrants qui tentent de rejoindre les côtes italiennes au départ de la Libye.
En effet, le taux de décès est trois fois supérieur à celui de 2015 : il y a eu plus de 2.000 morts sur les six premiers mois.
Ce rapport se base sur les chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ce dernier recense 2.072 décès d'exilés sur les plus de 75.000 personnes qui ont tenté la traversée pendant les six premiers mois de l'année.
L'inaction des pays de l’Union européenne, dont les ministres de l’intérieur se réunissent ce jeudi est également critiquée. Amnesty International les accuse d’être en partie à l’origine du nombre incroyable de morts depuis 2015 : « Les Etats européens tournent progressivement le dos à une stratégie de recherche et de secours qui réduisait la mortalité en mer. »
Les gardes-côtes libyens accusés d'exactions
Enfin, l'organisation met en cause la politique d’aide à la Libye et l'action des gardes-côtes libyens, accusés d'exactions : « Les interceptions par [ces derniers] mettent bien souvent en péril les réfugiés » et leurs techniques d’intervention « ne respectent pas les protocoles élémentaires de sécurité et peuvent engendrer des mouvements de panique et des chavirements catastrophiques » peut-on lire sur le rapport.
« En outre, des allégations sérieuses accusent certains gardes-côtes d’être de connivence avec les passeurs et des éléments prouvent qu’ils maltraitent les migrants », poursuit Amnesty. Certains « ont tiré des coups de feu en direction des bateaux et un rapport des Nations unies signalait en juin qu’ils étaient directement impliqués par l’usage d’armes à feu dans le naufrage » de certaines embarcations.
Selon le rapport, les exilés secourus par ces derniers sont « renvoyés en Libye, où ils sont régulièrement placés en détention et torturés, et où il n’existe ni droit d’asile ni système d’asile ».