L’exode infini des migrants

Crédits : Stuart Webb Channel 4 News

Depuis dimanche, un nombre exceptionnellement élevé de migrants a pris la mer. Les secours sont débordés. Les bateaux des ONG transportent 2 à 3 fois plus de naufragés que leur capacité le permet.

L'exode de migrants de la Libye vers l’Italie se poursuit, inlassablement. Ces derniers jours, le rythme s’est accéléré. Rien que dans la journée d’hier, plus de 5 000 migrants ont été sauvés aux larges des côtes libyennes. Serrés très fort, les uns contre les autres, dans 18 radeaux de fortune qui menaçaient de chavirer. Par chance, leurs prières pour rester en vie ont été entendues. Ils sont rapidement rejoints par des garde-côtes italiens, des ONG et d’autres bateaux commerciaux spécialement déroutés pour leur venir en aide.

Les témoignages des sauveteurs et des journalistes présents sur les bateaux font état de scènes jamais vues. Des dizaines de bateaux gonflables côtoient des embarcations en bois avec près de 7 ou 800 personnes à bord.

8500 migrants sauvés en deux jours

 

Plus alarmant encore, ce chiffre : 8500 migrants ont été sauvés ces deux derniers jours. Ils se trouvent désormais à l’abri, à bord de 14 bateaux de secours, qui font route vers les ports italiens. 6 d’entre eux sont déjà entrés dans les ports de Sicile et de Calabre. 8 autres naviguent encore aux larges des côtes italiennes. Au total, d’après l’ONG MOAS (the Migrants Offshore Aid Station) : plus de 30 bateaux ont quitté les côtes libyennes pour l’Europe.

L’Europe, ce "vieux continent" reste synonyme de vie meilleure pour les migrants. Rescapée à bord du Phoenix, le bateau de MOAS, Khadija, 24 ans, espère que ses deux enfants, Fatma 5 ans et Hamed, 8 ans trouveront un avenir là-bas.

Les sauvetages se déroulent dans des conditions de tension extrême, chacun voulant être sauvé en premier. Au milieu de ces scènes de chaos, cette femme. Elle tente de calmer son enfant en lui chantant une berceuse. Blotti dans ses bras, et au chaud dans une couverture de survie, il a fini par s'endormir. A bout de force.

D'après l’organisation internationale non-gouvernentale Human Rights Watch, la zone centrale de la Méditerranée est la route migratoire la plus meurtrière du monde. Depuis 2014 et jusqu'au 1er juin 2017, plus de 12 000 personnes y ont péri ou été portées disparues. Depuis le 1er janvier dernier, plus de 60 000 personnes ont été secourues et débarquées sur les côtes italiennes.

"Nous n’avons pas écouté les cris d'alarme de l'Italie sur la vague migratoire qui est en train d’arriver" mais maintenant "on a besoin de règles communes au niveau européen pour sécuriser la route balkanique comme celle de la Libye" : c'est en ces termes qu’Emmanuel Macron, a conclu, avec la chancelière allemande Angela Merkel le Conseil européen qui s’est tenu à Bruxelles les 22 et 23 juin dernier. La question migratoire est encore une fois, et plus que jamais, un enjeu crucial pour l'Union européenne.

L’Italie supporte depuis des années l’arrivée massive de migrants venus des côtes libyennes. Mais elle semble tristement abandonnée à son propre sort, essayant de contenir un problème qu’elle ne peut définitivement pas résoudre seule.

Publié par Alban Mikoczy / Catégories : Non classé