La polémique enfle, en Italie, quant à la possible libération du redouté Toto Riina. L'ancien parrain des parrains de la mafia sicilienne Cosa nostra, âgé de 86 ans, souffre d'un double cancer du rein. La Cour de cassation a estimé qu'il avait le droit de mourir dignement. Mais difficile pour beaucoup d'Italiens d'imaginer cet homme en liberté alors qu'il est accusé de plus de 150 homicides.
Toto Riina incarne en effet l'époque la plus sanglante de la Mafia sicilienne. Né à Corleone en 1930, il commet son premier homicide à 19 ans. Pendant 20 à la tête de la Cosa Nostra, celui qui est surnommé "Le Fauve" terrorise le pays tout entier.
Le parrain des parrains comme l'on surnommé les italiens, ne se limite pas à commander Cosa Nostra, il n'hésite pas à s'en prendre aux représentants de l'État. Il ordonne les exécutions du général Dalla Chiesa, de Piersanti Mattarella, le frère de l'actuel président de la République, et de dizaines de policiers.
En 1992, ce sont les magistrats Giovani Falcone et Paolo Borselino qui tombent sous les bombes de l'organisation mafieuse. Alors que l'Italie a célébré le 23 mai dernier le 25e anniversaire de la mort de Giovanni Falcone, l'éventuelle libération de Toto Riina indigne les familles des victimes de Cosa Nostra.
"Une mort digne ? Avec toutes les horreurs qu'il a commises ?"
Aujourd'hui atteint d'un cancer, son avocat voudrait le faire libérer. La Cour de cassation vient de reconnaître qu'en raison de la détérioration de son état physique, il a le droit de mourir dignement. "Une mort digne ? Comment ça une mort digne ?", s'étonne un Italien interrogé. "Avec ce grand boss mafieux et toutes les horreurs qu'il a commises ? Non." Le sort du parrain des parrains est désormais entre les mains du tribunal de Bologne.