Les députés italiens se penchent dès ce lundi sur la proposition de loi consistant en l’autoproduction et la consommation en petite quantité de cannabis. Une des raisons ? Court-circuiter la mafia.
"L’objectif est de soustraire à la criminalité un marché de 15 et 30 milliards d’euros par an", explique il Corriere della Sera. Couper les vannes de la mafia en légalisant le cannabis, tel est l’objectif visé par les pros-légalisation, aidés dans leur lutte par les conclusions du dernier rapport de la Direction nationale anti-mafia italienne. Cette dernière dénonçait dans ce rapport "l’échec total de l’action répressive" sur le trafic de cannabis.
De ces premiers constats en est ressortie une proposition de loi, dont les conditions sont précises : culture de cinq plants maximum, détention de quinze grammes chez soi, cinq à l’extérieur, interdiction de consommation dans l’espace public et vente interdite sauf dérogation, notamment pour un usage thérapeutique. Et bien sûr, taxation de l’Etat sur les produits dérivés du cannabis, tels que les coffee-shop sur l'exemple des Pays-Bas. Remplir les caisses de l’Etat, un argument de plus avancé par les partisans de la proposition.
Dommages cérébraux
Au delà des aspects mercantiles, c'est un grand pas en avant, considère Roberto Saviano, auteur et spécialiste de la mafia italienne dans la Repubblica : "Est-ce que nous ferons disparaître complètement le marché illégal ? La réponse est non. Mais qui voudra fumer préférera certainement suivre un circuit légal. Et cela affaiblira la mafia".
Face à la lutte contre la criminalité, l’argument de la santé. Antonio Maria Costa, qui a occupé durant plus de dix ans des postes d’envergure aux Nations Unies, dont la lutte contre les drogues et crimes, explique dans La Stampa : "Le cannabis mène rarement à la mort. L’impact n’est pas sur le physique mais sur le cerveau. Les dommages cérébraux d’une consommation trop fréquente sont irréversibles".
Les arguments sont nombreux et les amendements également. Plus de 1700 déjà au compteur. La proposition de loi qui émane du sénateur radical Benedetto della Vedova, a déjà été contresignée par 220 députés et sénateurs. Mais une chose est sûre, l’exécutif n’est pas prêt pour se lancer dans une bataille sur un projet de société, "qui le ferait trembler, alors qu'il est déjà en équilibre fragile", conclue la Stampa.