Le ministre de l’Economie italien Pier Carlo Padoan est à Bruxelles pour deux jours. Officiellement, pour les réunions de l’Eurogroupe et d’Ecofin. Officieusement, il devrait en profiter pour parler de la situation des banques italiennes.
Le sujet du renflouement des banques italiennes ne serait pas à l’agenda des réunions de l’Eurogroupe et d’Ecofin ce lundi. C’est ce que Bruxelles martèle, affirmant que la réunion des ministres européens des Finances ne sert qu’à faire le point sur l’après Brexit. Mais comme le rappelle La Repubblica, "l’occasion est trop belle pour ne pas sonder quels pourraient être les possibilités de compromis avec la Commission", concernant la santé des banques italiennes.
Lundi dernier, la banque Monte dei Paschi di Siena (MPS) a dévissé de 14%, puis 19% le lendemain, à la bourse de Milan. Une baisse provoquée par une demande de la BCE à la MPS de réduire ses créances douteuses de 30%. La chute de la plus vieille banque du monde pourrait avoir des conséquences néfastes sur l’ensemble de la zone euro. Les responsables politiques italiens souhaitent ainsi un renflouement des banques, mais se heurtent aux nouvelles règles européennes instaurées après la crise de 2008.
Assouplissement des règles européennes
Depuis cette date, fini le renflouement avec de l’argent public, le Bail Out. Désormais, la règle du Bail In est en vigueur : faire payer les prêteurs plutôt que les contribuables.
Mais le Premier ministre Matteo Renzi aimerait faire autrement. Car la méthode du Bail in, déjà utilisée en Italie en octobre dernier, a ruiné les petits épargnants. Dans la botte, ce sont eux, et non les grands investisseurs institutionnels, qui détiennent les obligations. A l'image de ce retraité italien qui avait investi, sur conseil de sa banque, dans des titres toxiques et qui, ayant tout perdu, s'était suicidé en décembre dernier. Le Premier ministre ne veut pas revivre cette situation aujourd'hui, d'où la recherche d’une solution alternative.
"La Commission n’est pas fermée à un assouplissement du règlement", explique la Stampa, "mais les réticences viennent plutôt des Etats, moins enclins à l’indulgence". L'Italie est accusée de toujours vouloir s'afficher en exception par rapport à la règle européenne.
Pas de crise aiguë
Le Président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem s'est exprimé lundi. Pour lui, "les difficultés des banques italiennes ne constituent pas une crise aiguë et la résolution de leurs problèmes résultera d'un processus progressif plutôt que d'une décision unique". Le bras de fer entre les responsables italiens et l'Europe semble donc être engagé.