Des élections municipales partielles ont lieu ce dimanche en Italie dans 1300 villes dont Rome, Milan, Naples, Bologne et Turin. Bien qu'il s'en défende, ce scrutin local sera un test national pour Matteo Renzi. Si son parti (le Parti Démocratique, PD centre gauche) perd à Rome et à Milan, c'est l'avenir politique du Premier ministre qui sera menacé. La ville de Rome est au centre de l'attention. La capitale italienne pourrait être remportée par le mouvement populiste 5 étoiles. Virginia Raggi, une jeune avocate de 38 ans, novice en politique, caracole en tête des sondages depuis plusieurs semaines. Elle pourrait battre le candidat de Matteo Renzi mais aussi la "Marine Le Pen italienne", Giorgia Meloni, 39 ans, élue d'extrême-droite soutenue par la Ligue du Nord. Au coeur de la campagne électorale, les transports publics.
La circulation des métros et des bus relève du chaos dans la première ville d'Italie. Un bus sur trois ne sort plus des dépôts en raison de son état de délabrement. Et ceux qui circulent encore sont parfois dangereux : cette semaine, en pleine heure de pointe, un bus bondé a pris feu. Les passagers ont juste eu le temps de sortir, avant que le véhicule ne soit entièrement carbonisé. Des bus en mauvais état auxquels s'ajoutent des problèmes de corruption. A Rome, les candidats surfent sur la colère des habitants face à des services publics défaillants. La candidate Virginia Raggi a d'ailleurs rencontré les dirigeants d'Atac, première entreprise de transports publics de la ville, le soir de l'incendie du 1er juin.
Un trafic de 10 000 pneus
Une enquête vient de mettre au jour une affaire de détournement d'argent. Un même lot de pneus était vendu à deux dépôts de bus différents. Un trafic rendu possible grâce à la complicité de dirigeants des deux centres de transports publics Atac et Arpa. L'agence de transport publique principale, l'Atac, a fait état d'une différence d'environ 10 000 pneus entre les pneus effectivement changés et ceux qui étaient déclarés comme inutilisables. L'enquête a également révèlé une fraude fiscale de plus de 3.9 millions d'euros relativement aux factures inexistantes. Il n'y avait aucun contrôle des documents. Des doutes ont également été émis sur la qualité des pneus.
Les employés d'Atac absents
A un matériel roulant vétuste, s'ajoutent des chauffeurs, des mécaniciens et des contrôleurs trop souvent en congés. Les salariés d'Atac ont droit à un certain nombre d'heures de délégation s'ils sont engagés dans un syndicat. Des journées payées mais non travaillées. Cette année, ces heures au nombre de 131 000, coûteront plus de 3 millions d'euros à l'entreprise de transports publics. L'équivalent de 82 employés qui toucheraient un salaire sans jamais se rendre au travail, résume le journal italien Il Tempo. 11 000 heures ont été accordées au-delà de ce qui était prévu initialement. Si le scandale était connu, c'est la première fois que des chiffres sont rendus publics.
Avec le premier tour des élections municipales partielles ce week-end, 850 employés d'Atac (sur 12 000) ont demandé à prendre leurs journées syndicales pour pouvoir être scrutateurs dans les bureaux de vote. De quoi paralyser la ville. Seul un trajet sur cinq serait maintenu. Une situation impensable pour la direction de l'entreprise de transports publics qui a suspendu les demandes d'absence syndicale. De plus, sur 850 employés, l'entreprise s'est rendu compte que seuls 20 d'entre eux avaient été tirés au sort par la municipalité pour être scrutateurs. Les autres employés ayant fait une demande auraient des rôles d'assesseurs.