La photo est déchirante. Le quotidien La Stampa met en Une la photo d’un très jeune enfant, un migrant, dans les bras d’un sauveteur. La légende est terrible « Un secouriste chante une dernière berceuse à un enfant noyé dans un naufrage au bord des côtes libyennes ».
Martin, sauveteur allemand et volontaire de l'ONG Sea-Watch raconte, « je l’ai vu dans l’eau, on aurait dit une poupée» . « J'ai pris le corps dans mes bras comme s'il était encore en vie. Le soleil a illuminé ses yeux brillants, tendres et immobiles. J'ai commencé à chanter pour me consoler, pour chercher à donner un sens à ce moment incompréhensible et déchirant ».
Le quotidien avait déjà publié en septembre la photo du petit Aylan retrouvé mort sur une plage turque. Dans son éditorial, Massimo Russo, rédacteur en chef adjoint, justifie à nouveau ce choix. « Si l'on regarde ce qui a été fait après la publication de la photo d'Aylan, ça n'a pas encore eu d'impact. Mais nous ne nous résignons pas. Nous continuerons à témoigner et à raconter. Ce sont des morts innocents. Qu'ils ne soient pas invisibles».
La photo a été diffusée lundi par l'ONG qui explique dans un communiqué vouloir alerter l'Union européenne. «Si vous ne voulez pas voir ces images, arrêtez de les produire !» lance Sea-watch par écrit sans indiquer l'identité de l'enfant. La photo a été prise le 27 mai lors d'une opération au large des côtes libyennes.
Des hot-spots en haute mer
L’accueil des migrants se déplace en haute mer annonce La Repubblica en Une ce matin. Le ministère de l’Intérieur lance un nouveau plan pour gérer le flux massif de migrants. Un grand bateau d’appui, comme le San Giusto de la Marine militaire, pourrait rapidement se poster au large des côtes italiennes. Les quatre hot-spots actuellement actifs sont déjà engorgés.
Le journal indique que ce pourrait être une embarcation en mesure d’accueillir jusqu’à deux mille migrants. Un moyen de procéder à la première identification et aux contrôles sanitaires directement à bord. On les appelle les «hot-spots flottants», des centres d’identification en mer où les réfugiés sont enregistrés puis conduits à terre d’où ils sont rapatriés s’ils n’ont pas droit à l’asile.
« La semaine dernière, nous avons recensé 13 700 débarquements avec une moyenne de 2 000 débarquements par jour » annonce Domenico Manzione, sous-secrétaire au ministère de l’Intérieur. Le nombre d’arrivées ne cesse d’augmenter. De quoi pousser le ministère à prendre les choses en main. Une circulaire a été envoyée aux préfets pour mettre en place 5 600 postes d’accueil dans 80 départements et répartir équitablement les migrants sur tout le territoire. Un système pourrait également être mis en place pour encourager les villes à accueillir des réfugiés.