Notre revue de presse du 26 mai : un navire militaire italien sauve 540 migrants d'un naufrage, la loi sur l'avortement toujours inappliquée en Italie et les smartphones sous clé dans un restaurant de Turin

« Passeurs, un massacre sans fin. Plus de 500 migrants sauvés » en Une de la Repubblica.

Le capitaine et les marins de la frégate « Bergamini » de la marine militaire italienne regardent avec leurs jumelles, ce qu’il se passe au loin. Un bateau de vingt mètres surchargé, avec des centaines de personnes qui crient à l’aide. Des femmes, des hommes et même des enfants. « Ils étaient nombreux à porter un gilet de sauvetage, mais les autres, les plus pauvres, ceux qui ne pouvaient pas payer le supplément aux passeurs, n’en portaient pas ». Et parmi eux, nombreux sont ceux qui ne savent pas nager.

« Nous sommes en difficulté, nous sommes nombreux et nous avons peur de couler ». La tragédie d'hier a été signalée par un appel téléphonique satellite, entendu à la salle des opérations des garde-côtes vers 6 heures du matin.

La frégate « Bergamini », armée de missiles est habituellement préparée pour des actes de guerre, pas pour des naufrages. Mais heureusement, les hommes à bord étaient formés au sauvetage.

Les marins italiens ont accéléré l'opération de sauvetage, en se rapprochant autant que possible des naufragés. Ils ont pu secourir 540 personnes et ont retrouvé cinq corps. « Nombreux, sont ceux qui sont restés emprisonnés dans les cales et dans la salle des machines, ou qui ont fini au fin fond de la mer ». 

Une tragédie, qui en l'absence de navires prêts à fournir des secours immédiats va « inévitablement se répéter dans les prochains jours ou dans les prochains mois », conclut la Repubblica. En Libye on estime à 150 000, le nombre de personnes qui attendent un départ pour l'Europe.

Le premier ministre, Matteo Renzi, a annoncé que le G7 qui se tiendra en Sicile en 2017 portera spécialement sur la question des migrants. « Il y a de la place à la table des tout-puissants, aussi et surtout pour ceux qui ont pas de voix ». 

L’avortement en Italie, un parcours du combattant

médecin

Quasiment 40 ans après la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG), les femmes italiennes continuent de lutter pour faire respecter ce droit. Devant le Parlement il y a quelques jours, la ministre italienne de la Santé, Beatrice Lorenzin, vantait le succès de l’application de la loi 194, votée en 1978 et permettant l’avortement. Une vision idyllique que contestent les associations féministes, dénonçant un état de fait :  en Italie, 7 médecins sur 10 sont des « objecteurs de conscience », autrement dit des professionnels qui refusent de pratiquer une IVG. Des chiffres alarmants qui ont mené le 11 avril dernier le Comité européen des Droits sociaux, organisme du Conseil de l’Europe, à affirmer que l’Italie « viole le droit à la santé des femmes » qui veulent avorter.

« Les femmes n’ont toujours pas de garanties », explique Silvana Agatone, présidente de l’association des médecins non objecteurs de conscience. « Les données du ministère sont élaborées sur la base des actes déclarés auprès de l’Institut national de la statistique,  par les médecins qui pratiquent l’avortement. On compte les IVG effectuées mais pas la véritable demande ».

De fait, « il y a beaucoup de provinces en Italie où cela reste compliqué de trouver un praticien pour effectuer l’IVG », rapporte la Repubblica. « La vérité est que les avortements clandestins augmentent » poursuit Silvana Agatone.

Stop aux téléphones portables au restaurant

smartphone

Ce matin, la Stampa s’intéresse à l’initiative inédite qu’a prise un restaurateur du centre de Turin : mettre sous clé les téléphones portable de ses clients durant le repas. « Ses clients souhaitent disparaître des radars pendant trente minutes. Ce sont aussi des parents qui n’attendaient que de faire lever le nez de leurs adolescents de l’écran de leurs smartphones », raconte la Stampa.

Le concept est simple : en entrant dans le restaurant de hamburgers, les clients peuvent placer leurs téléphones portables dans la « Black phone », un coffre sécurisé, fermé à clés. Impossible de répondre à un appel professionnel ou d’envoyer des sms à ses amis car les clés de la précieuse boîte sont sagement gardées jusque’à ce que la tablée ait fini de manger.

« L’idée d’offrir la possibilité aux clients de se séparer des instruments de la technologie moderne aussi utiles qu’invasifs dans la vie privée, est venue de Fabrizio Cardamone », explique le quotidien. « J’ai assez observé la salle de restaurant pour me rendre compte qu’il était grand temps d’agir. Je voyais des couples qui n’échangeaient pas un mot parce qu’ils ne décrochaient pas de leurs smartphones. J’ai aussi vu des personnes qui parlaient au téléphone avec des amis à l’autre bout du monde mais ne parlaient pas à la personne de l’autre côté de la table. Je me suis dit pourquoi ne pas les forcer à se parler entre eux ? », raconte Fabrizio Cardamone.

Et le système séduit. Ce qui ne devait être au départ qu’une expérience, a trouvé un succès inattendu. A chaque service du soir, une personne sur cinq renonce à son téléphone portable pendant la durée du repas. Un chiffre qui continue de grimper depuis l’instauration du « coffre noir ».

Publié par Alban Mikoczy / Catégories : Non classé